Depuis le 15 avril 2023, soit aujourd'hui près d'un an et demi, les armes continuent de crépiter au Soudan et ce, du fait de la guerre pour le pouvoir, que se livrent les deux généraux que sont Abdel Fattah-Al-Burhan et Mohammed Hamdan Daglo dit « Hemetti ».
En pareille situation, inutile de dire que les civils vivent l'enfer, piégés qu'ils sont par les intenses combats qui, selon plusieurs rapports, ont laissé de milliers de cadavres sur le carreau, sans compter les nombreux déplacés. Face à cette situation, pour le moins préoccupante, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a, dans un très récent rapport, proposé, en plus d'un embargo sur les armes, la mise en place d'une force d'interposition au Soudan.
Karthoum, ou du moins devrions-nous dire Port-Soudan, puisque c'est dans cette ville que se sont repliés Burhan et ses soutiens, a vigoureusement rejeté cette proposition, estimant que le Conseil des droits de l'Homme se devait plutôt de « soutenir le processus national plutôt que de chercher à imposer un mécanisme extérieur différent ». Et ce n'est pas tout. Car, les autorités soudanaises vont plus loin en accusant le Conseil d'être un organe politique illégal.
Dans l'intérêt supérieur du peuple qui souffre le martyre, il faudra aller vers la paix des braves
Certes, il est vrai que, pour l'instant et en l'absence de négociations politiques entre les deux camps ennemis, l'intrusion d'un nouvel acteur pourrait contribuer à aggraver davantage la crise qui s'est enlisée du fait de l'activisme débordant de certains parrains. Mais l'on se doit tout de même de reconnaître que la communauté internationale ne peut pas non plus rester les bras croisés face à la « crise effroyable de violations des droits de l'Homme et de crimes internationaux dont beaucoup peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité ».
Car, n'eussent été les bons offices de la diplomatie américano-saoudienne, même les hôpitaux et centres de santé seraient désespérément vides et cela, à cause du manque de corridors devant permettre l'acheminement du matériel médical pour la prise en charge des malades et des victimes de guerre. Cela dit, tout en n'abandonnant pas totalement l'idée de l'envoi d'une force impartiale au Soudan, il revient d'abord à l'ONU, si elle ne veut pas qu'on lui reproche de vouloir placer la charrue avant les bœufs, de mettre la pression sur les deux généraux qui ont juré de s'offrir le scalp de l'un ou de l'autre, afin qu'ils acceptent d'engager, sans délais, des négociations politiques en vue d'une sortie de crise.
C'est un préalable important. Car, après plus d'un an de violences sur fond d'horreurs, les uns et les autres, même s'ils ne l'avouent pas ouvertement, ont dû remarquer que la solution par les armes est la pire des options. Si bien que dans l'intérêt supérieur du peuple qui souffre le martyre, il faudra aller vers la paix des braves.
B.O