S'il ya un événement qui était presque prévisible, au regard de l'évolution de la situation au Mali, c'est bien la fin du régime d'Ibrahim Boubacar Keita (IBK).
La question qui restait pendante, était de savoir sous quelle forme et quand les Maliens vont-ils décider de leur sort.
C'est chose faite maintenant. Mais le Mali c'est aujourd'hui comme un « pistolet à double détente » sans jeu de mots.
L'irruption de l'armée pour mettre tous les acteurs politiques sur la touche, n'est pas sans poser de problème pour les légalistes. Mais pour les légitimistes, la souveraineté appartient au peuple, et le peuple a décidé.
Mais faut-il le rappeler, l'armée venait de faire l'objet d'une première purge de la part du régime d'IBK, il ya moins d'une semaine, suite à la divulgation d'un rapport secret mettant en cause de hauts gradés de l'armée dans une affaire de mal gouvernance, qui est aujourd'hui le leitmotiv de tous les manifestants y compris dans les réseaux sociaux et ceux-ci incriminent la famille du Président Malien.
Le fait pour les officiers de l'armée malienne de venir cueillir le président malien à sa résidence, sans résistance de sa garde rapprochée, et sans réaction de la France qui n'avait pas hésité à lancer l'intervention des troupes françaises pour freiner les troupes djihadistes de Kidal, pose problème.
Mieux, la déclaration de démission tardive du Président IBK, suivi de la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée Nationale sonnent comme l'acte final d'un processus initialement commencé depuis bientôt plus de 6 mois. Il faut d'ailleurs rappeler qu'une note confidentielle des renseignements français avait prédit dans la période post Covid 19 des risques importants de chute de certains régimes politiques en Afrique de l'Ouest.
C'est pourquoi le cas malien est à analyser dans une perspective géopolitique sous régionale dans laquelle la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) semble être larguée. Les questions de gouvernance et de démocratie posées sous des formes quasi identiques alimentent les débats démocratiques et sont aujourd'hui sources d'instabilité, nonobstant les graves menaces terroristes annoncées de manière récurrente aux frontières des pays de l'Afrique de l'ouest.
La complexité de la situation au Mali appelle à une plus grande vigilance, mais aussi l'implication de tous les Maliens dans la résolution de la crise. Toute autre initiative pourrait constituer une source de péril grave sur la stabilité de la sous-région, qui va dans les prochains mois vers des échéances électorales lourdes de dangers.