Afrique: Forum transméditerranéen sur les migrations - Comment éviter la clandestinité et les risques de naufrages ?

Forum International sur la Migration Transméditerranéenne

C'est plutôt rare pour ne pas passer inaperçu : la Libye qui organise une réunion internationale pour parler d'autre chose que de la gestion de ses divisions internes !

Et c'est le gouvernement du Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah qui était à la manoeuvre pour accueillir une bonne centaine d'invités, venus principalement d'Europe et d'Afrique pour discuter dans l'espoir de trouver des points d'accord dans la gestion des migrations.

La tenue de ce forum transméditerranéen est en elle-même une victoire pour le gouvernement du président Mohammed el-Menfi. En place depuis mars 2021 avec la bénédiction des Nations unies, il a besoin de reconnaissance, lui qui n'est toujours pas parvenu à réunir totalement le pays ni à désarmer toutes les milices.

Organiser ce forum qui a réuni des ministres, des Premiers ministres et des chefs d'Etat, entre autres, pour parler d'un problème aussi crucial que celui des migrations du sud du Sahara vers l'Europe, via la Méditerranée, est par conséquent le signe d'une Libye de plus en plus stable, donc à même d'être un partenaire crédible en Afrique et dans le reste du monde.

Ce n'est pas trop tôt, pourrait-on s'exclamer ! En effet, même très loin de la stabilité d'antan de la Libye sous Kadhafi, le gouvernement d'Union nationale d'Hamid Dbeibah peut jouer un grand rôle dans la régulation des migrations d'Afrique vers l'Europe en tant qu'important pays de transit.

C'est à cause de cette position stratégique que le président tchadien, Mahamat Idriss Deby, le Premier ministre d'Italie, Mme Giorgia Meloni, le Premier ministre tunisien, Ahmed Hachani, et le Premier ministre maltais, Robert Abella, ont fait le déplacement de Tripoli. En 24 heures, aux côtés d'experts en politique migratoire participant à ce forum, ils ont passé en revue les problèmes que posent les flux de populations de l'Afrique subsaharienne vers l'Europe.

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La principale conclusion à laquelle ils sont parvenus, c'est qu'il est devenu un devoir pour les pays touchés par la migration irrégulière de continuer à développer les secteurs vitaux de leur économie afin d'offrir des opportunités d'emplois aux candidats au départ. C'est ce qui ressort de la synthèse des travaux faite par le Premier ministre libyen. Hamib Dbeibah a ajouté que «la Libye se trouve entre la pression du rejet européen des migrants et le désir africain d'émigrer ». Il a précisé que « les migrants depuis l'Afrique vers l'Europe empruntent un chemin dangereux et mortel ».

On aurait voulu entendre aussi l'avis de chefs d'Etat subsahariens sur ces problèmes migratoires. Où situent-ils leurs responsabilités dans ces départs de jeunes qui, pour la plupart, ont perdu tout espoir de se réaliser dans leur propre pays ? Quelle politique de développement économique, de promotion de la formation professionnelle, de facilité d'insertion dans la vie active doivent-ils mettre en oeuvre pour endiguer ces départs clandestins, propices à une nouvelle traite des Noirs ?

Ces questions ne sont pas nouvelles. Elles reviennent, lancinantes, au-devant de l'actualité avec les centaines de noyades et d'expulsions par an, d'Europe et du Maghreb, pour immigration illégale. Elles sont symptomatiques des défis de développement, d'éducation, de formation, bref de perspectives d'un avenir meilleur que l'Afrique subsaharienne doit offrir à sa population, dont la majorité (soit 75%) a moins de 35 ans.

Au refus de « l'immigration subie » en Europe doit répondre en Afrique la volonté assumée des gouvernants d'une politique d'insertion audacieuse des jeunes dans la vie active. C'est connu, on n'est jamais mieux que chez soi.

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