Soudan: Des pourparlers en Suisse mais sans l'armée

Le général al-Burhan à la tête du Conseil souverain du Soudan.

Les Etats-Unis comptent maintenir les discussions sur le Soudan qui doivent se tenir cette semaine à Genève, même sans la participation de l'armée.

Pour l'Organisation internationale pour les migrations, le Soudan est à un "point de rupture" catastrophique et cataclysmique.

L'OIM craint des dizaines de milliers de morts dans les mois à venir, si aucune action "globale, massive et coordonnée" n'est entreprise, alors que près de 16 mois de guerre meurtrière entre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide ont ravagé le pays, aujourd'hui au bord de la famine.

Cette énième mise en garde intervient alors que cette semaine, le 14 août, doivent se tenir des pourparlers sur le Soudan à Genève, parrainés par les Etats-Unis et l'Arabie saoudite.

"Guerre contre le peuple soudanais"

Selon un rapport de Médecins sans frontières publié le mois dernier, "le prix payé par les civils dans cette guerre est tel que ce qui apparaît comme un conflit entre belligérants est en réalité une guerre contre le peuple soudanais".

Cette guerre a fait, d'après les Etats-Unis, près de 150.000 morts. Tout comme 11 millions de déplacés et de réfugiés selon les Nations unies, 45.000 rien que ces deux dernières semaines. Plus de la moitié des quelque 50 millions d'habitants vivent dans une insécurité alimentaire aigue.

Cette crise humanitaire est renforcée par les inondations qui ont provoqué le déplacement de plus de 20 000 personnes depuis le mois de juin et détruit des infrastructures essentielles pour acheminer tant bien que mal de l'aide humanitaire.

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Accéder aux populations civiles

Le Comité international de la Croix-Rouge dit aujourd'hui espérer que les pourparlers de Genève pourront aboutir à des "mesures humanitaires très concrètes" pour pouvoir enfin accéder aux populations, notamment dans le nord du Darfour.

L'Onu s'inquiète également pour des zones de Khartoum, du Kordofan au sud du pays et de l'Etat d'Al Jazirah, près de la capitale.

Si le conflit continuait à s'aggraver, cela "limiterait la capacité des gens à s'engager dans des activités agricoles et de travail occasionnel au cours de la prochaine saison agricole".

Les précédents cycles de négociations menées en Arabie saoudite ont tous échoués.

Et si les paramilitaires des Forces de soutien rapide ont rapidement accepté l'invitation de Washington, pour le moment, la venue d'une délégation représentant l'armée ou le gouvernement soudanais en Suisse semble pour le moins compromise.

"Aller de l'avant" même sans Khartoum

Les conditions d'une participation ont été discutées à Djeddah ce week-end, mais ces entretiens n'ont pas permis de trouver un accord.

Tard dimanche soir (11.08), le ministre soudanais des Médias à critiqué à la télévision "l'incapacité des Etats-Unis" à imposer aux Forces de soutien rapide le cessez le feu qui avait été conclu l'an dernier, mais aussitôt rompu par l'armée et les paramilitaires.

Aussi, le gouvernement soudanais "rejette tout nouvel observateur ou participant", alors que les Emirats arabes unis, accusés par l'armée de soutenir le camp adverse, doivent se rendre en Suisse en tant qu'observateur, de même que l'Union africaine, l'Egypte et l'Onu.

Quoi qu'il arrive, les pourparlers de Genève auront lieu, a assuré cet après-midi l'envoyé spécial américain Tom Pieriello. Il a expliqué que les Etats-Unis vouaient "aller de l'avant" et lancer les pourparlers, même sans Khartoum.

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