Burkina Faso - Les quartiers péri-urbains de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso accèdent à l'électricité avec le soutien de la Banque africaine de développement

11 Mai 2021
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African Development Bank (Abidjan)

Bonheurville ! C'est à cette douce appellation que répond un quartier situé dans la périphérie sud-ouest de Ouagadougou. Depuis quatre ans, Charlotte Nagalo, la quarantaine, vit ici avec son mari, assistant de santé, et leurs trois enfants. En cette matinée de février 2021, elle s'affaire dans l'échoppe jouxtant l'entrée de son domicile, quand elle aperçoit une équipe conduite par un technicien de l'électricité, reconnaissable à sa chasuble jaune et son casque. Ce dernier a, à peine, le temps de se présenter qu'elle lance, avec une satisfaction non dissimulée :

« Nous sommes soulagés ! Depuis neuf mois, nous avons l'électricité. Ce n'était pas facile avant. On se débrouillait avec les plaques solaires mais il fallait tout le temps changer les batteries. Maintenant, on peut regarder la télé comme on veut, les enfants peuvent étudier plus facilement, et on n'a plus besoin d'aller ailleurs pour avoir de l'eau fraîche ».

Madame Nagalo et les habitants de Bonheurville ne sont pas les seuls à se réjouir de la disponibilité récente de l'électricité. D'autres quartiers de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso bénéficient désormais de la mise en œuvre du Projet d'électrification des zones péri-urbaines (PEPU) des deux plus grandes villes du Burkina Faso. Bien que ces quartiers aient connu un important développement démographique au cours des dix dernières années, ils n'avaient pas, jusque-là, accès à l'électricité.

Lancé en septembre 2017 en présence du président de la Banque africaine de développement, Dr Akinwumi A. Adesina, le PEPU vise à accroître le taux d'accès à l'électricité au Burkina, plus spécifiquement à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Sa mise en œuvre consiste à renforcer les réseaux électriques de distribution dans les deux villes et à les étendre aux quartiers lotis et habités mais non encore électrifiés, ainsi qu'à réaliser des branchements à des tarifs subventionnés au profit de 17 500 ménages. D'un coût global de 31,42 milliards de francs CFA (37,76 millions d'UC), ces travaux sont financés à hauteur de 72 % par le Fonds africain de développement, le guichet concessionnel de la Banque, à travers un prêt de 17,14 milliards FCFA (20,60 millions d'UC) et d'un don FAD de 5,51 milliards FCFA (6,63 millions d'UC). Le reste du financement provient du gouvernement burkinabè pour 4,02 milliards FCFA (4,83 millions d'UC), et de la Société nationale d'électricité du Burkina (SONABEL) pour 4,74 milliards FCFA (5,70 millions d'UC).

À quinze mois du terme du projet prévu pour juin 2022, ces objectifs sont atteints à plus de 95%. Plus de 1400 kilomètres de lignes moyenne et basse tension sont installés, ainsi que 325 postes de transformation électrique. « À la fin du mois de décembre 2020, la SONABEL avait déjà raccordé plus de 7000 bénéficiaires sur ces nouveaux réseaux construits par le projet sur la base de ses tarifs habituels, indique Larba Kéré, coordonnateur du PEPU. La société reçoit près de 2000 nouvelles demandes chaque semaine. Elles exploseront avec la tranche des 17500 branchements promotionnels, dont le lancement est imminent ». Les reliquats dégagés sur les ressources allouées par la Banque permettent d'envisager des travaux additionnels de pose de l'éclairage public dans les zones électrifiées. Cela participera à la lutte contre l'insécurité dans les quartiers périphériques.

Au-delà des 17500 ménages visés par le PEPU, c'est toute la population vivant dans les zones péri-urbaines concernées qui bénéficiera des retombées du projet. L'électricité facilitera le fonctionnement des services sociaux de base (éducation, formation, santé, hygiène et assainissement, eau potable).

Situé à 400 m environ de la famille Nagalo, le Centre médical Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus a ouvert ses portes en 2008. Maternité, santé de la mère et de l'enfant, soins courants, consultations médicales, hospitalisation, et pharmacie font partie des prestations qui ont assis sa notoriété auprès de la population. Pendant plusieurs années, le centre a fonctionné avec l'énergie solaire mais cette solution ne fournissait, essentiellement, que l'éclairage. « Nous avons le courant depuis 7 mois ; cela nous fait vraiment du bien, jubile Jean Tiendrébéogo, pédiatre de formation et responsable du centre. L'absence du courant rendait difficiles certaines de nos activités. Mais depuis que nous sommes raccordés au réseau électrique, nous avons pu développer plusieurs services comme le laboratoire, l'ophtalmologie, la gynécologie ou la cardiologie ».

Le PEPU favorise également le développement de nombreuses activités économiques. À Pazani, quartier situé dans la périphérie nord de Ouagadougou, Apollinaire Nana gère une boutique depuis trois ans. Il est fier de revendiquer le rang de « deuxième personne à avoir eu le courant dans la zone », il y a quatre mois de cela. L'électricité facilite son commerce et il se prend déjà à rêver d'une extension prochaine de sa boutique. « J'ai actuellement deux congélateurs et je compte en acquérir deux autres avant la période de la grande chaleur, en mars-avril ». Il compte sur l'arrivée de nouveaux habitants. « Des gens avaient construit ici mais ne venaient pas occuper leurs maisons, sûrement à cause du manque d'électricité ». Les choses sont en train de changer : de sa boutique située au bord de la principale voie menant à la ville, Apollinaire voit régulièrement passer des véhicules de déménagement chargés de bagages. Le spectacle est identique à Bonheurville, où Rasmané a installé son moulin à grain depuis neuf mois. « Avec l'arrivée de l'électricité, nous sentons bien maintenant que nous sommes à Ouagadougou », se réjouit-il. De fait, les chantiers et maisons récemment construites sont nombreux dans le quartier.

Le PEPU tire sa pertinence de la volonté des autorités du Burkina Faso de rendre l'énergie accessible à tous. Sa mise en œuvre contribuera notamment à porter le taux national d'accès à l'électricité de 18,88% à 25%. En visitant les chantiers du projet en mai 2020, le ministre de l'Énergie, Bachir Ismaël Ouédraogo, s'était réjoui de la bonne exécution des travaux et laissé entendre que, « de façon progressive, nous allons vers l'accès universel à l'électricité au Burkina. L'ambition du gouvernement est de raccorder tous les ménages au Burkina Faso à l'électricité à l'horizon 2030 ». Outre le PEPU, le portefeuille actuel de la Banque au Burkina compte d'autres projets importants dans le secteur de l'énergie, concernant notamment le développement de centrales solaires, l'électrification rurale et l'interconnexion électrique avec le Bénin, le Niger et le Nigeria.

La Banque africaine de développement a défini cinq priorités stratégiques, les « high 5 », parmi lesquelles celle visant à « éclairer l'Afrique et l'alimenter en énergie ». À cet effet, son projet « Desert to Power » a pour ambition de faire du Sahel, la plus grande zone de production d'énergie solaire au monde avec dix gigawatts de capacité en énergie, et de fournir de l'électricité propre à 250 millions de personnes dans les onze pays du Sahel dont le Burkina.

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