Les membres de l'Alliance Sahel et ses partenaires se sont réunis à Madrid le 4 avril 2022, sous la présidence du ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares à l'occasion de la 3e Assemblée générale de l'organisation.
Les membres ont exprimé leurs fortes préoccupations face à la dégradation de la situation politique et sécuritaire, l'exacerbation des crises et une situation alimentaire aggravée dans plusieurs pays du G5 Sahel, et se sont accordés sur les décisions permettant la continuité et le renforcement de leurs interventions au bénéfice des populations.
Le ministre José Manuel Albares a rappelé l'importance de maintenir l'attention sur le Sahel : " La coordination des principaux acteurs du développement est plus nécessaire que jamais. C'est le moment pour nous, partenaires, de renouveler notre engagement pour le développement et la stabilité du Sahel, au bénéfice des populations sahéliennes. Cette Assemblée générale est une occasion précieuse à cet égard. "
Le Sahel est autant une terre d'opportunités que de défis. Bien que la région dispose d'abondantes ressources humaines, culturelles et naturelles, offrant un important potentiel de croissance et de développement, les défis profondément enracinés auxquels elle fait face affectent grandement la prospérité et la paix. De nombreuses régions des pays du G5 Sahel sont en proie à une montée des conflits et des tensions.
Près de 2,5 millions de personnes ont fui leur foyer au cours de la dernière décennie. Environ 6,7 millions de personnes ont besoin d'assistance alimentaire en urgence, un chiffre qui pourrait atteindre 10,5 millions de personnes si des mesures urgentes ne sont pas prises.
À cette situation déjà critique s'ajoute l'impact sans précédent de la guerre en Ukraine sur le marché mondial des céréales et des fertilisants pour l'approvisionnement des pays et l'assistance destinée aux populations souffrant d'insécurité alimentaire. Enfin, la pandémie de Covid-19 a amplifié les fragilités économiques, sanitaires et nutritionnelles auxquelles étaient déjà confrontées les populations.
" Face à cette situation, il faut comprendre que si nous, pays sahéliens, sommes responsables de l'avenir de nos États en tant que dirigeants, nous restons dépendants de l'environnement politique, économique et financier international, sur lequel nous avons peu de prise. Aussi, la situation sécuritaire dans nos pays, nous rappelle l'urgence du développement et notre responsabilité particulière en la matière " a souligné Mahamat Hamid Koua, président du Conseil des ministres du G5 Sahel.
Les membres de l'Alliance Sahel réaffirment leur volonté de rester pleinement engagés aux côtés des populations du G5 Sahel : depuis le lancement de l'Alliance en 2017, le nombre de projets qu'ils financent a triplé, tout comme les engagements financiers, passés de 7,3 à 23 milliards d'euros aujourd'hui.
La présence de l'État et la fourniture des services essentiels dans tous les territoires des pays du G5 Sahel, la restauration de la cohésion sociale et de la confiance des citoyens dans leurs institutions publiques, demeurent une priorité absolue. Les membres de l'Alliance Sahel se sont fortement mobilisés pour la mise en œuvre du Programme de développement d'urgence (PDU) du G5 Sahel, qui ciblent les régions fragiles frontalières et concourent pleinement à cet objectif. Le Programme de développement d'urgence a montré des impacts rapides et tangibles : 1 080 000 bénéficiaires ont d'ores et déjà eu un accès amélioré à l'eau ; 125 000 personnes ont bénéficié d'une assistance alimentaire ; 1 572 structures contribuant à la prévention des conflits et à la cohésion sociale ont été créées et 414 000 personnes ont été formées au dialogue, à la gestion et à la médiation des conflits. De nouvelles phases des projets financés sont d'ores et déjà en cours d'instruction ou d'exécution, permettant un quasi doublement (514 millions d'euros à ce jour) du montant initialement mobilisé par les membres de l'Alliance au bénéfice de ce programme.
La Banque africaine de développement, l'un des fondateurs de l'Alliance Sahel, a déclaré que les efforts collectifs et la nécessité d'une coordination entre l'humanitaire, le développement et la paix pour relever les défis de la région ne sauraient être surestimés. La Banque africaine de développement fait sa part avec plus de trois milliards de dollars investis dans le G5 Sahel, a déclaré Yero Baldeh, directeur du Bureau de coordination des États en transition au sein du Groupe de la Banque africaine de développement. Ces ressources contribuent à six priorités fondamentales du Sahel, notamment l'agriculture, le changement climatique, l'égalité des sexes, l'emploi des jeunes, l'énergie et la gouvernance.
Yero Baldeh a représenté le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, à l'Assemblée générale de l'Alliance Sahel. " Conformément à la stratégie récemment approuvée de la Banque africaine de développement pour remédier à la fragilité et renforcer la résilience en Afrique (2022-2026), nous sommes également convaincus que la création d'un environnement propice aux affaires et la canalisation des investissements du secteur privé dans le G5 Sahel sont essentielles pour promouvoir un changement de paradigme vers la création de richesses dans les communautés locales. Cela est nécessaire pour la création d'emplois et d'opportunités indispensables pour les femmes et les jeunes de la région ", a déclaré M. Baldeh.
Il n'y aura pas de paix et de stabilité au Sahel sans un changement profond et qualitatif des conditions de vie des populations sahéliennes. Dans les prochains mois, l'Alliance Sahel poursuivra et renforcera ses efforts, de concert avec ses partenaires sahéliens, pour contribuer à ce changement. Elle pourra compter sur trois nouveaux membres de plein exercice : le Canada, les États-Unis et la Suède. Ces nouvelles adhésions traduisent une représentativité accrue de l'Alliance et une intégration renforcée en son sein.
