Axel Belemtougri, 30 ans bientôt, est formel : « Si je suis rentré au Burkina, c'est grâce à la Banque africaine de développement ». En 2017, ce jeune homme plein d'ambition prépare un master de recherche dans une université parisienne, après des études d'hydrologie à l'Institut international d'ingénierie de l'eau et de l'environnement (2iE) à Ouagadougou. Progressivement, l'idée de travailler en France prend forme dans son esprit, convaincu d'y trouver un cadre de travail plus propice qu'en Afrique.
Les plans d'Axel sont bouleversés lorsqu'il apprend que 2iE, en collaboration avec son université, cherche à recruter cinq doctorants pour traiter, chacun, un sujet de thèse particulier. Le soutien annoncé de la Banque africaine de développement à l'initiative en renforce le prestige, et décide Axel à postuler. Retenu après un entretien par visioconférence, le voici de retour à Ouagadougou en 2018, pour trois années de recherche, exigeante mais passionnante, sur « les facteurs explicatifs de l'intermittence des cours d'eau ». « En termes plus simples, il s'agit de comprendre pourquoi certains cours d'eau cessent de couler à un moment donné dans l'espace et le temps, sourit-il. Les informations collectées peuvent permettre de prévoir des mesures d'adaptation dans les endroits impactés par de grands changements ».
La Banque africaine de développement a soutenu l'initiative de 2iE dans le cadre du Projet d'appui aux instituts Nelson Mandela - Institutions africaines des sciences et de la technologie. Lancé en 2017, le projet est implémenté dans trois instituts en Afrique de l'Est et de l'Ouest (2iE au Burkina et African University of Science and Technology au Nigeria et en Tanzanie).
D'un montant total de 8,97 millions de dollars (dont 3,24 millions de dollars pour 2iE), le projet a pour objectif principal de renforcer les capacités des trois instituts, afin qu'ils puissent produire les compétences et les capacités de recherche nécessaires aux besoins de l'Afrique dans divers domaines des sciences et de la technologie. Le projet vise également à mieux préparer les diplômés à l'emploi par le renforcement de leurs compétences en entreprenariat et en affaires.
Outre la dotation en équipements divers (ordinateurs, minibus, studio d'enregistrement), le projet a permis à 2iE de recruter et former en master, 50 étudiants d'Afrique de l'Ouest et du Centre (dont 22 filles), ainsi que 5 doctorants (dont 2 filles), comme Axel.
« On ne peut pas faire de la recherche sans financement, souligne Axel. L'appui de la Banque africaine de développement m'a permis de bénéficier d'une allocation mensuelle d'environ 500 dollars durant quatre ans (trois ans de thèse, et un an de flottement prévu), sans compter l'aide à l'acquisition d'un ordinateur, les frais de recherche et d'achat de données de réseaux hydrographiques dans plusieurs pays africains, l'achat de logiciels et deux mobilités de quatre mois chacune à Paris ».
Axel a soutenu sa thèse en 2022. Aujourd'hui, il attend un poste d'enseignant-chercheur dans une des universités publiques du Burkina.
August Abdon Kinglo, lui, fait partie des 50 bénéficiaires d'une bourse pour un master. En 2017, il quitte son Bénin natal pour poursuivre ses études à 2iE, après deux ans de formation en génie civil et hydraulique à l'École polytechnique d'Abomey-Calavi. « La réussite au concours de recrutement de 2iE m'a offert l'opportunité d'intégrer cette prestigieuse école, mais aussi d'obtenir une bourse de la Banque africaine de développement, qui prenait en charge l'entièreté de mes frais de scolarité sur trois ans (en moyenne 4 200 dollars par an), auxquels s'ajoutaient des frais de subsistance de 85 dollars par mois ».
August s'est rapidement intéressé aux thématiques liées au développement durable, notamment l'accès à l'eau potable, les impacts des changements climatiques, l'amélioration de la productivité agricole. Il a opté pour une spécialisation dans la mobilisation des ressources en eau souterraine. Son mémoire de master soutenu en janvier 2021 lui a valu la mention « Très bien ».
Alors qu'il aura 26 ans au mois d'août prochain, August prépare actuellement un doctorat avec l'appui de l'Institut français pour la recherche et le développement. À la fin de ses études, le jeune homme se verrait bien parmi les premiers « docteurs-entrepreneurs » en Afrique. Il insiste sur cette expression qui rend parfaitement compte de sa double ambition. Parallèlement à son rêve de devenir enseignant-chercheur, il caresse celui d'entreprendre.
Dans le cadre du parcours « Entrepreneur » de 2iE, August a déjà développé un projet dénommé Chydro-Africa, qui vise à rendre l'agriculture possible dans les camps de réfugiés des zones arides, afin que les personnes déplacées internes ne soient pas exclusivement dépendantes de l'aide. « Ce projet m'a permis de remporter le 3 e prix du parcours « Entrepreneur » en 2020, et d'être lauréat de la prestigieuse Tony Elumelu Foundation Entrepreneurship Program (également soutenu par la Banque africaine de développement, ndlr). En 2022, il a été sacré meilleur projet panafricain dans la catégorie « Business and Entrepreneurship », lors du Camp des programmes de leadership africain » promu par la Fondation Tony Elumelu.
Tout au long de son récit, August - comme Axel - ne tarit pas de mots de reconnaissance à l'égard de la Banque africaine de développement, dont le soutien a été décisif dans son parcours. Mieux, il est convaincu que les 50 étudiants soutenus en master produiront un impact dans leurs domaines respectifs de spécialisation.