Le Conseil d'administration du Groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD) a approuvé un prêt de 769,78 millions d'euros, à la Côte d'Ivoire, visant à améliorer de manière significative le transport urbain dans la ville d'Abidjan.
Ce financement de la BAD, vise à contribuer à l'amélioration des conditions de vie des populations vivant à Abidjan, à travers l'aménagement et la réhabilitation des infrastructures routières. Plus spécifiquement, le projet porte sur l'aménagement de 87,9 km de voies urbaines rapides, d'un pont de 1400 mètres, de six échangeurs, la réhabilitation des feux tricolores de 89 carrefours, l'évaluation de la qualité de l'air, la gestion des déchets urbains ainsi que le renforcement des capacités existantes en matière de régulation de la circulation, de planification urbaine, d'amélioration des recettes locales, de sécurité routière et de protection des écosystèmes naturels.
«Le projet sera réalisé de mars 2017 à décembre 2021 et permettra d'améliorer la fluidité du trafic, de réduire les accidents de la route, de renforcer la gestion urbaine, d'améliorer la qualité de l'air, d'augmenter les revenus des ménages, de valoriser les déchets, de réduire les gaz à effet de serre et d'améliorer la qualité de vie des populations,» a souligné le Directeur des transports et des TIC à la BAD, Amadou Oumarou.
Abidjan, est le poumon économique de la Côte d'Ivoire et ville portuaire, qui abrite une population estimée à 4,71 millions d'habitants (21% de la population totale du pays en 2014) avec une projection de 8,5 millions en 2030. Cette ville est le principal fournisseur des produits et services qui font de la Côte d'Ivoire l'un des principaux pays exportateurs en Afrique, après l'Egypte et l'Afrique du Sud, le 3e pays exportateur vers les pays africains.
Avec l'effet combiné de l'accroissement démographique, de la forte croissance du parc automobile et du déclin des systèmes de transport public, le réseau de voirie et le système de contrôle du trafic se sont révélés inadaptés pour assurer l'écoulement d'un trafic de plus en plus important. Du fait de la crise socio politique des quinze dernières années et de la forte pression démographique, l'accessibilité des zones urbaines, les systèmes de transport, de contrôle du trafic, la gestion des déchets et la planification urbaine se sont dégradés, ce qui constitue une contrainte majeure à la libération du potentiel économique de la ville.
La quasi-totalité des carrefours enregistrent une congestion sévère et le mauvais état des routes freine la circulation entraînant ainsi des accidents de la route, la pollution de l'air, un ralentissement des activités économiques dans la ville d'Abidjan, aussi considérée comme le centre des affaires de la Côte d'Ivoire mais également de la sous-région Ouest-africaine.
Ville portuaire, elle est un pôle économique dynamique, non seulement pour le pays, mais aussi pour l'Afrique de l'Ouest en général, avec un taux de croissance du PIB estimé à 8% à court terme et à 7,7 à long terme. C'est le secteur des services, qui, à travers le transport et la forte urbanisation du pays (la population urbaine totale du pays est passé de 28% à 51% entre 1970 et 2010) qui soutient ces performances économiques.
La valeur ajoutée de la Banque, dans le financement du projet se situe à un triple niveau. Elle a participé à l'élaboration et la validation du schéma directeur des transports urbains du Grand Abidjan (SDTUGA), qui est l'outil de référence pour tous les bailleurs de fonds. Ensuite, les objectifs du projet sont en ligne avec la stratégie décennale 2012-2022 de la Banque et les 5 priorités opérationnelles (TOP 5) et visent essentiellement à mettre en place des infrastructures pour soutenir l'industrialisation, stimuler la production agricole, améliorer les conditions de vie des populations urbaines et atténuer les effets du changement climatique. Enfin, en supportant ce projet, qui est la première opération du SDTUGA, la Banque affirme son leadership dans le secteur du développement urbain en Côte d'Ivoire.
S'adressant au Conseil, le Président de la BAD Akinwumi Adesina a souligné l'importance de ce financement, dont les réalisations bénéficieront à toute la population et plus particulièrement aux institutions étatiques et locales, aux associations de femmes, aux industriels, aux transporteurs et aux producteurs agricoles.
On rappelle qu'à la demande du Gouvernement ivoirien, le Groupe de la Banque africaine de développement a aussi réuni de nombreux partenaires pour boucler le financement du pont HKB (du nom de l'ancien président Henri Konan Bédié) et a ainsi contribué, en tant que bailleur principal, à une résolution significative des problèmes de transports et d'urbanisme dans la ville d'Abidjan.
Focus sur le 4ème pont :
Ouvrage de près de 1400m, le 4ème pont d'Abidjan enjambera un bras de la lagune Ebrié pour permettre de connecter les communes du Plateau et d'Adjamé à celle de Youpougon. Avec une population estimée à près de deux millions d'habitants, Youpougon est la commune la plus peuplée de l'agglomération Abidjanaise, et également un centre industriel important. Les communes d'Adjamé est du Plateau sont quant à elles les principaux pôles d'affaires et d'administration du pays.
« Le pont et les voies d'accès qui lui sont associé facilitera les déplacements quotidiens de centaines de milliers d'abidjanais et participeront à désengorger les voies existantes. On estime qu'il sera emprunté quotidiennement par plus de 70 000 véhicules » a annoncé Jean Noël Ilboudo, ingénieur des Transport en charge de la coordination du projet au sein de la BAD. Le chantier devrait débuter en 2017 et prendre fin en 2020.
Ville portuaire, 6e métropole du continent et poumon économique pour l'Afrique de l'Ouest, Abidjan connait ces dernières années une forte croissance démographique et économique qui met à l'épreuve son réseau de transport. On estime le coût annuel des dysfonctionnements du système de transport à Abidjan (accidents, congestion, pollution atmosphérique, effets de serre, bruit) à 8 % du PIB national.
« Réduire la congestion urbaine participera notamment à renforcer la compétitivité économique de la ville. Le 4ème pont facilitera notamment la circulation des marchandises entre le Sud de la ville où sont implanté la zone portuaire et la zone industrielle de Vridi et les zones ouest et nord, où de nouvelles zones industrielles se développent rapidement » a expliqué Jean Noël Ilboudo.
Dans une perspective régionale, le 4ème pont constituera une voie de transit privilégiée entre le port d'Abidjan et les corridors routiers internationaux, notamment vers le Burkina Faso, au nord, et vers le Libéria, à l'ouest. L'accessibilité au port soutiendra l'intégration dans la sous-région en stimulant les échanges avec les pays de l'hinterland.