La crise politique qu'a traversée la Côte d'Ivoire dès 2001 a sérieusement aggravé la situation humanitaire. Les temps de guerre ont, notamment, exacerbé les violences faites aux femmes, qui se sont multipliées, jusqu'à concerner 67% des femmes,selon une étude publiée par le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), en 2008.
La violence sexuelle a été utilisée comme une arme de guerre, et les victimes et rescapées de violence sexistes ont dû faire face à de nombreux défis, quasi insurmontables, dont : a) les traumatismes physiques et psychologiques, et lesbesoin médicaux connexes ; b) les insuffisances d'un systèmes judiciaire laissant le crime impuni ; c) des ressources financières insuffisantes pour couvrir le coût élevé des certificats médicaux, des honoraires des psychologues et des médicaments prescrits ; d) un système de sécurité qui échoueà protéger les rescapé(e)s, décourageant de nombreuses victimes de se manifester et demander de l'aide.
Actions menées
Le conflit en Côte d'Ivoire a entraîné le départ de 17 135 fonctionnaires et autres employés des services sociaux, bouleversant, voire mettant à l'arrêt, le fonctionnement des services vitaux de l'Etat, laissant ainsi les victimes démunies de toute aide.
Le projet a donc adopté une approche globale, en privilégiant trois axes d'actions :
La mise en place de centres de prise en charge intégrés, offrant tout à la fois des services médicaux, psychosociaux, économiques, juridiques et judiciaires, afin de venir en aide aux victimes, de la façon la plus complète possible.Ces centres intégrés ont été implantés dans les principales villes des trois régions ciblées (Bouake, Korhogo, Dabakala et Man), et dotés d'un personnel composé d'une équipe multidisciplinaire de spécialistes.
Le lancement de projets générateurs de revenus pour les associations féminines qui ont accueilli en leur sein des victimes de violences basées sur le genre. Le projet a incité les victimes à adhérer à des associations afin de briser leur isolement, voire leur stigmatisation, tout en favorisant leur autonomisation financière.
La formation des partenaires. Pourrenforcer son efficience, le projet a formé six organisations non gouvernementales (AWECO ; Organisation nationale pour l'enfant, la femme et la famille ; Organisation pour le développement des activités des femmes ; Cases ; Horizon vert ; Organisation pour les droits et la solidarité en Afrique), qu'elles a équipées afin que celles-ci puissent désormais se saisirdu phénomène des violences basées sur le genre,de manière effective.
Impacts
Création d'un système de référence et de contre-référence innovant, grâce auquel le pays pourra, à l'avenir, prêter davantage attention aux violences basées sur le genre.
Création d'une base de donnéeset d'indicateurs portant surl'égalité des sexes(accès à l'éducation, à l'emploi et de la santé, recensement d'actes de violence, etc.)
Réhabilitation et équipement en matériel des services d'obstétrique et de gynécologie de 2 centres hospitaliers régionaux ; mise en place de 4 centres de prise en charge intégrés (services de santé, prise en charge psychologique, judiciaire), et réhabilitation et équipement en matériel de 8 centres de protection sociale, ainsi que de 8 centres de santé offrant une prise en charge maternelle et infantile ; Formation de 300 travailleurssociaux et agents de santéen matière de prise en charge socio-sanitaire des victimes de violences basées sur le genre,ainsi que de 150policier, 42agentsjudiciaires et136leaders communautairesen matière d'assistancejuridique et judiciaire.
Plus de 1,5 million personnes sensibilisés aux questions de violences basées sur le genre.
Témoignages
« Maintenant, la communauté sait qu'il ne faut pas faire de mal aux gens. Elle sait maintenant que les femmes sont protégées. » - une victime, 16 ans.
« Les hommes me respectent, maintenant qu'ils savent que je suis protégée par les autorités. »- une victime, 53 ans.
« Les hommes qui pensaient qu'il leur était permis de battre leurs épouses pour les corriger sont désormais mieux informés.
Les femmes qui pensaient que leur place était au foyer commencent maintenant à comprendre qu'elles ont d'autres options. De plus en plus de femmes comprennent désormais qu'elles ont les mêmes chances, les mêmes opportunité,s que les hommes. »- agent local d'AWECO, Moyen Cavally, Guiglo.
« De nos jours, les hommes se sont engagés dans la lutte contre l'excision au sein de nos collectivités. Le tabou a été brisé. »-un bénéficiaire, 43 ans, qui, par le passé, pratiquait l'excision.