Le ministre du commerce de la république de Turquie a réaffirmé l'ambition de son pays d'accroitre le volume des échanges avec l'Afrique. Dr Mehmet Mus l'a fait savoir, ce jeudi 21 octobre à Istanbul, lors de la conférence de presse ayant marqué l'ouverture des travaux de la 3ème édition du Forum économique et d'affaires sur la coopération entre l'Afrique et la Turquie. Ces assises de deux jours sont organisées par le Conseil des relations économiques turc (Deik).
(Envoyée spéciale à Istanbul) – La Turquie fait de l'Afrique une sur priorité pour son expansion sur le plan géopolitique mais aussi un marché et un partenaire commercial de choix. D'où sa volonté de concurrencer la Chine ou la France sur le marché africain.
En plus des multiples périples africains du président Recep Tayyip Erdogan notés ces dernières années et qui confortent le volet politique, ce pays qui s'étend de l'Europe de l'Est à l'Asie Mineure veut renforcer l'axe économique et commercial. Une option qui se jouera sur le volet partenarial à travers le Forum économique et d'affaires Turquie-Afrique dont la 3ème édition s'est ouverte ce jeudi 21 octobre à Istanbul.
Une rencontre durant laquelle la Turquie a réaffirmé son ambition de construire un partenariat gagnant-gagnant avec l'Afrique pour accroître les échanges avec le vieux continent.
A cet effet, cette rencontre d'Istanbul a permis aux acteurs des deux pays de plancher sur les thèmes relatifs à l'approfondissement du partenariat entre l'Afrique et la Turquie notamment dans les domaines du commerce, de l'investissement, la technologie et la logistique.
A cela s'ajoutent la collaboration dans les secteurs de l'agriculture et l'agro-industrie, le partenariat dans le cadre de la ZLECAf pour de nouvelles opportunités de marché, le dialogue Turquie-Afrique sur le leadership féminin.
Sans occulter la réflexion sur les moyens d'accroître les investissements et l'innovation mais aussi un échange sur le financement du commerce en Afrique et sur les échanges bancaires avec la Turquie.
L'agriculture, une potentielle niche pour les investisseurs turcs
Le premier panel de ce forum a porté sur la collaboration entre la Turquie et l'Afrique dans le domaine de l'agriculture et de l'agro-alimentaire.
Les divers panélistes ont vanté les mérites de leurs pays respectifs dans le domaine agricole. Ils ont décliné les raisons pour lesquelles la Turquie devrait investir chez eux.
Les plus gros défis rencontrés dans le domaine agricole ont été évoqués, avec notamment le manque d'eau, les nouvelles technologies et surtout le grand problème de stockage des récoltes qui devrait être une priorité pour les dirigeants africains.
Malgré ces défis, « l'Afrique et sa population de 1.3 milliard d'habitants est l'endroit où il faut investir et maintenant », a déclaré un des panélistes.
En Ouganda, par exemple, il a été exposé les opportunités d'investissement dans le domaine du traitement du café qui enregistre des récoltes annuelles d'environ 200.000 tonnes. Ce qui, selon la délégation ougandaise, rapporte 1.8 million de dollars US. Pareille pour le coco traité qui rapporte 2.6 milliards de dollars.
La même source indique que dans ce pays d'Afrique de l'Est, le secteur de la pêche rapporte 1.83 milliard, sans compter l'aquaculture qui commence à s'y développer. A l'en croire, d'autres produits comme le riz, l'huile, le manioc et le lait sont aussi dans une dynamique de croissance.
Malgré ce potentiel agricole, l'Ouganda souffre d'un déficit d'infrastructures portuaires devant faciliter l'exportation des produits agricoles.
M. Morris Rwakabamba, Président de l'autorité d'investissement ougandaise ayant fait le déplacement d'Istanbul assure que les autorités de son pays travaillent à régler ce problème avec le projet de construction d'un port reliant le Kenya et l'Ouganda en plus de la contribution de la compagnie aérienne Ugandan Airlines.
Mme Sekesa Nzenza, Ministre de l'industrie et du commerce de Zimbabwe, quant à elle, n'a pas manqué de venter les opportunités qu'offre son pays logé dans le cercle restreint des fournisseurs de cuirs les plus raffinés du monde.
Sur cette lancée, elle a aussi invité les Turcs à investir dans des domaines aussi variés que les secteurs du coton, du fromage, du lait, du soja, du sésame, de l'ail, du gingembre, du safran, sans oublier les myrtilles zimbabwéenne qui seraient parmi les meilleurs au monde. Mme Nzenza assure que son pays dispose « de vastes terres, un sol riche, et n'a pas de problèmes d'eau ».
Dans cette même dynamique, des pays comme la Mauritanie, la Zambie ont aussi essayé de convaincre les Turcs à venir investir chez eux.
La Turquie pour un partenariat équilibré avec l'Afrique
Même si la Turquie semble tomber sous le charme du potentiel d'investissements qui lui a été présenté, elle veut changer de paradigme par rapport aux schémas de coopération existants.
Au terme des échanges de ce 3ème Forum économique et d'affaires Turquie-Afrique, le pays de Erdogan a promis d'établir des rapports équitables permettant à chaque partie d'y tirer profit. « Créons un partenariat égal, où chaque partenaire fera des profits », dira un des délégués turc.
Une vision inédite du partenariat que les participants africains à cette rencontre d'Istanbul semblent partager.