Située dans la région des Cascades, dans l'ouest du Burkina Faso, la plaine de la Léraba est l'un des sites hydroagricoles les plus prometteurs de ce pays sahélien d'Afrique de l'Ouest. En 1987, l'État y a construit, à proximité des localités de Douna et Niofila, un barrage d'une capacité de 50 millions de mètres cube d'eau, qui a permis d'aménager 410 hectares irrigués par système gravitaire.
Aujourd'hui, cette infrastructure, réhabilitée en 2016, permet à 1 200 exploitants agricoles de produire principalement du riz, du maïs et des cultures maraîchères. D'une saison à l'autre, ces exploitants enregistrent de bons résultats qui mettent en évidence la sous-exploitation du barrage au regard du potentiel irrigable de la plaine, évalué à 1 410 hectares. Le millier d'hectares non aménagé est toujours exploité en culture pluviale, avec des rendements aléatoires et fortement tributaires des conditions climatiques.
À l'horizon 2025, une mise en valeur plus optimale des énormes potentialités agricoles de la zone sera possible grâce à la mise en œuvre du Projet d'aménagement et de valorisation de la plaine de la Léraba (PAVAL). Officiellement lancé le 9 avril dernier à Douna, sous la présidence du ministre burkinabè de l'Agriculture, Salifou Ouédraogo, et en présence de nombreux producteurs, ce projet vise à renforcer la résilience des populations rurales à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle, et à accroître la production agricole. D'un coût total de 39,77 millions d'Unités de compte (UC), soit quelque 31,95 milliards francs CFA, la Banque africaine de développement en est le principal bailleur de fonds, avec une contribution de 26,9 millions d'UC (20,97 milliards de FCFA), qui se décompose en un prêt de 22,9 d'UC, soit 17,67 milliards FCFA, et un don du Fonds africain de développement -le guichet de prêt à taux concessionnels de la Banque africaine de développement- de quatre millions d'UC (3,3 milliards FCFA).
Le projet prévoit la réalisation d'ouvrages structurants pour une maîtrise totale des eaux qui permettra de consolider les 410 hectares existants et d'aménager les 1 000 hectares restants. Le projet va également mettre à la disposition des exploitants 21 000 tonnes d'engrais à prix subventionné, 72 tonnes de semences améliorées, 9 600 litres de pesticides homologués, et des équipements agricoles. Par ailleurs, il envisage de créer une agropole dans la région des Cascades, de financer 300 microentreprises rurales et de réaliser des infrastructures de stockage, de transformation et de commercialisation des produits agricoles.
Le ministre de l'Agriculture, Salifou Ouédraogo, s'est félicité du lancement de ce projet dont « la conception a suffisamment pris en compte les thématiques particulières comme la sécurité alimentaire et nutritionnelle, le développement des chaînes de valeur, l'emploi des jeunes et des femmes ainsi que leur autonomisation et le changement climatique ».
De fait, la réalisation du PAVAL se traduira par une production agricole additionnelle annuelle de 21 500 tonnes, l'amélioration des revenus des producteurs et une large autonomisation des femmes. Celles-ci se verront attribuer 50 % de parcelles aménagées, sécurisées par la délivrance d'actes fonciers, et bénéficieront de la moitié des 1 500 emplois qui seront créés. Au total, le projet touchera directement plus de 9 000 bénéficiaires dont 5 000 femmes, et de façon indirecte, 50 000 personnes.
« Le PAVAL donnera une grande impulsion à la production céréalière et maraichère indispensable pour assurer à terme la sécurité alimentaire », a déclaré Pascal Yembiline, le directeur du bureau-pays de la Banque africaine de développement au Burkina Faso.
Selon le ministre de l'Agriculture, le gouvernement du Burkina Faso a entamé en 2019 l'aménagement d'un premier lot de 170 hectares (sur les 1 000 hectares à aménager) pour un coût total d'environ trois milliards de francs CFA entièrement financés par l'État. Il a rassuré les producteurs sur le fait que ces travaux seraient achevés en 2021, et annoncé le démarrage prochain de travaux d'aménagement de 600 hectares entièrement financés sur les ressources de la Banque africaine de développement.
En parfaite adéquation avec deux priorités opérationnelles de la Banque africaine de développement, parmi les « High 5 », à savoir « nourrir l'Afrique » et « améliorer les conditions de vie des populations en Afrique », le Projet d'aménagement et de valorisation de la plaine de la Léraba est l'un des résultats tangibles de la mise en œuvre du Document de stratégie-pays 2017-2021 conclu entre la Banque africaine de développement et le Burkina Faso. Cette stratégie a retenu le « développement du secteur agricole en vue d'une croissance inclusive » au Burkina comme l'un de ses deux piliers, à côté de la « promotion de l'accès à l'électricité ».
Au cours des cinq dernières années, le financement de la Banque africaine de développement a permis d'aménager 3 787 hectares et de produire 23 500 tonnes supplémentaires de céréales, notamment dans le cadre du Projet de renforcement de la résilience à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle et du Projet d'appui au pôle de croissance de Bagré.