Dans le cadre du Sommet mondial sur le genre 2019 organisé à Kigali, des sessions interactives de formation et de renforcement de capacités ont été animées par des experts, via le programme « Entreprenarium », à destination des entrepreneures du continent, intéressées par les meilleures pratiques d'investissement.
La formation s'est déroulée en deux phases : la première sur les aspects théoriques avec des discussions sur les stratégies de recherche et de gestion fonds, les investissements et les relations avec les investisseurs. La seconde sur les outils techniques permettant une gestion cohérente.
Jason Musyoka, expert du Viktoria Ventures, un fonds d'investissement basé au Kenya, a animé la première partie des discussions. La session a débuté sur les méthodes et la capacité de levée de fonds en rapport avec l'activité mise en œuvre, la taille du marché cible et le réseau.
« Les femmes ont souvent de petites entreprises et ne constituent pas les cibles les plus intéressantes pour les investisseurs », a témoigné une participante, traduisant une préoccupation largement partagée par l'assistance. Le débat a alors porté sur les capacités des femmes à se frayer un chemin dans un environnement des affaires dominé par les hommes. « Nous vivons dans un monde compétitif, il faut se donner les moyens d'entrer dans cette compétition en comptant sur ses compétences », a réagi une autre participante.
Cependant, pour Jason Musyoka, il faut définir le « bon business » qui dépend de plusieurs facteurs et du contexte, mais il est primordial de disposer d'informations appropriées servant à minimiser les erreurs, avant de se lancer. « Cela permet souvent de faire la différence. Il faut disposer d'une data room, c'est-à-dire d'informations et de données analysées et vérifiées qui permettent mieux de maîtriser l'environnement » a-t-il recommandé. Il faut également collecter des informations pour mieux connaître l'investisseur, à travers un processus de « vérification diligente », mais aussi s'armer de patience, car, a-t-il averti, « le processus de levée de fonds peut prendre entre six mois et un an. C'est un travail à plein temps ». Il faut aussi savoir qu'on peut trouver de l'argent en dehors des banques.
Les entrepreneures doivent faire le meilleur choix pour la sélection de l'instrument financier adapté à la taille de l'activité envisagée ainsi que pour la nécessité, ou pas, de disposer d'un Conseil d'administration et des règles de fonctionnement de ce conseil. D'où la nécessité de mettre en place des clauses.
Des conseils et stratégies ont été proposées aux femmes entrepreneures, notamment sur le positionnement pour développer l'attractivité de son activité ainsi que les clauses de protection. Elles doivent toujours garder à l'esprit que l'objectif reste d'obtenir un partenariat « gagnant/gagnant » avec les investisseurs, et de bien comprendre les clauses avant de signer. Elles doivent donc développer des capacités de négociation.
La seconde session sur les outils a été pilotée par Frédéric Ngirabacu, expert consultant du Rwanda, qui a présenté les fonctionnalités de l'application logicielle « IMARA » qui permet une gestion des opérations des PME et de tenir une comptabilité afin de garantir leur traçabilité. « Il est important d'avoir une trace du volume des opérations : cela donne une photographie de la réalité des mouvements qui permet d'asseoir une crédibilité et de rassurer l'investisseur », a-t-il expliqué.
Il a recommandé aux femmes entrepreneures d'utiliser un outil comme « IMARA », adapté à leurs activités, qui dispose d'une interface pour le téléphone mobile. L'outil permet, entre autres, de gérer les ventes, de tenir la comptabilité, de faire un récapitulatif des entrées et sorties et d'avoir des états sous forme de graphique.
Les différentes sessions « Entreprenarium », tenues dans le cadre du Sommet mondial sur le genre 2019, avaient pour objectif de doter les femmes d'outils pratiques pour leur permettre de mieux développer et protéger leurs affaires et d'asseoir une stratégie cohérente et efficace d'accès aux financements. Cette formation avait également pour objectif de leur garantir à terme une autonomisation dans un contexte difficile. La signature, la veille, d'accords entre la Banque africaine de développement et le Fonds africain de garantie ainsi que des institutions financières en soutien à l'initiative AFAWA (pour favoriser l'accès des femmes au financement en Afrique) représente une avancée de taille. Le Sommet mondial sur le genre 2019 s'est tenu du 25 au 27 novembre à Kigali, capitale du Rwanda.
À propos de ViKtoria Ventures
L'équipe de ViKtoria Ventures s'occupe de la recherche, de la structuration, de la syndication des investisseurs, de la vérification diligente, du suivi post-investissement et dirige l'investissement dans chaque startup présentée aux membres du réseau. Ses membres bénéficient d'opportunités de formation et de réseautage avec des investisseurs expérimentés, des startups et des leaders de l'industrie. Site web : https://www.viktoria.co.ke
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Amadou Mansour DIOUF, Département de la communication et des relations extérieures, Banque africaine de développement ; a.diouf@afdb.org