Des représentants de plus de 30 institutions financières de développement régionales et internationales ont pris part à la première table ronde sur l'autoroute Abidjan-Lagos.
Les chefs d'État de la communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont décidé de mettre un pied d'accélérateur pour la construction de l'autoroute Abidjan-Lagos. La Banque africaine de développement joue un rôle pionnier dans la mobilisation des financements pour la réalisation de ce projet. La Banque a déjà apporté 25 millions de dollars pour financer la préparation du projet. En outre, avec ses partenaires, elle a mobilisé 15,6 milliards de dollars d'intérêts de financement lors des boardrooms de l'Africa Investment Forum (AIF) organisées en mars 2022.
Réunis le 9 juillet 2023, en marge d'un sommet de la CEDEAO à Bissau, la capitale de la Guinée-Bissau, les dirigeants du Bénin (Patrice Talon), de la Côte d'Ivoire (Alassane Ouattara), du Ghana (Nana Akufo-Addo), du Nigéria (Bola Tinubu) et du Togo (Faure Essozimna Gnassingbé), - des pays que l'autoroute va traverser - ont engagé la Commission de la CEDEAO « à accélérer la réalisation de l'étude de conception détaillée, de la stratégie financière et de mise en oeuvre, ainsi que la constitution des dossiers d'appels d'offres pour le lancement de la phase de construction » de l'autoroute.
Ils ont, en outre, instruit la Commission de la CEDEAO « à collaborer avec la Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) et la Banque africaine de développement, ainsi que d'autres partenaires au développement et le secteur privé, pour engager des efforts soutenus de mobilisation de ressources pour le financement des investissements en vue de la construction de l'autoroute ».
Pour montrer leur ferme empressement à réaliser ce projet, les dirigeants ont décidé d'établir le siège de l'Autorité de gestion du Comité Lagos-Abidjan (ALCoMA) en Côte d'Ivoire. Formée de représentants de la CEDEAO et des pays bénéficiaires du projet, l'ALCoMA est un maillon essentiel qui est chargée de la gestion du projet.
Conformément à ces instructions, une première table ronde des institutions financières de développement a été organisée en collaboration avec la Commission de la CEDEAO, le 26 septembre 2023, au siège de la Banque africaine de développement à Abidjan. L'objectif principal de cette table ronde était de fournir aux principales institutions financières de développement régionales et internationales les dernières informations sur cet important projet régional. Cette réunion a servi également de plateforme de sensibilisation et de « test de marché souple » du projet pour confirmer l'intérêt des investisseurs exprimés lors des Boardrooms de l'AIF 2022 et tenir compte de leurs recommandations et exigences. Cela se fait pendant que des efforts sont en cours pour finaliser les études techniques du projet à la fin de ce mois d'octobre 2023.
L'AIF est une plateforme transactionnelle, multipartite et multidisciplinaire conçue par la Banque africaine de développement et sept partenaires pour lever des capitaux pour des investissements d'envergure en Afrique. Depuis sa création en 2018, l'Africa Investment Forum a attiré 142,6 milliards de dollars d'intérêts d'investissement en Afrique.
La table-ronde a été un succès avec 180 participants représentant plus de 30 bailleurs de fonds dont la BIDC, l'Union européenne, la British International Investment (BII), l'Agence belge de développement (Enabel), l'Agence française de développement (AFD), la Banque européenne d'investissement (BEI), Africa 50, la Banque islamique de développement (IsDB), la Banque mondiale, l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA), l'USAID, le Millenium Challenge Corporation (MCC), Afreximbank, Belgian Investment Company for Developing Countries (BIO), US International Development Finance Corporation (DFC), les coopérations allemande, canadienne, coréenne et espagnole, etc. Des institutions comme la MIGA - l'Agence multilatérale de garantie des investissements, filiale du Groupe de la Banque mondiale -, l'ATIDI, TradeMark Africa et the Global Infrastructure Hub (GI Hub) ont été également représentées à cette table ronde.
« La prochaine étape sera de mobiliser les investisseurs privés et les bailleurs de fonds à travers des sessions de sondage de marché, une fois les études de conception technique terminées », a déclaré Mike Salawou, directeur du Département des infrastructures et du Développement urbain à la Banque africaine de développement.
Le projet d'autoroute Abidjan-Lagos prévoit la construction d'une voie autoroutière de 1 081 kilomètres pour relier cinq pays d'Afrique de l'Ouest - Côte d'Ivoire, Ghana, Togo, Bénin et Nigéria.
Il fait partie des priorités de la CEDEAO dans le cadre de sa « Vision 2050 ». Il figure aussi parmi les projets du Plan d'action prioritaire du Programme continental de l'Union africaine pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA) dont la Banque africaine de développement assure la mise en oeuvre.
Ce corridor intégrateur, reliera les villes et ports les plus dynamiques sur le plan économique et les agglomérations les plus densément peuplées d'Afrique de l'Ouest (Lagos, Abidjan, Accra, Cotonou et Lomé). Il permettra aussi de densifier les échanges et l'intégration en Afrique de l'Ouest, en offrant notamment un accès portuaire maritime aux pays enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad) grâce à sa jonction avec d'autres corridors le long de l'axe Nord-Sud.
Cette autoroute viendra dynamiser les transports (routes, voies ferrées, ports et aéroports) de l'Afrique de l'Ouest et complétera le corridor Enugu-Bamenda, qui relie le sud-est du Nigéria en Afrique de l'Ouest au sud-ouest du Cameroun, en Afrique centrale. Ce qui va accélérer considérablement la mise en oeuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
L'autoroute partira de Bingerville, dans la banlieue est d'Abidjan, pour se terminer à Mile 2 (Eric Moore) à Lagos.
L'axe Abidjan-Lagos concentre près de 75 % des activités commerciales de l'Afrique de l'Ouest. Le secteur des transports représente 5 à 8 % du produit intérieur brut de la région et joue un rôle essentiel dans le développement économique et la création d'emplois, notamment pour les femmes et les jeunes.