Gabon: Procès de Pascaline Bongo en France - Les cadres de l'entreprise Egis Route à la barre

Pascaline Bongo, sœur du président gabonais déchu Ali Bongo, à son arrivée au tribunal, le 29 janvier 2024 à Paris.

La soeur du président déchu Ali Bongo est accusée de corruption passive. Lors de cette deuxième journée d'audience, le procès est entré dans le vif du sujet. Ce sont les dirigeants de la société Egis Route qui ont été appelés à la barre.

L'entreprise est accusée d'avoir versé 8 000 000 d'euros à Pascaline Bongo pour qu'elle l'aide à décrocher des marchés publics au Gabon. La juge a interrogé les cadres de l'entreprise pour savoir qui faisait quoi, quelles étaient les procédures pour empêcher la corruption, pour évaluer les risques financiers et surtout, qui étaient responsables de certaines décisions, notamment celle de choisir Sift, la société de Pascaline Bongo, comme partenaire alors qu'elle occupait les fonctions de la présidence.

Christian Laugier est le premier à s'être exprimé. Directeur général d'Egis Route à l'époque, il a expliqué qu'il n'était pas au courant que Pascaline Bongo avait de telles fonctions, sinon il aurait bloqué tout partenariat vu le risque de conflit d'intérêts, ajoutant qu'Egis avait une tolérance zéro pour la corruption.

« Quand on veut s'implanter dans un pays, il faut un partenaire local, c'est le b.a.-ba », a indiqué de son côté Gérard Vallat. L'ancien directeur général délégué dit qu'il ne savait pas que Pascaline Bongo était à la tête de Sift. « Je l'ai découvert lors de mon audition par les enquêteurs ». C'est Yannick Couegnat qui a amené Pascaline Bongo dans le jeu. L'ex-directeur opérationnel avait une connaissance au Cameroun. Qui lui a présenté Franck Ping, fils de l'ancien ministre Jean Ping, qui lui-même les met en relation avec l'aînée des Bongo.

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L'ancien directeur ne savait pas qu'elle était autre représentante de la présidence et qu'il y avait un risque de conflit d'intérêt, et ce, malgré un rendez-vous en face à face au palais du bord de mer à Libreville. « Sa fonction était honorifique. J'ai lu dans la presse qu'elle avait été écartée par son frère Ali. Je me suis dit qu'il n'y avait pas de problème », indique Yannick Couegnat.

Y a-t-il eu une commission occulte proposée à Pascaline Bongo ? Est-ce que quelqu'un vous a déjà approché pour dire qu'il faudrait payer ?

À toutes ces questions, Yannick Couegnat a répondu un non catégorique.

Finalement, après vérifications, Egis a considéré Pascaline Bongo comme une PPPE, une Personnalité Politique Particulièrement Exposée, mais a continué son partenariat, du moment que tout était transparent. Les juges se sont interrogés néanmoins sur le manque de vérifications et de précautions.

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