Le continent africain fait face à une recrudescence alarmante des violences sexuelles contre les enfants, dans un contexte mêlant conflits armés, insécurité domestique, et défaillances institutionnelles. Ces derniers jours, des événements tragiques, survenus en Afrique du Sud et en République démocratique du Congo (RDC), ont remis en lumière un fléau trop souvent ignoré ou banalisé.
Vendredi dernier, une manifestation a rassemblé des centaines de personnes devant une école de Pretoria, en Afrique du Sud, pour dénoncer l’inaction des autorités après le viol présumé d’une fillette de 7 ans.
Combiné à des faits qui remontent à l’année précédente, l’affaire n’est pas passé à côté de l’attention du public qui a récemment provoqué une vague d’indignation à travers le pays. Cette affaire illustre à quel point les institutions peinent à réagir avec la rigueur et l’urgence nécessaires, même dans des lieux censés être sûrs, comme les établissements scolaires.
Il faut dire que l’Afrique du Sud, déjà marquée par un niveau élevé de criminalité sexuelle, continue de faire face à des chiffres accablants.
Africanews rapporte qu’en 2023, près de 12 000 viols ont été signalés, la plupart commis dans la sphère domestique. Mais les écoles, les rues, les transports publics, et les lieux de divertissement ne sont pas épargnés. Ce climat d’insécurité permanent souligne l’échec des autorités à protéger les plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants.
Une crise silencieuse dans l’est de la RDC
Plus à centre du continent, la situation est encore plus dramatique. Lors d’une conférence de presse tenue le 11 avril 2025 au Palais des Nations à Genève, James Elder, porte-parole de l’UNICEF, a dressé un constat glaçant de la situation en République démocratique du Congo, où les violences sexuelles sur les enfants atteignent un niveau sans précédent.
« En seulement deux mois, des milliers d’enfants ont été victimes de viols et de violences sexuelles, dans un contexte où les communautés sont décimées par les conflits », a-t-il déclaré.
Selon les rapports collectés par les acteurs de terrain, entre janvier et février 2025, les enfants représentaient entre 35 et 45 % des cas signalés, soit près de 10 000 victimes en deux mois. Cela équivaut à un viol d’enfant toutes les 30 minutes, précise l’UNICEF.
Derrière ces chiffres se cachent des histoires de souffrance extrême, dans un climat de guerre où les enfants sont utilisés comme armes de terreur ou simples cibles de violence.
Si les contextes sud-africain et congolais sont très différents, ils témoignent d’un problème commun, l’impunité persistante des auteurs de violences sexuelles, et la fragilité des systèmes de protection de l’enfance. Trop souvent, les plaintes sont ignorées, les victimes réduites au silence, et les institutions judiciaires dépassées ou corrompues.
Face à l’urgence, les appels à l’action se multiplient. L’UNICEF et d’autres organisations internationales exhortent les États à renforcer leurs dispositifs de prévention, de prise en charge et de répression. Cela passe par la formation des personnels éducatifs, l’amélioration de l’accès à la justice pour les enfants victimes, et des campagnes massives de sensibilisation au sein des communautés.
Mais surtout, cela exige une volonté politique forte et durable. Car il faut le dire, derrière chaque chiffre, il y a un enfant. Et derrière chaque silence, une société qui revendique son devoir de protection.