«Il faut agir vite, car 2015 est proche !», dit Mme Marie Delphine Ndiaye, présidente des femmes juristes du pays

11 Mars 2010
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Le Groupe de la banque africaine de développement (BAD), à l'instar de la communauté internationale, célèbre ce 8 mars 2010 la Journée internationale de la femme. Comment percevez-vous l'action de la BAD en faveur des femmes?

De manière générale, il reste beaucoup reste à faire pour une véritable égalité du genre, cependant, les réalisations de la BAD en matière d'éducation et de santé en Afrique et surtout ses actions en faveur des milieux ruraux ses dernières années en disent long. Il est vrai que des défis majeurs restent à relever, en ce qui concerne la scolarisation et le maintien à l'école des filles ; le renforcement de l'alphabétisation des femmes du monde rural ; la lutte contre les violences exercées sur les femmes avec un accent particulier sur le viol et l'amélioration de la couverture sanitaire des femmes et des enfants. Toutes ces actions visent à lutter contre la vulnérabilité de la femme et contre la pauvreté. Je citerai également les actions de la BAD en faveur de l'accès des femmes à l'emploi et aux activités génératrices de revenu. Toutes ces actions sont salutaires et il faut les relever. Cependant, j'insiste le fait que beaucoup reste à faire.

Que reste-t-il à faire par exemple ?

Beaucoup. La BAD est une institution financière phare en Afrique. Elle est la porte d'entrée des fonds en Afrique et c'est par elle que les financements sont acheminés vers nos pays. Donc, de mon point de vue, elle doit continuer à jouer son rôle de locomotive, en renforçant son appui au plaidoyer des femmes, afin que leur voix soit davantage entendue au sommet de nos Etats et dans nos parlements. Elle a son mot à dire.

Comment mesurez-vous le chemin restant à parcourir?

A l'orée de 2015, il y a encore des problèmes d'application des textes dans beaucoup d'Etats africains. Quinze années après la déclaration et la plateforme de Beijing, nous pouvons affirmer que peu d'évolution est constatée. La plupart de nos pays ont pourtant signé les engagements internationaux et régionaux pour la promotion de l'égalité de genre, entre autres, la Déclaration universelle des droits de l'homme ; la convention sur l'élimination de toute forme de discrimination à l'endroit des femmes ; la déclaration des Nations Unies sur l'élimination de la violence contre les femmes ; et la déclaration solennelle sur l'égalité des hommes et des femmes en Afrique. Il y a eu également le Protocole de Maputo.

Comment pouvons-nous atteindre les objectifs de développement du millénaire en matière de genre dans ces conditions ? Quelles actions pourrait-on mener auprès de nos gouvernements pour rectifier le tir dans la perspective 2015 ? C'est la question qui se pose aujourd'hui. En tant que partenaire au développement de nos pays, la BAD doit poursuivre ses actions visant le financement de l'équité et l'égalité des sexes, ainsi que l'autonomisation des femmes afin de réaliser les OMD d'ici 2015. Ensuite, elle devrait prendre en compte le genre et l'égalité des sexes dans la nouvelle architecture de l'aide comme enjeu clé du développement. Il faut agir vite, car 2015 est proche !

Pouvez-vous nous parler de l'Accord de Maputo ?

L'analyse situationnelle sur le genre révèle la domination des hommes dans les domaines culturel, socio-économique et politique. Il y a de sérieuses difficultés pour les femmes de jouir pleinement de leurs droits humains. Voyez dans nos pays, quand il y a des conflits, les femmes sont les premières victimes. Il s'agit d'un protocole d'accord qui ajoute aux droits économiques et sociaux. C'est le droit à la sécurité alimentaire, le droit à un habitat adéquat, le droit à un développement durable, le droit à la paix, le droit à la protection lors des conflits armés et le droit à la protection des personnes âgées et en détresse.

Revenons à la question d'atteinte des ODM en 2015. Quelles actions urgentes concrètes préconisez-vous ?

Il faudrait urgemment élaborer des directives accompagnées d'échéances pour intégrer le genre ; organiser de larges consultations au niveau des structures aux plans national et international. Il faut également organiser des tables de concertation pour définir concrètement les stratégies, l'agenda et les ressources nécessaires à cette intégration ; tenir des ateliers de partage des programmes réalisés dans le domaine de la promotion de l'égalité et de l'équité de genre.

Le renforcement du pouvoir économique des femmes constitue une condition nécessaire pour assurer leur autonomisation. Il faudrait une plus grande maitrise du concept de genre en tant qu'outil d'analyse et de planification, notamment budgétaire, afin de mieux repartir les ressources du développement entre les hommes et les femmes aux plans national et local. Une analyse plus fine des implications sur la croissance économique, des obstacles rencontrés par les femmes sur le marché du travail et sur l'accès aux ressources.

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Aristide Agoungnon Ahouassou

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