« Malgré les difficultés, les retours sur investissement en Afrique sont incomparables », a affirmé, jeudi 5 novembre dernier, la directrice de l'Africa Investment Forum (AIF), Chinelo Anohu, lors d'une table‑ronde en ligne sur « La résilience en Afrique et le nouvel ordre mondial », organisée par « Africa Debate », la rencontre phare d'Invest Africa, un des plus importants forums londoniens sur l'investissement.
Chinelo Anohu participait avec des dirigeants d'entreprises à ce webinaire organisé pour débattre des opportunités qui s'offrent à l'Afrique en cette période de pandémie de Covid-19 et pour discuter de la manière dont le continent peut tirer parti du contexte en attirant des investissements favorables à son développement.
Les participants ont discuté du potentiel des secteurs manufacturiers nationaux comme moyen d'expansion des échanges commerciaux intracontinentaux, tout en réaffirmant la position de l'Afrique sur les marchés internationaux. Les rôles du secteur privé et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) ont également été analysés.
Outre Chinelo Anohu, participaient à cette table‑ronde Farid Fezoua, président-directeur général de GE Afrique, Daniel Mminele, directeur général du Groupe ABSA, et Sir Graham Wrigley, président du Groupe CDC. Le très honorable Mark Simmonds, président du conseil consultatif d'Invest Africa, animait cette rencontre.
Chinelo Anohu a insisté sur le fait que les investisseurs ne devaient pas considérer l'Afrique comme un marché unique. « L'Afrique est vaste. Elle est constituée de 54 pays et dans ces pays, on trouve 54 points de vue différents, 54 types de ressources et autant de façons de gérer ses ressources. Cela étant, l'Afrique reste la principale destination de choix en matière d'investissements », a-t-elle déclaré.
Selon la directrice principale de l'AIF, les investissements dans les pays d'Afrique comportent des risques, mais ils sont trop souvent exagérés. « Il s'agit d'un état d'esprit », a-t-elle souligné.
Chinelo Anohu a décrit l'Africa Investment Forum, créé par la Banque africaine de développement et ses partenaires en 2018, comme une instance bien positionnée pour servir de « piste d'atterrissage » aux investissements en Afrique.
L'AIF et la Banque africaine de développement peuvent ainsi jouer un rôle pour évaluer la faisabilité d'un projet sur le continent en matière de production et pour amener les gouvernements et les investisseurs privés à se rencontrer pour harmoniser leurs décisions. L'approche choisie par l'AIF ne consiste pas seulement à cerner les problèmes en matière d'investissements, mais aussi à les résoudre et à proposer des solutions innovantes, car une solution uniforme ne convient pas forcément à tout le monde, a précisé Chinelo Anohu.
Elle a aussi fait part de l'attention portée par l'Africa Investment Forum à des projets ayant un double impact économique et sanitaire sur la pandémie de Covid-19. Parmi ceux-ci figurent un projet innovant de fabrication de vaccins au Kenya, une usine de transformation de coton en Angola et un programme nigérian de télémédecine.
Pour Daniel Mminele, « des institutions financières comme ABSA, en association avec les institutions financières de développement (IFD) qui ont traditionnellement joué un rôle significatif dans la promotion de la croissance économique sur le continent, que ce soit à travers des accords de cofinancement avec le secteur privé ou en facilitant l'accès au financement, ou même en s'impliquant dans des débats sur les politiques à mener, ont une contribution notable à apporter. »
Farid Fezoua a souligné que la taille modeste et la non-intégration des marchés africains constituaient un important handicap dans l'attraction d'investissements vers les secteurs manufacturiers de chaque pays. « Il faut disposer d'une masse et d'un volume critiques pour justifier cet investissement et pour ne pas avoir d'unités de production inactives. »
La session a abordé aussi la question de la valeur des partenariats entre les secteurs public et privé et celle du besoin essentiel d'infrastructures intégrées intelligentes.
Les intervenants se sont accordés à dire que les conditions économiques actuelles en Afrique, bien que difficiles, présentaient de vastes opportunités. « Malgré les difficultés sous-jacentes, il n'y a pas de meilleure destination que l'Afrique pour un retour sur investissement décent », a conclu Chinelo Anohu.