L'ancien président de la Rencontre africaine de défense des droits de l'homme (Raddho) désavoue la Direction générale des élections (Dge), suite à son refus de délivrer les fiches de collecte de parrainages pour l'élection présidentielle du 25 février prochain, au mandataire national de la coalition « Sonko président 2024 ».
Invité du jour de l'émission Objection de la radio Sudfm (privée) hier, dimanche 1er octobre, Alioune Tine, par ailleurs président fondateur du think tank Afrikajom Center, a invité le commissaire Tanor Thiendalla Fall, Dg de la Dge et ses collègues, à rester dans le rôle d'une administration neutre, impartiale et éviter d'empiéter sur les compétences du Conseil constitutionnel, seul organe habilité par la loi pour statuer sur l'éligibilité des candidats à la présidentielle.
Le refus catégorique de délivrer les fiches de collecte de parrainages pour l'élection présidentielle du 25 février prochain, opposé par la Direction générale des élections (Dge) au mandataire national de la coalition « Sonko président 2024 » continue de susciter des vives réactions.
Dernière en date, la sortie de l'ancien président de la Rencontre africaine de défense des droits de l'homme (Raddho) hier, dimanche 1er octobre sur les ondes de la radio Sudfm (privée). Invité du jour de l'émission Objection animée par notre confrère Baye Oumar Guèye, Alioune Tine, président fondateur du Think tank Afrikajom Center, s'est démarqué de l'attitude de la Direction générale des élections qui, selon lui, empiète sur les compétences du Conseil constitutionnel.
En effet, pour Alioune Tine, seul cet organe est habilité par la Loi à régler les contentieux sur la question de l'éligibilité des candidats à l'élection présidentielle.
Poursuivant son propos, l'Expert international indépendant sur la situation des droits de l'homme au Mali invite ainsi tous les acteurs impliqués dans le processus d'organisation de cette élection au « respect de l'Etat de droit, de la démocratie, et des termes du Code électoral pour une bonne organisation de cette élection présidentielle du 25 février 2024».
« Le grand problème que nous avons aujourd'hui, c'est la question de l'éligibilité. Les années passées, c'était les fraudes pendant la période électorale ou post- électorale. Maintenant, les problèmes arrivent avant même le jour de l'élection. Car, on peut bloquer votre dossier avant même le dépôt des candidatures sur la base de l'éligibilité avec la Dge. Cette question, il faut qu'on la règle. Si, on a un contentieux au niveau de l'éligibilité, vous avez l'administration qui règle ce contentieux. Or, nous n'avons pas aujourd'hui, un Etat impartial », fait-il remarquer avant d'ajouter avec insistance.
« Il faut laisser le soin au Conseil constitutionnel de régler les contentieux sur la question de l'éligibilité. C'est beaucoup plus simple. Il nous faut respecter le droit, il faut qu'à la fois, le pouvoir et l'opposition, fassent des efforts pour respecter le droit. Il faut que l'administration essaie d'être impartiale. Qu'elle ne donne pas l'impression qu'elle n'est pas neutre. C'est une régression par rapport à ce qu'on a connu avant », a-t-il martelé tout en préconisant l'ouverture d'un nouveau débat entre acteurs politiques sur la tenue de cette élection. « Il y a eu un moment, quand le président Abdou Diouf a reconnu que l'administration était partisane, il est parti prendre des gens dans l'armée pour les mettre aussi bien à la tête du ministère de l'Intérieur et de l'Onel (Observation national des élections) pour régler les problèmes des mécanismes de régulation des élections. Et l'armée a été, effectivement aujourd'hui, un facteur probant et améliorant de stabilité de la démocratie. Que le pouvoir via le ministère de l'Intérieur discute avec les partis politiques pour trouver un consensus qui permette la bonne tenue des élections. Et ça, c'est possible.», a-t-il estimé.
Par ailleurs, interpellé sur la pléthore de candidats à la candidature (126 environ selon des chiffres publiés par plusieurs médias) ayant retiré leurs fiches de parrainage, Alioune Tine soutient que cette inflation des candidatures montre l'épuisement du modèle de présidentialisme exacerbé incarné par le dicton « un homme face à un peuple » importé de la France du général de Gaulle mais qui n'est plus en vigueur dans l'hexagone.