La réforme de l'Etat explique le succès des efforts de développement du Cap-Vert, a expliqué Cristina Duarte, ministre des Finances, République du Cap-Vert, le vendredi 5 novembre 2010 à Tunis.
S'exprimant lors de la deuxième journée de la Deuxième réunion régionale sur l'efficacité de l'aide au développement, la ministre a relaté les leçons apprises par son pays dans sa marche continue vers le développement socioéconomique.
Si la réforme de l'Etat explique l'ascension du Cap-Vert, un pays sans ressources naturelles qui a gradué récemment au rang de pays à revenu intermédiaire, celle-ci ne va pas aussi sans une « réforme des esprits », souligne la ministre. Une réforme des esprits qui passe essentiellement par l'éducation et le développement de la société civile.
Selon la ministre, le premier élément expliquant la progression du Cap- Vert réside dans la mise en place d'institutions efficaces et crédibles, emportant la confiance des citoyens. Ces institutions doivent cibler les domaines de la santé, de l'éducation, de la justice, « bref, le centre premier d'activités de tout Etat ».
Un autre élément clé du succès du Cap-Vert est l'articulation d'une vision claire et cohérente du développement, qui soit à la fois réaliste et pragmatique.
De plus, poursuit la ministre, le pays mise sur le renforcement continue des compétences, notamment en s'appuyant sur les technologies de l'information, et fait participer la société civile à la définition et l'exécution de ses politiques. Enfin, indique Mme Duarte, la bonne gouvernance, ou plus précisément la « redevabilité », guide le pays dans ses relations avec les citoyens et le monde extérieur.
Pour Mme Duarte, le Cap-Vert conçoit l'aide publique au développement comme un outil de renforcement de l'efficacité de la gestion publique visant à un seul objectif : attirer les investissements étrangers. « Les investissements étrangers permettent un développement bien plus durable que l'aide extérieure », précise la ministre capverdienne.
Pour sortir de la fragilité : la paix et le renforcement de l'Etat
Prenant la parole au cours du même séminaire, Olivier Kamitatu Etsu, ministre de la Planification de la République démocratique du Congo (RDC), a insisté sur les ressources insuffisantes engagées par la communauté internationale pour les Etats dits fragiles. Le ministre compare ces ressources insuffisantes avec les sommes astronomiques consacrées aux opérations militaires et de reconstruction, comme en Afghanistan.
Trop souvent, déplore-t-il, l'aide internationale se déploie trop tard, quand la violence se déclenche et que l'insécurité se répand dans les pays voisins.
Le grand défi des Etats fragiles, dit le ministre, est de restaurer la paix et de renforcer l'Etat. Il faut redonner confiance aux citoyens dans les institutions nationales. Pour y arriver, la population doit être associée de près aux efforts de développement, dans son élaboration et son exécution, souligne M. Kamitatu.
Les Etats fragiles doivent aussi se prendre eux-mêmes en mains, avance le ministre de la RDC, qui révèle que certains de ces pays se sont associés pour travailler ensemble à un agenda comprenant quatre axes prioritaires : le renforcement des capacités ; les instruments de l'aide ; les processus de planification ; et le dialogue politique.
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Yvan Cliche