Sénégal: Condamnation en Appel - Les perspectives politiques qui s'offrent à Sonko et à Yewwi, si...

Ousmane Sonko, Leader du parti Pastef les Patriotes

Le leader de Pastef a perdu, hier, son procès en appel contre le ministre Mame Mbaye. Condamné à six mois avec sursis, il risque l'inéligibilité. Il a six jours pour se pourvoir en cassation. Le Professeur Moussa Diaw de l'Université Gaston Berger de Saint-Louis revient sur les éventuelles conséquences au sein de la coalition « Yewwi askan wi » (Yaw).

Six mois de prison avec sursis et 200 millions de FCfa de dommages et intérêts à verser à Mame Mbaye Niang. C'est le verdict de la Cour d'appel sur l'affaire opposant le leader de Pastef, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang (lire le compte rendu du procès en page 12). Si elle est maintenue, cette peine menace l'éligibilité de Sonko à l'élection présidentielle de 2024. Toutefois, le leader de Pastef peut se pourvoir en cassation dans six jours ; autrement, il sera exclu des listes électorales.

Pour le Professeur Moussa Diaw, enseignant-chercheur en science politique à l'Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, il y aura une redistribution des cartes au sein de la coalition « Yewwi askan wi » (Yaw). Il faut s'attendre alors à des positionnements et à des rivalités, prévient-il. De toute façon, l'attitude de Sonko et la consigne qu'il donnera seront déterminantes. « Je crois qu'ils vont redéfinir cette coalition en fonction des intérêts des uns et des autres. Mais tout dépendra de l'attitude de Sonko et de ses soutiens à l'intérieur de la coalition Yaw », soutient-il non sans rappeler la proximité entre le leader de Pastef et son allié Déthié Fall. Le politologue n'exclut pas que M. Fall soit le porte-étendard de Yaw à la prochaine élection présidentielle.

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Les deux leaders ont plus ou moins le même âge. Le patron de Pastef misera-t-il sur le leader du Parti républicain pour le progrès (Prp) au cas où il perdrait son éligibilité ? « Il n'aura pas le choix. S'il ne peut pas se présenter, il sera obligé d'accepter ce choix et négocier un projet commun, et ensemble ils adopteront la stratégie de combat à mener pour la présidentielle », estime l'enseignant-chercheur en science politique à l'Ugb).

Quant à Khalifa Sall, il a décidé d'aller au dialogue initié par le Chef de l'État, ce que Sonko semble ne pas aimer. Vu cette nouvelle donne, est-ce que Sonko va aller au dialogue ? « Cela m'étonnerait. Je ne crois pas qu'il change de position par rapport au dialogue », est persuadé Pr Diaw.

Ce que disent les articles L.29 et L.30

Le Code électoral, en ses articles L.29 et L.30, revient largement sur l'inéligibilité des candidats aux élections. En effet, l'article L.29 stipule que « Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale, les individus condamnés pour crime ; ceux condamnés à une peine d'emprisonnement sans sursis ou à une peine d'emprisonnement avec sursis d'une durée supérieure à un mois, assortie ou non d'une amende, pour l'un des délits suivants : vol, escroquerie, abus de confiance, trafic de stupéfiants, détournement et soustraction commis par les agents publics, corruption et trafic d'influence, contrefaçon et en général pour l'un des délits passibles d'une peine supérieure à cinq ans d'emprisonnement ; ceux condamnés à plus de trois mois d'emprisonnement sans sursis ou à une peine d'emprisonnement d'une durée supérieure à six mois avec sursis, pour un délit autre que ceux énumérés au deuxièmement ci-dessus sous réserve des dispositions de l'article L.28 ; ceux qui sont en état de contumace » ; etc.

Pour sa part, l'article L.30 précise que « Ne doivent pas être inscrits sur la liste électorale pendant un délai de cinq ans à compter de la date à laquelle la condamnation est devenue définitive, les condamnés soit pour un délit visé à l'article L.29, troisième tiret, à une peine d'emprisonnement sans sursis égale ou supérieure à un mois et inférieure ou égale à trois mois ou à une peine d'emprisonnement avec sursis égale ou supérieure à trois mois et inférieure ou égale à six mois, soit pour un délit quelconque à une amende sans sursis supérieure à 200.000 FCfa, sous réserve des dispositions de l'article L.28 ».

Selon Serigne Thiam, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences juridiques et politiques de l'Uiniversité Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le leader de Pastef se trouve dans le cas de figure prévu par l'article L.30. « Si la condamnation est confirmée par la Cour suprême, effectivement il sera inéligible. Ses avocats ont six jours pour saisir la Cour, à défaut, la peine aujourd'hui prononcée sera celle définitive », a soutenu M. Thiam.

Des membres de l'opposition manifestent leur solidarité à Sonko

Suite à la condamnation en appel de Ousmane Sonko, des leaders politiques de l'opposition ont réagi, à travers leurs réseaux sociaux, pour manifester leur solidarité au leader du Pastef.

Parmi ceux-ci, il y a l'ancien Premier ministre Aminata Touré qui parle de « verdict inique contre Ousmane Sonko dont l'objectif est de l'empêcher d'être candidat à l'élection présidentielle ».

Pour sa part, le Président du Grand Parti Malick Gakou estime que « Cette sentence, qui est le reflet de la volonté de le rendre inéligible, sera combattue par les forces vives au nom de la sauvegarde et de la pérennisation de la nation sénégalaise ».

Même son de cloche chez Bougane Gueye Dani et Cheikh Tidiane Youm du Pur. Ils expriment au leader de Pastef « toute notre solidarité et appelons tous les citoyens épris de justice, imbus de valeurs, animés par la démocratie et le respect de l'état de droit à se tenir debout ».

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