Soudan: Reprise des combats à Khartoum et dans d'autres villes - Où va le pays ?

Pieds de bébé (photo d'archive)
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A peine la trêve humanitaire d'une semaine négociée par la coalition américano-saoudienne a-t-elle expiré que les combats ont repris de plus belle au Soudan. D'ailleurs, ladite trêve n'avait jamais été respectée ; tant aucun des deux belligérants que sont Abdel Fattah al-Burhane et Mohamed Hamdane Daglo dit « Hemetti », ne semble prêt à un compromis. Malheureusement, en pareilles circonstances, ce sont les pauvres populations qui en paient un lourd tribut.

En effet, nombreux sont les Soudanais qui, depuis le début de la guerre, vivent terrés chez eux sans eau courante ni électricité, n'ayant même pas de quoi manger ; les prix des denrées alimentaires ayant complètement explosé. Pendant ce temps, d'autres ont préféré prendre la route de l'exil, en l'occurrence vers les pays voisins que sont le Tchad, la Centrafrique, l'Egypte, l'Ethiopie et le Soudan du Sud, qui, eux-mêmes, redoutent désormais une crise humanitaire et sanitaire.

Où va le Soudan ? C'est la question que plus d'un se pose d'autant que les deux frères ennemis qui se sont juré de s'offrir le scalp de l'un ou de l'autre, restent sourds aux appels au calme et à la cessation des hostilités. La preuve, les combats ont repris au moment où la diplomatie américano-saoudienne appelait à une prolongation de la trêve afin de permettre un meilleur acheminement de l'aide humanitaire. Une trève d'autant plus nécessaire que les rares cargaisons de nourriture et de médicaments parvenues à quelques hôpitaux de Khartoum ou dans d'autres zones du pays, ne constituent qu'une goutte d'eau face aux besoins immenses sur le terrain.

Il faudra que les parrains des deux camps, arrêtent de tirer les ficelles dans l'ombre

La situation est si critique et préoccupante qu'une trentaine de nouveau-nés, du fait des coupures d'électricité liées à l'intensité des combats, ont péri par manque d'oxygène depuis le début de la guerre, le 15 avril dernier. Et ce n'est pas tout. Le pire est à craindre dans la mesure où les affrontements entre militaires et paramilitaires sont en train de prendre une autre tournure. Tous les ingrédients, pour ainsi dire, d'une nouvelle guerre civile, sont réunis. A preuve, après l'armée qui a rappelé tous ses retraités, le gouverneur du Darfour a aussi appelé les civils à prendre les armes.

Autant de signaux négatifs qui laissent croire que si rien n'est fait, le Soudan risque de s'embraser à cause des ego surdimensionnés des deux généraux dont l'irresponsabilité le dispute à la boulimie du pouvoir. C'est pourquoi la coalition américano-saoudienne se doit de maintenir la pression sur les deux camps qui, il y a quelques mois seulement, étaient encore des alliés. Il faudra, si besoin en est, envisager des sanctions ciblées contre les principaux protagonistes de la crise.

Mais pour que d'éventuelles sanctions produisent les effets escomptés, il faudra que les parrains des deux camps, arrêtent de tirer les ficelles dans l'ombre. Comme ce fut le cas en Libye où les intérêts géostratégiques des uns et des autres ont contribué à envenimer la situation. Quant aux voisins du Soudan, ils n'ont pas intérêt à rester les bras croisés dans la mesure où une éventuelle déstabilisation du pays les affecterait durablement.

B.O

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