C'est un sélectionneur de la Côte d'Ivoire heureux qui s'est présenté devant la presse juste après le sacre des Eléphants à la CAN 2023. Une victoire finale que Emerse Fae à du mal à réaliser au vu des moments difficiles dans lesquels son équipe est passée, aussi bien en phase de poule que dans les matchs à élimination directe. Le coach des Eléphants s'exprimait au micro de Dounia Mesli, envoyée spéciale d'Africa Top Sports à la CAN.
Journaliste : Coach, quelle lecture faites-vous de la compétition en général ?
Emerse Fae : Beaucoup de suspense, beaucoup de surpris, beaucoup de spectacle. La Côte d'Ivoire peut être fier de sa CAN parce qu'elle a été riche en rebondissement. Je suis content pour le pays d'avoir organisé une CAN comme celle-ci.
Coach, ce que vous vivez est un vrai conte de fée ?
Plus qu'un conte de fée, j'ai du mal à le réaliser. Quand je repense à tout ce que nous avons vécu pendant la compétition, les moments difficiles, les moments où on a été humilié, les moments nous sommes revenus à la dernière minute, c'est extraordinaire, c'est une chance énorme. Nous sommes des miraculés mais nous sommes partis chercher le trophée parce que nous n'avons pas abandonné, parce que nous nous sommes battus jusqu'au bout, et nous avons montré que nous étions des hommes et que nous savions rebondir malgré les difficultés.
Bonsoir coach. C'est presque comme un conte de fées. La Côte d'Ivoire a organisé la CAN ça fait 40 ans, aujourd'hui vous avez écrit l'une des plus belles pages du football ivoirien à 40 ans. Quel est le sentiment qui vous anime ?
Honnêtement, je ne peux même pas mesurer ma joie. C'est énorme, c'est énorme. Je rêvais de gagner la coupe en tant que joueur, mais je ne l'ai pas fait, maintenant, j'ai eu l'opportunité de le faire en tant qu'entraîneur. Je suis heureux que cela se soit produit dans ces circonstances particulières, car aujourd'hui c'est mon anniversaire. Je dois encaisser le départ de Jean-Louis Gasset, que je félicite car c'est aussi sa victoire. C'est un anniversaire spécial, mais par la grâce de Dieu, nous avons eu une seconde chance, nous l'avons saisi a fond, nous n'avons pas lâché pour aller chercher la coupe.
Coach, J'aimerais savoir, on est mené 1-0 à la mi-temps, qu'avez-vous dit aux Eléphants dans les vestiaires, puisque 10 minutes après l'entame de la deuxième période, la Côte d'Ivoire égalise ?
A la mi-temps, on leur a demandé de continuer, de continuer à faire courir l'adversaire. C'est le 7è match aujourd'hui, il faisait chaud, j'ai senti les Nigérians un peu émoussé. Donc nous avons demandé à nos joueurs de continuer, de continuer à faire circuler le ballon, de les épuiser le plus possible, car nous savions que si nous le faisions, tôt ou tard, ils laisseraient des espaces que nous aurions besoin d'utiliser.
Coach, vous avez fait de très bons débuts en tant qu'entraîneur et après quatre matchs, vous êtes champion. Comment avez-vous pu gérer tout cela ? Comment avez-vous transmis un peu de calme à vos joueurs, pour qu'ils ne craquent pas sous la pression ?
Parce que je suis de nature calme. Je suis de nature très calme, je suis discrète. Nous avons aussi des joueurs expérimentés, des joueurs comme Serge Aurier, qui a remporté la CAN en 2015. Ils ont beaucoup d'expérience. Je savais que de ce point de vue que nous aurions un avantage sur le Nigeria, car ils ont moins d'expérience que nous, ou du moins d'expérience en finale. Et quand on sait que jouer les finales est un moment spécial, je pense que de ce côté-là, nous étions super excités.
Coach, vous êtes menés à la mi-temps, vous revenez en ayant deux occasions coup sur coup avec Gradel et Kessié mais vous les ratez. Est-ce que ça ne sème pas le doute dans votre tête ?
Non, il restait beaucoup de temps, on avait la maîtrise du jeu. On savait qu'on aurait des opportunités, donc il fallait se calmer et insister. Avec les joueurs qu'on avait, avec la puissance qu'on avait, on était sûr qu'on avait encore beaucoup de temps pour revenir. Même si nous avons raté ces deux occasions, nous sommes restés confiants.
Coach, la force de votre équipe est votre combativité. Vous l'avez prouvé contre le Sénégal puis contre le Mali. Alors je veux juste savoir, quel est le secret derrière votre esprit combatif ?
Nous sommes soulagés. Soulagés parce qu'on s'est battu, c'était très très dur de relever la tête à chaque fois, après les matchs de poule. Et à chaque fois qu'on faisait un match, contre le Sénégal, contre le Mali, c'était toujours compliqué. On était toujours obligé de revenir après le score.
Mentalement, physiquement, il a toujours fallu puiser dans nos réserves. Mais je suis soulagé aujourd'hui car au moins on sait qu'on n'a pas fait tous ces efforts pour rien et qu'on a respecté le football. Parce que sur la phase de poule, on était complètement à côté. Nous étions proches de l'élimination, proches de l'humiliation. Et quand on nous a donné une seconde chance, nous avons montré notre dignité, nous nous sommes battus et nous n'avons pas abandonné. Alors ce soir, je suis vraiment soulagé et heureux d'avoir fait tout ce chemin depuis les matchs de poule.