Assemblées annuelles 2024 - Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, appelle à une refonte de l'institution afin d'attirer des investissements du secteur privé pour changer la donne

30 Mai 2024
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African Development Bank (Abidjan)
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Le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, a dévoilé, mardi 28 mai, un ambitieux programme en cinq points visant à attirer les investissements du secteur privé dont l'Afrique a tant besoin pour accélérer sa transformation économique et relever les défis posés par une multitude de crises mondiales étroitement liées.

Prenant la parole lors du Dialogue des gouverneurs, un événement phare des Assemblées annuelles de la Banque, M. Adesina a appelé à une série de changements et de réformes. Il a souligné que sans ces changements, il serait impossible de créer ce qu'il a appelé la « banque des solutions adaptées » -- une banque capable d'accroître les investissements du secteur privé aux niveaux requis pour répondre aux besoins du continent.

« Nous devons être agiles, plus rapides et réactifs... Ce n'est qu'à cette condition que le Groupe de la Banque africaine de développement pourra réellement contribuer à la transformation de l'Afrique par le biais du secteur privé « a-t-il déclaré aux conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque lors de leur session dénommé Dialogue des gouverneurs qui se tenait sur le thème » Mobiliser le secteur privé pour accélérer la transformation de l'Afrique ».

« En substance, la Banque africaine de développement doit se réinventer... passant d'une institution financière largement axée sur le secteur public à une institution davantage axée sur le secteur privé. Pour ce faire, il faudra modifier les instruments et les processus afin de les rendre plus souples et plus adaptés au secteur privé », a-t-il déclaré.

« Les défis auxquels nous sommes confrontés sont formidables. En même temps, les opportunités sont nombreuses. Nous sommes inébranlables dans notre engagement à continuer à établir des partenariats et à innover de manière à améliorer notre efficacité, nous permettant de travailler à grande échelle » a déclaré M. Adesina à l'assemblée de haut niveau des actionnaires de la Banque.

Le président du Groupe de la Banque a déclaré qu'alors que le monde est confronté à de multiples défis, notamment les tensions géopolitiques, l'inflation mondiale persistante, la hausse des prix des denrées alimentaires et de l'énergie, et les changements climatiques, le fait est que les ressources des gouvernements ne suffiront jamais à elles seules à répondre aux besoins de développement de l'Afrique.

« Le secteur privé doit donc jouer un rôle essentiel, qu'il s'agisse de lutter contre les changements climatiques, d'élargir l'accès des pays aux marchés de capitaux mondiaux, de soutenir le financement des entreprises ou de réaliser des infrastructures plus rentables grâce à des partenariats public-privé », a-t-il déclaré.

Création d'une plateforme de garantie autonome pour l'Afrique

Pour accélérer les investissements du secteur privé en Afrique, il a mis l'accent sur cinq domaines qui, selon lui, requièrent l'attention du Groupe de la Banque.

  • Premièrement, la préparation de projets bancables susceptibles d'attirer des investissements, ce qui nécessite de regrouper et de mettre à l'échelle les facilités de préparation de projets disparates qui existent actuellement sur le continent.
  • Deuxièmement, la Banque doit regrouper toutes ses garanties partielles de risque et de crédit et fournir une atténuation des risques à grande échelle pour les investisseurs dans le cadre d'une Plateforme de garantie pour l'Afrique autonome.
  • Troisièmement, il est nécessaire de créer une agence de notation de crédit africaine indépendante afin de fournir des évaluations équitables des risques en Afrique et de servir d'instrument contre-factuel aux biais actuels dans les notations de crédit des entités souveraines et non souveraines africaines.
  • Quatrièmement, il faut renforcer l'Africa Investment Forum pour qu'il continue de jouer un rôle important et stratégique sur la place de marché pour les investisseurs et qu'il soutienne sa viabilité financière, que ce soit au sein de la Banque ou en dehors de celle-ci.
  • Cinquièmement, la Banque africaine de développement prévoit d'accroître ses financements au secteur privé en triplant les opérations de financement non souveraines pour les porter à 7,5 milliards de dollars par an au cours de la prochaine décennie. Cela nécessitera une réflexion approfondie sur le modèle économique de la Banque, lui permettant de prendre davantage de risques, tout en découplant les risques du bilan de la Banque.

M. Adesina a ajouté qu'aujourd'hui, l'Afrique dispose de plus de 2 500 milliards de dollars d'actifs gérés par des fonds de pension, des fonds souverains, des compagnies d'assurance et de l'épargne collective. Tirer parti de ces fonds de manière créative pour le développement peut être transformationnel.

Un rôle catalytique

M. Adesina a souligné que la Banque soutenait également la création de véhicules de capital-investissement évolutifs. Par exemple, pour mobiliser des financements du secteur privé pour les infrastructures, la Banque a créé Africa50, un véhicule de capital-investissement pour développer des infrastructures avec des taux de rendement du marché.

« Aujourd'hui, Africa50 a investi dans un portefeuille de sociétés d'infrastructure pour plus de trois milliards de dollars. Nous avons investi 20 millions de dollars en fonds propres dans le Fonds d'accélération pour les infrastructures d'Africa50, qui mobilise 500 millions de dollars de capitaux privés pour des investissements dans les infrastructures » a expliqué M. Adesina.

Il s'est réjoui que le Fonds ait atteint sa première clôture financière à 250 millions de dollars en 2023 et qu'il ait attiré la participation de 16 investisseurs institutionnels à travers l'Afrique -- une première sur le continent.

« Nous devons nous remettre en question si nous voulons faire davantage avec le secteur privé. Si vous interrogez le secteur privé, il vous dira que nous sommes trop lents. C'est vrai, parce que nous fonctionnons encore largement comme une institution du secteur public, avec des systèmes et des processus du secteur public », a-t-il noté.

M. Adesina a également appelé à la création d'un Groupe consultatif du secteur privé indépendant, similaire à celui que le Groupe de la Banque mondiale a récemment mis en place.

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