Comores: Les priorités du candidat Bourhane Hamidou du mouvement Woneha avec Daoud Halifa

Moroni, capitale des comores.
interview

Aux Comores, l'élection présidentielle se tiendra le 14 janvier prochain. Avant cette échéance, RFI débute une série d'interviews avec les six candidats engagés dans ce scrutin. Pour cette première interview, c'est Daoud Halifa, mandataire et porte-parole du candidat Bourhane Hamidou du mouvement Woneha, qui répond aux questions de notre correspondant à Moroni, Abdallah Mzembaba.

Pourquoi cette candidature aujourd'hui, à la présidence de l'Union des Comores ?

C'est un moyen pour tout démocrate d'aller vers l'alternance. Je pense que vous n'êtes pas étranger à la situation qui prévaut aux Comores en ce moment tant sur le plan institutionnel, économique et politique. Donc tout démocrate ne peut rester insensible face à la situation. Il [Bourhane Hamidou NDLR] est candidat aujourd'hui compte tenu de l'état dans lequel se trouve le pays.

Il s'estime être en mesure de réconcilier le pays, parce qu'il y a une fracture de la société, et puis une tension, un désir de règlement de comptes. Et c'est un candidat qui peut apaiser les deux camps, parce que nous on est, si on veut, au milieu, parce qu'on appartient à aucun parti et, comme on le dit, notre parti, c'est le peuple. Ce pays n'a pas besoin d'une crise supplémentaire, c'est un peuple qui souffre sur tous les plans, à la fois sur le plan sanitaire, économique, financier. Voilà la motivation de notre participation à cette élection.

Quelles sont les deux priorités du candidat Bourhane ?

D'abord, il faut procéder immédiatement, créer les conditions pour que la tournante soit rétablie. Ça, c'est la première priorité. Ensuite, rétablir l'autorité de l'État, puis nous engager à un respect strict de l'application des institutions, c'est ça notre première priorité, pour créer les conditions d'un État de droit, où chaque citoyen a ses droits et devoirs, comme dans d'autres pays.

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Cela passe concrètement par quelles mesures ?

D'abord, je pense que la Constitution actuelle est contestée, il faut créer les conditions de sa suspension, ça c'est la première mesure à faire. On ne peut pas contester cette Constitution pendant sept ans et puis venir aujourd'hui continuer à l'appliquer.

Donc je pense qu'il faut raisonnablement aller vers sa suspension. Maintenant, il appartient à l'équipe et au pays d'apprécier quelles sont les conditions pour la mise à l'écart de cette Constitution : faut-il organiser un référendum constitutionnel ? Ce qui va coûter vraiment très cher aux finances de l'État alors que les finances de l'État, comme vous le savez, sont au plus bas, parce que le pays a été mal géré pendant ces sept ans. Vraiment, on a d'autres priorités, notamment l'éducation, parce que, comme vous le savez, ce régime a tué l'éducation et quand on veut tuer un pays, on commence par l'éducation. Donc voilà, notre priorité principale, c'est l'éducation.

Certains candidats appellent à une candidature unique, quel est votre avis sur le sujet ?

J'étais de ceux qui ont eu, avec d'autres, cette proposition. Ma réflexion repose sur le fait que dans l'esprit d'Azali, il ne peut y avoir de deuxième tour étant donné la manoeuvre qu'il a mise en place, une fraude très organisée, et on est un peu au courant de ce qui se passe par rapport à des procès-verbaux qui sont faits, l'accréditant aux alentours, apparemment, de 52%. On a un parallélisme sur les listes, donc autant d'éléments qui sont inquiétants pour la paix civile.

Quelles conditions vous exigez pour, justement, assurer une certaine transparence et une équité vis-à-vis de ce scrutin ?

Déjà, on ne peut pas avoir une transparence totale dès lors que dès le départ, la convocation elle-même du corps électoral était biaisée parce que, comme vous le savez, il y a une période que prévoit la Constitution et la loi qui en découle, période de trois mois pour la révision des listes ; (puis) trois mois après, quand on a révisé les listes, on doit convoquer le collège électoral.

Toute cette procédure a été bâclée. Mais j'avais eu à préciser que cette contravention à la Constitution, et aux lois qui en découlent, vient du fait qu'Azali pensait - je l'ai déjà dit dans une précédente interview -- que c'était pour décourager l'opposition d'aller aux élections. Aujourd'hui, on a compris la ruse et malgré tous les freins qu'il y a eus, on continue à croire en notre peuple, tout d'abord, on ne croit pas en Azali, on croit en notre peuple, en un peuple mûr, mûr par la souffrance qu'il vit. Donc je pense que le peuple ne se laissera pas voler sa victoire.

Quel est votre avis sur les relations actuelles entre Paris et Moroni ?

Mon désir serait que mes deux pays aient des relations apaisées et d'amitié. Malheureusement, un, il y a une question très épineuse qui est l'histoire de Mayotte qui pourrit les relations entre les deux pays. Et puis, la façon dont les gouvernements français précédents, et même l'actuel, gèrent les relations en Afrique, de façon générale, les Comores et dans tout le continent, vous êtes bien placé pour savoir tous les bouleversements qu'il y a eus en Afrique, bouleversements dus, justement, à la gestion de la politique française en Afrique. Donc mon souhait serait d'avoir des relations mutuellement avantageuses avec un respect mutuel, évidemment. Ça serait mon souhait.

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