Le premier tour de l'élection présidentielle, qui va se tenir demain, s'annonce comme un événement politique sans précédent dans l'histoire du pays. Cette élection inédite est marquée par une série de situations exceptionnelles, révélant des fissures profondes dans le processus démocratique.
La date du 16 novembre 2023 sera historique pour le pays. Date à laquelle va se tenir le premier tour de l'élection présidentielle pour cette année mais qui est déjà entachée par des situations inédites. D'une importance capitale, cette élection qui va appeler aux urnes les électeurs pour plébisciter le nouveau président de la République, se distingue par le fait que la majorité des candidats inscrits ont choisi de boycotter le scrutin.
Le Collectif des candidats, regroupant Marc Ravalomanana, Hajo Andrianainarivelo, Hery Rajaonarimampianina, Brunelle Razafintsiandraofa, Auguste Paraina, Jean-Jacques Ratsietison, Andry Raobelina, Roland Ratsiraka, Tahiana Razafinjoelina, ont appelé les électeurs à l'abstention. Une situation sans précédent qui jette une ombre sur le processus électoral alimentant le débat sur sa légitimité. Face à eux, Andry Rajoelina, président sortant, Siteny Randrianasoloniaiko et Sendrison Daniela Raderanirina, vont affronter les urnes demain.
Unité rare
Un autre élément novateur est le choix de plusieurs candidats de ne pas mener de campagnes traditionnelles. Au lieu de cela, ils ont opté pour des manifestations massives de contestation depuis un mois déjà, exprimant ainsi leur rejet catégorique du processus électoral en cours. Le mode opératoire du Collectif des candidats n'a pas bougé d'un iota depuis le début officiel de la campagne électorale le 10 octobre dernier : pas de meeting en province, ni des goodies, encore moins des gadgets pour la promotion d'un candidat, mais des rendez-vous urbains qui appellent les partisans à descendre dans la rue pour contester le processus en cours.
L'organisation est faite pour viser le pilotage du processus par le triumvirat, notamment la commission électorale, la Haute cour constitutionnelle et le gouvernement. Tout en gardant dans leur ligne de mire la candidature de Andry Rajoelina, cette stratégie différencie ce scrutin du 16 novembre des autres consultations précédentes. Car c'est une grande première dans l'histoire politique du pays que les candidats se sont unis pour dénoncer ouvertement la tenue du scrutin. Cette unité rare révèle une préoccupation partagée quant à l'intégrité du processus électoral, mettant en lumière les tensions croissantes dans le pays.
Préoccupations sécuritaires
Les protestations avant même la tenue des élections marquent aussi un tournant significatif. Les milliers de partisans du Collectif des candidats expriment ainsi leurs inquiétudes, bien avant la tenue du scrutin, quant à l'équité et à la transparence du processus électoral, signe d'une nouvelle dynamique politique. Et contrairement aux élections précédentes, le traditionnel silence électoral de la veille du scrutin est menacé.
Les opposants à l'élection ont initié un mouvement de contestation ce jour, soulignant l'importance de leur cause et mettant à l'épreuve les normes électorales établies. Puis, une première fois dans l'histoire, les forces de sécurité sont fortement mobilisées pour garantir la sécurité des bureaux de vote et des centres de vote. Armées et dissuasives, ces forces révèlent l'ampleur des préoccupations sécuritaires liées à ce scrutin exceptionnel.