L'état prendra ses responsabilités et des mesures exemplaires seront prises contre ceux qui ont causé les faits ayant perturbé le baccalauréat. Telles sont les grandes lignes de la déclaration présidentielle sur la TVM, hier.
Inacceptable. Ce mot a été lâché de vive voix par Andry Rajoelina, président la République, sur le plateau de la télévision publique, TVM, hier. Un mot pour souligner son indignation face aux faits ayant perturbé le baccalauréat, mercredi. C'est la première fois depuis la période des confinements, en raison de la pandémie due à la Covid-19, que le chef de l'état a pris la parole sur le plateau de la télévision nationale.
Ce qui démontre que l'heure est grave. La fuite de sujet d'Histoire-Géographie, mercredi après-midi, devient une affaire d'état. "Je suis venu sur le plateau de la TVM étant donné l'importance du baccalauréat. (...) C'est l'avenir des candidats qui est en jeu", déclare-t-il d'entrée. Et selon le locataire d'Iavoloha, "l'état prendra des mesures". à l'entendre, des sanctions exemplaires vont tomber contre ceux qui sont impliqués dans les faits de mercredi.
"Il y aura impérativement des mesures à prendre, que ce soit contre les responsables des problèmes d'organisation s'il y en a eu et contre tous ceux impliqués dans cette fuite de sujet ayant troublé le déroulement de l'examen", soutient-il avec véhémence.
S'agissant de la fuite de sujet, l'ordre a été donné à la brigade de lutte contre la cybercriminalité de détecter toutes les sources de la fuite et de débusquer tous ceux qui ont mis en vente les sujets. Le chef de l'état soulève, par ailleurs, l'hypothèse d'une responsabilité au niveau de l'office du Bac ou au niveau du dispatching des sujets d'examen.
Sur le plateau de la TVM, mardi soir, le général Serge Gellé, secrétaire d'état à la gendarmerie nationale, a indiqué qu'il y a déjà des arrestations. Le général Gellé a ajouté que l'enquête est en cours. Des propos renchéris par Landy Mbolatiana Randriamanantenasoa, ministre de la Justice. Toujours sur le plateau de la TVM, mardi soir, elle a qualifié les faits "d'acte de déstabilisation". De prime abord, l'Exécutif veut afficher que ses membres parlent d'une seule voix quant à la condamnation des faits ayant perturbé le baccalauréat.
En parallèle à l'intervention présidentielle, Christian Ntsay, Premier ministre, par le biais d'un communiqué et des ministres au micro de la presse sont montés au front pour dénoncer les faits et affirmer l'intransigeance étatique. Selon la missive de la primature, "les investigations sont en cours sur l'ensemble du territoire. Les présumés responsables seront immédiatement traduits devant la Justice, une fois l'enquête bouclée".
Sans exception
Yvette Sylla, ministre des Affaires étrangères, désigne frontalement "l'opposition". En marge de la réception à l'occasion de la fête nationale Suisse, hier, à Ambohibao, elle tonne, "il y a une ligne à ne pas franchir et elle l'a fait. C'est inacceptable". Sur le plateau de la TVM, hier, le président de la République a également soutenu qu'il y a "des groupes de personnes, quelques personnes responsables à différents niveaux qui ont saboté les examens et ont déstabilisé le pays". Sur sa lancée, Andry Rajoelina décoche "si vous n'aimez pas les tenants du pouvoir, ne sacrifiez pas les enfants malgaches".
Outre la question sur la responsabilité des faits, les autorités s'interrogent aussi s'il s'agit d'un acte intentionnel ou non, selon le chef de l'état. à entendre ses propos sur le plateau de la télévision nationale, la piste d'un acte délibéré est privilégiée. Au-delà de la fuite de sujet, c'est l'absence d'anticipation et la réaction incongrue des responsables de l'organisation du Bac qui irrite l'opinion publique.
Il a fallu que les candidats attendent deux heures avant de reprendre l'épreuve d'Histoire-Géographie. Il fallait encore attendre la confirmation de la fuite de sujet, les consignes des responsables centraux ou qu'il fallait acheminer et ensuite dupliquer le sujet de réserve sont des bruits entendus au niveau de différents centres d'examen. Pour beaucoup, l'option idéale était d'annuler l'épreuve et la reprendre un autre jour.
Ce qui a finalement été décidé en Conseil des ministres. Prendre l'initiative d'opter pour l'annulation de l'épreuve aurait évité bien des tracas pour les candidats et la cohue nationale. Le chef de l'état lui-même reconnaît qu'il est malheureux de voir des lycéens s'éclairer à la bougie ou sortir de salle, dans le froid, pour pouvoir passer l'épreuve nocturne sous un éclairage public. à cela s'ajoute le calvaire infligé par l'insuffisance des transports publics et les risques face à l'insécurité. Prévoir des sujets de réserve est, par ailleurs, en prévision d'éventuelles fuites.
D'aucuns s'interrogent pourquoi n'ont-ils pas déjà été en stand-by et imprimés dans les centres d'examen, mais qu'il fallait attendre deux heures pour qu'ils soient disponibles. En sus de la fuite de sujet, le président de la République, dans son intervention, d'hier, a aussi parlé des mesures à prendre "contre les responsables des problèmes d'organisation s'il y en a eu". Vers la fin de son intervention, Andry Rajoelina assure que l'état va sévir. "Des mesures seront prises contre tous les responsables, sans exception, dans les perturbations des examens", affirme le Président. Pour rappel, en 2019, des soucis dans le déroulement du Bac ont eu pour conséquence la mise sur la touche de la ministre de l'Enseignement supérieur de l'époque.