Afrique: Développement économique de l'Afrique - Ce que des services publics d'électricité performants peuvent apporter

Ouverture officielle du 20e Congrès de l’Association des Sociétés d’Electricité d’Afrique (ASEA)
18 Juillet 2022

Le Ministre du Pétrole et des Energies estime que le développement économique du continent peut passer par " des services publics d'électricité prospères, performants, efficaces et rentables ". Aïssatou Sophie Gladima présidait, hier, au Centre international de conférences Abdou Diouf de Diamniadio, la cérémonie officielle d'ouverture du 20ème congrès de l'Association des sociétés africaines d'électricité qui se tient du 14 au 21 juillet 2022 à Dakar.

Dakar accueille, du 14 au 21 juillet 2022, le 20ème congrès de l'Association des sociétés d'électricité d'Afrique (Asea). La Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec) a été choisie comme société organisatrice de ce congrès qui devait avoir lieu depuis 2020. Cependant, en raison de la pandémie de la Covid-19, ce rendez-vous des sociétés d'électricité du continent africain n'a pu se tenir qu'en 2022.

Le Ministre du Pétrole et des Energies, Aïssatou Sophie Gladima qui a présidé, hier, la cérémonie d'ouverture de cette rencontre informe que le taux d'accès à l'énergie en Afrique " dépasse légèrement " 40%. Cela signifie, selon elle, que " plus de 640 millions d'Africains n'ont pas accès à l'énergie ". Le continent a le niveau d'accès à l'énergie le plus faible dans le monde. Faisant la comparaison avec certaines parties du monde, Aïssatou Sophie Gladima informe qu'en Afrique subsaharienne, la consommation d'électricité est de 180 Kwh par habitant contre 13 000 Kwh par habitant aux États-Unis et 6500 Kwh par habitant en Europe. Paradoxalement, l'Afrique regorge d'un potentiel énergétique qui n'a rien à envier au reste du monde. " Le continent détient plus de 10 térawatts de potentiel solaire, 350 gigawatts de potentiel hydroélectrique, 110 gigawatts de potentiel éolien et 15 gigawatts en plus de potentiel géothermique.

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Cela n'inclut pas le charbon et le gaz qui peuvent fournir une partie de l'électricité la moins chère du continent ", a listé le Ministre du Pétrole et des Energies. Même si ces ressources sont disponibles, elles restent " faiblement exploitées ". " L'Afrique ne peut fournir d'énergie ni à ses foyers ni à ses entreprises, à moins de libérer cet énorme potentiel d'énergies renouvelables et de le combiner avec l'énergie conventionnelle pour électrifier et éclairer le continent ", a renchéri Mme Gladima. En effet, le développement économique repose en grande partie sur la disponibilité de l'énergie. " Des services publics d'électricité prospères, performants, efficaces et rentables sont essentiels pour le développement de l'économie du continent ", reste persuadée Aïssatou Sophie Gladima. Elle a renseigné que la question de l'énergie a une dimension capitale pour le développement de l'Afrique.

Pour le Ministre du Pétrole et des Energies, la priorité du continent doit être le développement de son potentiel énergétique. Cela lui permettra de développer ses ressources minérales, industrielles et agricoles afin de créer des emplois pour sa jeunesse.

Une transition énergétique " juste et équitable "

L'idée de mettre fin aux financements d'énergies fossiles est de plus en plus agitée à travers le monde. Même le gaz est concerné par cette décision de certains pays développés. " Arrêter le financement de la filière gazière porterait gravement atteinte à nos efforts de développement économique et social ", a alerté, hier, le Ministre du Pétrole et des Energies. Aïssatou Sophie Gladima qui présidait la cérémonie d'ouverture officielle du 20ème congrès de l'Association des sociétés d'électricité d'Afrique (Asea) a indiqué que cette décision risque d'intervenir dans un contexte où beaucoup de pays du continent ont découvert d'importants gisements de gaz qui leur ouvrent " de réelles perspectives d'accès universel à l'électricité et de soutien à l'industrialisation ". Au même moment, a regretté le Ministre, certains parmi ces pays " continuent d'utiliser des sources aussi polluantes que le charbon et le fuel ". " C'est pourquoi, en restant engagés dans la lutte contre le changement climatique selon le principe de la responsabilité commune mais différenciée, il est tout à fait légitime que nos pays réclament une transition énergétique juste et équitable ", a recommandé Aïssatou Sophie Gladima.

