Afrique: Aminata Touré exhorte les hommes à porter la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles

Aminata Touré, Haute représentante du Président de la République du Sénégal
8 Octobre 2024
interview

La violence à l’égard des femmes et des filles est un phénomène mondial qui touche l’Afrique et entrave à la liberté et à la dignité de la gente féminine. A cet effet, Mme Aminata Touré, Haute représentante du Président de la République du Sénégal présente à la 4éme consultation des femmes leaders africaines sur la masculinité positive qui se tient actuellement à Dakar, a partagé ses recommandations avec la presse.

Pensez-vous que la Convention de l’UA sur l’élimination des violences à l’égard des femmes et des filles est essentielle pour l’Afrique ?

Je me félicite d’abord que l’Union Africaine prenne l'initiative d'une convention, puisque d'habitude elles sont internationales et sont rarement initiées à partir du continent. En effet, ce leadership là qu’on veut voir émané de l'Union africaine et nous reconnaissons le problème qui n'est pas spécifique à l'Afrique, et ça aussi, il faut le préciser.

Les violences faites aux femmes et aux filles sont un phénomène universel, mais l’Afrique le reconnaît également et décide de prendre les dispositions au niveau continental à travers ce projet de convention pour éradiquer définitivement ces violences faites aux femmes. Donc je salue ce leadership à travers justement le projet et j'espère qu’il sera étudié par les différentes instances de l'Union africaine de manière dirigeante pour que très rapidement elle voit le jour et qu’ensuite elle soit ratifiée par les États et surtout qu'elle soit appliquée.

Voulez-vous revenir sur cet aspect du contexte d’ouverture des classes en disant que les filles aussi doivent être protégées au niveau de leur établissement scolaire ?

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Absolument, comme vous le savez, les violences faites aux femmes s'exercent dans différentes sphères. D’abord, cela commence dans la sphère privée, ensuite sur le lieu de travail, mais également à l'école. On a vu beaucoup de filles à travers des faits divers qui sont rapportés victimes de violences souvent sexuelles.

Comme nous sommes en période de la rentrée des classes, je voulais lancer un message solennel pour que l'école soit vraiment le lieu le plus sécurisé pour les filles qui cherchent le savoir et qui sont nos futurs dirigeants, nos futurs leaders. Il faut noter que c'est une question importante d'éradiquer et qu’il ait zéro tolérance pour ce qui concerne toutes les formes de violences à l'école, mais particulièrement les violences faites aux filles.

Quel appel lancez-vous à l’ensemble des acteurs et des leaders d’opinion ? 

Vous savez cette consultation aborde également la question de la masculinité positive, et c’est en opposition avec la masculinité toxique. On peut être un homme reconnu comme tel en étant bienveillant, en protégeant son épouse, ses enfants, ses voisines et ses collègues de travail. Et la bienveillance, c'est d'abord arborer et éradiquer toutes formes de violence, toutes formes d’irrespect à l’égard des femmes et des filles.

Ainsi, je lance un appel aux Sénégalais qui sont connus d’ailleurs pour être des hommes galants et bienveillants, mais il faut vraiment qu’ils se mettent à côté de nous afin de lutter contre toutes ses formes de violence pour que ce soit un phénomène du passé.

Je vais également lancer un appel particulier aux jeunes hommes et leur dire que nous comptons sur eux, car ce sont nos enfants, nos neveux, pour qu’eux aussi s'engagent à nos côtés. Parce que nous voulons une société apaisée et nous ne pouvons pas avoir une société apaisée si une partie de la société violente l’autre partie.

Pour ce faire, il faudrait vraiment que nous nous engageons tous avec l’appui du milieu sportif et culturel et surtout des journalistes qui font passer les stéréotypes dégradants à l’égard des femmes. Nous comptons sur votre engagement et nous savons pouvoir compter sur nos autorités, sur le Président de la République notamment, qui a toujours salué la bravoure des femmes sénégalaises.

Quelle est l’importance de l’implication des femmes leaders africaines dans l’élaboration et la mise en œuvre de la Convention ?

Vous savez que dans la salle, parmi les femmes leaders, il y avait d’éminentes juristes. Je veux citer par exemple la première procureure de la République qui est là et qui fait partie du comité, et aussi d'autres experts africains qui travaillent sur le projet de convention.

J’invite à mobiliser l'expertise de top niveau des juristes africaines pour qu'il y ait une convention de haute qualité et qui puisse justement, comme je l'ai dit, être ratifiée et mise en œuvre au bénéfice des femmes, des filles et surtout de l’Afrique. Parce que la moitié de la population africaine, sont des femmes.

Il faut donc qu'on leur donne tout le potentiel, qu'on les libère pour que l'Afrique puisse régler tous les problèmes auxquels les femmes et les filles font face, car elles ont un rôle éminemment important à jouer. Il faut que cette question de violence ne les retarde pas, qu’elles n’en souffrent pas et que tous leurs droits soient promus au bénéfice de tout le monde.

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