Le Tchad compte aujourd'hui plus d'un million de réfugiés soudanais sur son territoire, ce qui en fait le pays hôte de l'une des populations de réfugiés les plus importantes et à la croissance la plus rapide de tout le continent africain.
« Cette crise oubliée s'est aggravée alors que le monde a les yeux rivés sur d'autres situations d'urgence. Il est effrayant de constater que le nombre de gens du Darfour (région du Soudan) ayant fui vers le Tchad au cours des six derniers mois a été plus élevé qu'au cours des 20 dernières années », selon Pierre Honnorat, Directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) au Tchad.
Depuis le début du conflit au Soudan, les agences humanitaires tirent la sonnette sur la crise humanitaire « inimaginable » dans le Darfour, voisin du Tchad, avec des rapports faisant état de tueries, de viols et de destructions massives.
« Réduire notre aide n'est tout simplement pas une option »
C'est dans ce contexte, que le PAM alerte aujourd'hui sur un arrêt imminent de son assistance alimentaire et nutritionnelle à 1,4 million de personnes touchées par la crise au Tchad en raison de contraintes financières.
« La peur et le désespoir sont perceptibles dans les yeux de ceux qui traversent la frontière sans rien sauf des récits déchirants de violence. Ensemble, nous devons trouver un moyen de soutenir les femmes, enfants et hommes qui subissent de plein fouet les conséquences de cette crise. Réduire notre aide n'est tout simplement pas une option, car cela aurait des conséquences incalculables pour des millions de personnes et mettrait en péril des années d'investissement dans la lutte contre la faim et la malnutrition au Tchad », a prévenu M. Honnorat.
Lors d'une conférence de presse ce matin à Genève, Enrico Pausilli, Directeur adjoint du PAM au Tchad a rappelé que la situation des Tchadiens étaient tout aussi difficile « avec des millions de personnes déjà confrontées à l'insécurité alimentaire et à la malnutrition - en particulier les enfants - en raison d'une confluence de calamités, notamment l'impact de la crise climatique, la situation de l'économie mondiale qui font grimper les prix des denrées alimentaires et des carburants, la baisse de la production agricole et les tensions intercommunautaires ».
Un besoin urgent de 185 millions de dollars
La réduction des fonds et la montée en flèche des besoins humanitaires immenses obligent le PAM à prendre des décisions difficiles. En décembre, le PAM sera contraint de suspendre son assistance aux personnes déplacées et aux réfugiés du Nigéria, de la République centrafricaine et du Cameroun en raison de l'insuffisance des fonds.
À partir de janvier 2024, cette suspension sera étendue à 1,4 million de personnes au Tchad, notamment les nouveaux réfugiés du Soudan qui ne recevront pas de nourriture.
« La réduction de l'aide ouvre la voie à des crises nutritionnelles, à des crises d'instabilité et à des crises de déplacement », a averti M. Honnorat.
Pour assurer un soutien continu aux populations touchées par la crise au Tchad au cours des six prochains mois, le PAM a besoin d'urgence de 185 millions de dollars.