Afrique de l'Ouest: Liberté de la presse au Burkina Faso et au Mali - L'Appel des trente

La police arrêtant le journaliste de Radio One Saif-llah Ashraf Kasirye (à gauche) dans le district de Luuka, en Ouganda, le 18 novembre.

Joliba TV News, L'observateur Paalga, France 24, la Fédération des journalistes africains, RFI, Omega Médias, Le Monde, Wakat Sera, Libération... Trente organisations et médias africains et internationaux se mobilisent, en ce 3 mai, en faveur de la liberté de la presse au Mali et au Burkina Faso. Ils interpellent les autorités de ces deux pays et la communauté internationale sur la nécessité de mettre fin aux pressions et aux menaces dont sont victimes les journalistes nationaux et étrangers sur leurs territoires respectifs. Ils appellent les deux gouvernements de transition à respecter les engagements internationaux de leurs pays dans le domaine de la liberté d'expression, en particulier la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.

À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, trente médias africains et internationaux, dont RFI et France 24, publient ce 3 mai 2023 une lettre ouverte adressée aux autorités du Burkina Faso et du Mali, mais également à l'ensemble de la communauté internationale.

Alors que les pressions et les menaces de mort visant des journalistes nationaux et étrangers se multiplient dans ces deux pays, les signataires de ce texte s'inquiètent des menaces qui planent sur la liberté d'expression et la liberté de la presse. « Les mesures prises par les autorités du Burkina Faso, surtout ces derniers mois, sont de nature à remettre en cause le droit fondamental des citoyens à être informés », écrivent-ils dans ce texte collectif. « La liberté commence là où finit l'ignorance », ajoutent-ils, en rappelant les arrestations et les emprisonnements de journalistes et de leaders d'opinion intervenus récemment au Mali.

Albert Camus nous disait que la presse, quand elle est libre, elle peut être bonne ou mauvaise, mais que quand elle ne l'est pas, elle ne peut qu'être mauvaise.

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Inoussa Ouedraogo, directeur de la publication du quotidien «Le Bendré» et président du comité de pilotage du centre de presse Norbert Zongo

« Au Burkina Faso comme au Mali, ces attaques sont de plus en plus relayées sur les réseaux sociaux par des "influenceurs" favorables aux régimes militaires de ces deux pays, qui jouent aux justiciers et n'hésitent pas à menacer de mort les journalistes et leaders d'opinion trop indépendants à leurs yeux », s'alarment encore les signataires de la lettre. Lesquels comptent dans leurs rangs des organisations de défense des droits des journalistes, telles que l'Union internationale de la presse francophone (UPF) ou la Fondation des médias pour l'Afrique de l'Ouest (MFWA), ainsi que des organisations de défense des droits de l'homme, telles que Human Rights Watch et la Fédération Internationale pour les Droits Humains (FIDH).

Aujourd'hui, c'est plus qu'une urgence : la liberté d'expression est un droit constitutionnel. Il est important de sauvegarder ce bien précieux.

Mohamed Attaher Halidou, directeur de l'information au sein de Joliba TV News

En citant le quotidien burkinabè L'Observateur Paalga, les auteurs de la lettre ouverte affirment que « l'instauration d'un régime de terreur » s'accompagne d'une vague de « fake news » qui inondent les réseaux sociaux de contre-vérité. Selon eux, « les premières victimes de ces "influenceurs" sont les populations malienne et burkinabè, qui sont privées de débat démocratique. »

L'ennemi ne saurait être la liberté de la presse. L'ennemi ne saurait être les journalistes. L'ennemi ne saurait être les médias. Bien au contraire, les médias font partie de la solution.

Boureima Ouedraogo, directeur de publication du bimensuel «Le Reporter»

Se disant « conscients de leurs responsabilités », mais aussi de « la complexité politique, géopolitique et militaire » dans ces pays, les trente signataires affirment : « la lutte contre le terrorisme ne doit en aucun cas servir de prétexte pour imposer une nouvelle norme de l'information et pour restreindre les droits fondamentaux des populations malienne et burkinabè à rechercher et à avoir accès à l'information par le biais des médias professionnels et indépendants. »

Pour nous, c'est une initiative de solidarité qui rappelle l'importance capitale du respect et de la promotion de la liberté de la presse.

Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique de RSF à Dakar

La rédaction de cet « Appel des trente » a été coordonnée par le bureau Afrique subsaharienne de Reporters Sans Frontières (RSF).

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