Service public d'électricité

Les sociétés nationales invitées à se départir de leurs " habitudes obsolètes "

Comment les sociétés d'électricité peuvent rester performantes tout en poursuivant leurs missions de service public ? C'est autour de cette question que se déroule le 20ème congrès de l'Association des sociétés d'électricité d'Afrique qui a porté sur le thème : " La nécessité de service public et la performance des sociétés africaines d'électricité ". Même si ces sociétés nationales assurent une mission de service public, elles doivent, selon le Ministre du Pétrole et des Energies, Aïssatou Sophie Gladima, " rester viables, performantes, efficaces, propres, résilientes, prospectives ".

Le Directeur général de la Senelec, Pape Mademba Bitèye, dans son intervention, a invité ses collègues dirigeants de sociétés nationales d'électricité à se départir " des vieilles croyances et des habitudes obsolètes " qui leur faisaient croire que " le service public et la performance sont des propositions antinomiques ou qui doivent s'exclure mutuellement ". " On ne peut plus et on ne doit plus se cacher derrière le rideau gouvernemental ou de l'Etat pour se permettre de faire fi de la nécessité de toujours être à la hauteur des attentes de résultats à l'image du secteur privé ", a souligné Pape Mademba Bitèye. Selon lui, l'époque où les entreprises publiques pouvaient continuer à exister tout en restant en deçà des attentes placées en elles est révolue. Aujourd'hui, a ajouté le Dg de la Senelec, les exigences de réussite et de résultats ne doivent plus être l'apanage exclusif du secteur privé. Il a appelé à " bouleverser " cette vieille croyance de l'inadéquation entre la performance et le service public.

De l'avis du Ministre du Pétrole et des Energies, " les sociétés d'électricité, qu'elles soient publiques ou privées, concessionnaire de service public, fermier, société de patrimoine " peuvent bien être performantes. Mais à la seule condition, d'après Aïssatou Sophie Gladima, que " le cadre institutionnel soit adéquat et que les règles du jeu soient respectées ".

Approvisionnement  énergétique des pays africains

Les recommandations d'Aïssatou Sophie Gladima

Le Ministre du Pétrole et des Energies a fait des recommandations essentielles pour " consolider les acquis et garantir un meilleur approvisionnement énergétique des pays africains ". Aïssatou Sophie Gladima qui présidait, hier, la cérémonie officielle d'ouverture du 20ème congrès de l'Association des sociétés d'électricité d'Afrique (Asea) plaide pour une " politique énergétique africaine intégrant les questions sur les énergies nouvelles et renouvelables, le nucléaire, l'éolien offshore, l'hydrogène ". L'ancienne Ministre des Mines indique que pour réussir le développement des marchés de l'électricité en Afrique, il faut construire des corridors d'interconnexion et la réalisation progressive du marché unique de l'électricité en Afrique. Sa troisième recommandation consiste à lancer un " programme industriel majeur pour la fabrication des composants et équipements électriques à partir des matières premières tirées du sol africain et transformées localement en Afrique ".

D'après toujours le Ministre du Pétrole et des Energies, l'heure est à la mise sur pied d'une institution de formation de haut niveau orientée vers la recherche pour la promotion industrielle, la transformation des ressources naturelles mais aussi la création d'un fonds de préparation de projets régionaux financés sur la base d'une taxe sur les échanges d'énergie entre pays. Aïssatou Sophie Gladima a, toutefois, invité à l'ouverture du secteur de l'énergie africain au secteur privé. " Mettons l'innovation dans les financements en vue d'accroître les flux financiers dans les projets du secteur de l'énergie ", a recommandé le Ministre du Pétrole et des Energies.

Taux d'électrtrification

Le Sénégal dans le top 10 africain

Le Sénégal figure dans le top 10 des pays africains avec le taux d'électrification le plus élevé du continent, renseigne un document remis à la presse lors de la cérémonie officielle d'ouverture du 20ème congrès de l'Association des sociétés d'électricité d'Afrique. Le Sénégal, 10ème, ferme ce peloton avec un taux d'accès à l'électricité de 70,4%. Ce classement est dominé par les pays du Maghreb, l'Egypte, le Maroc, la Tunisie avec des taux d'électrification de 100%, l'Algérie 98%. Le Gabon est à la cinquième place de ce classement avec un taux d'électrification de 91,6%. Le reste du classement est dominé par les pays anglophones, notamment le Ghana (6ème, 85,9%), l'Afrique du Sud (7ème, 84,4%), le Botswana (8ème, 72%) et le Kenya (9ème, 71%).

Association des sociétés d'électricité d'Afrique

Pape Mademba Bitèye assure la présidence

La Société nationale d'électricité du Sénégal (Senelec) assure la présidence de l'Association des sociétés nationales d'électricité d'Afrique (Asea). Son Directeur général, Pape Mademba Bitèye, a été élu, hier, président en exercice de l'Asea en marge de l'ouverture de son 20ème congrès qui se tient présentement à Dakar. Le Dg de la Senelec remplace le Zambien Victor Benjamin Mapani.

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