Le directeur général de la Banque africaine de développement pour l'Afrique centrale, Ousmane Doré, et le responsable-pays au Cameroun, Solomane Koné, veulent faire fructifier les dernières rencontres organisées à Douala et Yaoundé, au Cameroun.
La première, qui s'est tenue les 28 et 29 mars à Douala, était consacrée au secteur privé. La deuxième, organisée le 3 avril à Yaoundé, a donné lieu à la présentation de deux rapports sur les perspectives économiques en Afrique centrale et l'ensemble du continent.
« Le lancement des deux rapports est un événement marquant dans l'histoire économique de l'Afrique centrale et du Cameroun. Les commentaires sont positifs, l'événement a été salué par le gouvernement », s'est félicité Ousmane Doré.
En ce qui concerne le secteur privé du Cameroun, la Banque souhaite aller plus loin dans la mobilisation des ressources publiques et privées pour une mise en œuvre effective de ses High 5.
La Banque a une expérience reconnue dans le développement du secteur privé. Dans un souci d'échange d'informations pour changer de paradigme, la réunion de Douala a permis un rapprochement entre la Banque et les acteurs clés du secteur privé camerounais. Les entrepreneurs et associations patronales ont appelé à une montée en puissance de leurs relations avec l'institution.
« Nous avons échangé avec eux sur nos instruments de financement et pris la mesure des attentes et des opportunités a précisé Solomane Koné. Ces journées ont servi à nous comprendre et à établir de véritables contacts qui vont se poursuivre. Nous devons changer les choses et nos équipes feront le suivi. Il faut un dialogue plus régulier. Les leçons tirées de cette expérience seront dupliquées dans les autres pays de la sous-région ».
Dynamisme des acteurs du secteur privé
A l'ouverture des deux journées d'échanges, le responsable-pays de la Banque au Cameroun a mis l'accent sur le « rôle moteur incontournable » que doit jouer le secteur privé pour mieux accompagner le potentiel du pays vers une émergence économique à moyen et long termes.
Ousmane Doré et Solomane Koné avaient souligné, face à la presse, l'urgence d'un dialogue renforcé avec le gouvernement et le secteur privé, ainsi que des interventions étendues de la Banque pour un meilleur impact sur les populations. Selon eux, il faut changer de paradigme, car la part des opérations relatives au secteur privé ne représente que 11 % des engagements de la Banque dans le pays.
Réactions des organisations patronales
« Nous attendons beaucoup de ces dialogues, dont nous avons grand besoin », a déclaré Agnès Ndube Ndode-Ndjock, sénatrice et présidente du Groupement des femmes d'affaires du Cameroun. « La Banque africaine de développement est notre Banque. Nous la connaissons depuis plus de deux décennies. Nous voulons bâtir de nouvelles relations pérennes très fortes avec la Banque ».
Pour Pauline Ndoumou, présidente du Réseau des parlementaires pour la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, « avec le renforcement des capacités et le financement de nos projets, nous pouvons passer à une étape supérieure et faire des miracles. Avec la Banque africaine de développement, nous le pouvons. Nous avons besoin d'elle ».
«Je recherche des financements pour développer mes affaires. Lorsque j'ai appris que la Banque africaine de développement allait engager des discussions avec le secteur privé, j'en étais fier. Je connais les capacités de cette institution, pour ses réalisations au Cameroun et en Afrique », a expliqué Marcel Djoundi, executive manager chez Gigy Pharma Industries.
Selon Olivier Kingue Molli, rédacteur en chef à la Télévision camerounaise (CRTV) à la direction régionale du Littoral, et modérateur des sessions, « les acteurs du secteur privé camerounais attendent beaucoup de ces discussions. Ils espèrent voir la Banque africaine de développement à leurs côtés pour les aider à contribuer au développement de l'économie. Ils comptent sur cette Banque pour dynamiser leurs affaires ».
Le ministre délégué au Plan, Paul Tasong, a salué le soutien de la Banque au Cameroun : « Cette importante rencontre va nous aider à renforcer nos relations avec le secteur privé et changer la donne. Le gouvernement a espoir que les différents instruments de financement de la Banque seront des facteurs tangibles et catalyseurs pour le développement des opportunités d'affaires dans notre pays », a-t-il déclaré.
Le vice-président de la Banque, chargé du secteur privé, de l'infrastructure et de l'industrialisation, Pierre Guislain, a animé un panel de discussions , aux côtés du Directeur général, du Responsable-pays et du ministre Tasong : « Je suis très impressionné par l'ardeur, les énergies et le dynamisme des acteurs du secteur privé camerounais », a-t-il souligné.
Pierre Guislain a appelé le gouvernement camerounais à tenir compte de l'amélioration du climat des affaires, de la promotion des investissements dans le secteur privé et de l'accélération de l'intégration des marchés et des champions régionaux.
« Pour dynamiser les investissements dans le secteur privé, il faut renforcer nos efforts pour atteindre cet objectif de croissance inclusive en innovant dans les instruments de financement destinés aux petites et moyennes entreprises », a-t-il noté.
« L'ambition de la Banque est de changer de cap. Preuve en est avec cet événement régional. Nous commençons par le Cameroun pour son potentiel et son rôle de locomotive pour la sous-région », avait souligné Ousmane Doré, en amont de ces deux étapes. « L'engagement du secteur privé est un des facteurs de redressement économique, d'autonomisation des femmes et de création d'emplois pour les jeunes camerounais. D'où la nécessité pour le gouvernement de s'engager dans la voie des réformes et d'un dialogue constructif avec les acteurs du secteur privé », a-t-il conseillé.
En 2018, la croissance du PIB réel du Cameroun atteint 3,8 % contre 3,5 % en 2017 grâce à la demande intérieure, principal soutien de la croissance économique, notamment par la consommation et l'investissement. Le déficit budgétaire a poursuivi son déclin et est estimé à 2,6 % du PIB en 2018 contre 4,9 % en 2017 et 6,2 % en 2016.