Recommandations des membres de l'Alliance Sahel lors de la 3e Assemblée générale :
Maintenir et adapter le soutien au bénéfice des populations du G5 Sahel dans un contexte d'instabilité et d'insécurité croissantes, afin de ne pas voir compromis les gains qui ont pu être obtenus en termes de développement. Réitérer la nécessité de respecter les droits humains, les principes humanitaires et le droit international humanitaire, y inclus par les forces de défense et sécurité.
Réitérer le soutien au G5 Sahel, partenaire privilégié pour la coopération au Sahel, tout en étant conscient des défis que traverse actuellement cette institution.
Apporter une réponse coordonnée aux populations sahéliennes et à la hauteur des enjeux de la crise alimentaire majeure à laquelle font face les pays du G5 Sahel.
Poursuivre les efforts dans les zones les plus fragiles tout en amplifiant les actions dans les zones de prévention, afin de s'attaquer aux causes profondes de l'instabilité et de limiter l'expansion des conflits et des crises.
Renforcer le soutien collectif aux zones fragiles périphériques situées entre les pays du G5 Sahel et les États côtiers du Golfe de Guinée, dans une logique de prévention.
Intensifier les appuis en faveur d'une insertion socio-économique renforcée et d'une participation accrue des jeunes et des femmes dans la vie politique.
Renforcer les synergies avec l'Initiative de la Grande muraille verte face aux défis environnementaux et climatiques qui fragilisent les populations vulnérables au Sahel.
À propos de la 3e Assemblée générale de l'Alliance Sahel
La 3e Assemblée générale de l'Alliance Sahel, présidée par M. José Manuel Albares Bueno, ministre espagnol des Affaires étrangères, de l'Union Européenne et de la Coopération s'est tenue à Madrid le 4 avril 2022 et a connu une participation de haut niveau de ses partenaires, avec la participation de M. Mahamat Hamid Koua, ministre tchadien de l'Économie, de la Planification du développement et de la Coopération internationale, président en exercice du Conseil des ministres du G5 Sahel, M. Hassoumi Massaoudou, ministre d'État, ministre nigérien des Affaires étrangères, de la Coopération, de l'Intégration africaine et des Nigériens à l'extérieur, M. Ousmane Mamoudou Kane, ministre mauritanien des Affaires économiques et de la Promotion des secteurs productifs, M. Éric Tiaré, secrétaire exécutif du G5 Sahel, M. Maman Sidikou, Haut représentant de l'Union africaine pour le Sahel et le Mali et M. Djimé Adoum, Haut représentant de la Coalition pour le Sahel.
Pour les membres, ont participé à l'Assemblée générale : M. Jean-Yves Le Drian, ministre français de l'Europe et des Affaires étrangères, Mme Jutta Urpilainen, commissaire européenne pour les Partenariats internationaux, Mme Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie, Mme Pilar Cancela Rodríguez, secrétaire d'État espagnole à la Coopération internationale, Mme Marina Sereni, vice-ministre italienne des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Antoine Chevrier, sous-ministre adjoint de l'Afrique subsaharienne du Canada, M. Ousmane Diagana, vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour l'Afrique de l'Ouest et Centrale, M. Abdoulaye Mar Dieye, Coordinateur spécial pour le développement au Sahel de l'Organisation des Nations unies, Mme Emanuela Del Re, représentante spéciale de l'Union européenne pour le Sahel, M. Georges Ternes, ambassadeur et envoyé spécial pour le Sahel du Luxembourg, M. Jun Shimmi, ambassadeur en charge de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD), Mme Sari Rautio, ambassadeur de Finlande en Espagne, M. Kenneth Thompson, envoyé spécial pour le Sahel de l'Irlande, M. Kristian Edinger, envoyé spécial pour le Sahel du Danemark, Mme Rigmor Elianne Koti, représentante spéciale pour le Sahel de la Norvège, M. Moazzam Malik, directeur général pour l'Afrique du Bureau des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement (FCDO) du Royaume-Uni, M. Rémy Rioux, directeur général de l'Agence française de développement, Mme Birgitta Tazelaar, directrice générale adjointe pour la coopération internationale du ministère néerlandais des Affaires étrangères, M. Christoph Rauh, directeur Afrique du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement, président du Comité de pilotage opérationnel de l'Alliance Sahel, Antón Leis Garcia, directeur de l'AECID, Mme Maria Shaw-Barragan, directrice des opérations en Afrique, Caraïbes et Pacifique de la Banque européenne d'investissement, M. Yero Baldeh, directeur du Bureau de coordination des pays en transition de la Banque africaine de développement, M. Fredrik Folkunger, directeur et chef adjoint du département Afrique du ministère suédois des Affaires étrangères, M. Claudio Tognola, chef de la division Afrique de l'Ouest du Département fédéral suisse des Affaires étrangères, Mme Hazel Onkelinx, cheffe du département Sahel, Afrique du Nord et territoires palestiniens occupés du Service public fédéral belge des Affaires étrangères, Mme Maggie Janes-Lucas, directrice régionale pour le Sahel du Tony Blair Institute for Global Change et M. Alejandro Álvarez de la Campa, directeur du service Conseil Afrique de la Société financière internationale.
Accéder à la déclaration de la 3e Assemblée générale de l'Alliance : Assemblée générale 2022 de l'Alliance Sahel (alliance-sahel.org)
Contact:
Aude Rossignol, Communication Officer, Sahel Alliance Coordination Unit, aude.rossignol@giz.de
Gershwin Wanneburg, Communication and External Relations Department, African Development Bank, g.wanneburg@afdb.org