La Tanzanie établit de nouvelles références en matière d'autosuffisance alimentaire en Afrique, ce qui laisse espérer que la lutte contre la faim et la malnutrition sur le continent est réalisable.
La présidente de la Tanzanie, Samia Suluhu Hassan, a indiqué que son pays avait atteint 128 % de sécurité alimentaire et exportait désormais son excédent vers les pays voisins.
Elle s'exprimait, le 31 octobre dernier dans l'Iowa, lors d'une session de haut niveau du dialogue international E. Norman Borlaug du Prix mondial de l'alimentation, modéré par le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina. La session, intitulée « Des mesures audacieuses pour nourrir l'Afrique », a compté parmi ses intervenants le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio.
La présidente Suluhu Hassan a déclaré devant un auditoire bondé qu'après avoir atteint l'autosuffisance alimentaire, « nous travaillons désormais sur la qualité, l'accessibilité et le prix, ainsi que sur la manière de minimiser les pertes après récolte ».
M. Adesina a salué le leadership et la forte volonté politique de la présidente tanzanienne, à l'origine du succès de son pays. Il a souligné que l'engagement croissant d'autres pays africains soulignait la volonté du continent d'investir à grande échelle dans l'agriculture et la production alimentaire.
Il a rappelé combien le Sommet Dakar 2 « Nourrir l'Afrique : souveraineté alimentaire et résilience », organisé en janvier 2023 par la Banque africaine de développement, avait suscité un engagement dans toute l'Afrique en faveur de Pactes pour l'alimentation et l'agriculture spécifiques à chaque pays. Le sommet, organisé en collaboration avec le gouvernement sénégalais et l'Union africaine, avait réuni 34 chefs d'État et de gouvernement africains. À ce jour, il a permis de mobiliser plus de 72 milliards de dollars.
La présidente Suluhu Hassan a déclaré que la Tanzanie avait quitté le sommet de Dakar 2 avec un accord signé et la détermination de mettre en oeuvre une productivité accrue ainsi que la volonté politique de créer des institutions et des structures de soutien pour ses agriculteurs.
« Nous avons compris qu'il était beaucoup plus coûteux de ne pas investir dans l'agriculture que d'investir dans le secteur », a-t-elle reconnu.
La Tanzanie a battu un nouveau record en devenant un transformateur et exportateur net de noix de cajou qui, pour la quasi-totalité des pays africains, sont transformées en Asie. Le pays a également réussi son électrification rurale, près de 100 % de ses 12 300 villages ayant accès à l'électricité, selon la dirigeante tanzanienne.
Soutenu par des investissements de la Banque africaine de développement, le programme tanzanien de création d'emplois pour les jeunes et les femmes cible les 65 % de jeunes que compte le pays en leur proposant des formations dans l'agriculture, l'élevage et les cultures.
Chaque jeune tanzanien reçoit dix acres de terre et bénéficie d'une formation ; 11 000 jeunes en ont déjà bénéficié et la récolte de cette année a commencé. « Nous remercions la Banque africaine de développement pour son soutien à ce programme », a-t-elle ajouté.
Rejoignant M. Adesina sur scène, le président de la Sierra Leone a évoqué la réussite de son pays dans le cadre de la stratégie « Feed Salone », qui a permis de réduire les importations de riz de 20 millions de tonnes et de stimuler la productivité agricole.
Jusqu'alors, la sécurité alimentaire n'avait pas fait l'objet d'une attention suffisante de la part du pays et le président Bio a indiqué qu'il avait mis l'accent sur l'éducation au cours de son premier mandat. « L'agriculture est la base du développement », a-t-il déclaré.
Le programme « Feed Salone » a contribué à accroître la productivité agricole pour nourrir le pays et lui permettre d'exporter. « Nous avons déjà réduit les importations de riz de 20 millions de tonnes », a-t-il précisé. « Nous sommes ici pour partager l'histoire de la Sierra Leone et inviter les investisseurs. Nous sommes un pays ambitieux et nous voulons réussir à attirer les investisseurs. »
M. Adesina a souligné les efforts de la Banque africaine de développement pour remodeler les perceptions mondiales de l'Afrique et stimuler les investissements dans des secteurs essentiels comme l'agriculture.
Il a affirmé que cet événement et le Dialogue sur l'Afrique, également organisés par la Banque dans l'Iowa, visaient à briser les stéréotypes et à mettre en valeur le potentiel du continent, qui abrite 65 % des terres arables encore disponibles dans le monde et qui dispose de la technologie nécessaire pour faire de l'Afrique un grenier alimentaire mondial.
« C'est la raison pour laquelle nous invitons les dirigeants africains à venir ici, afin que vous puissiez les entendre directement », a appelé M. Adesina.
L'édition 2024 du Dialogue Norman E. Borlaug a réuni des experts du monde entier afin de faire émerger des solutions novatrices pour lutter contre la faim dans le monde. Le thème « Seeds of Opportunity, Bridging Generations and Cultivating Diplomacy » (Graines d'opportunité, rapprocher les générations et cultiver la diplomatie), prône la collaboration, l'héritage et l'espoir dans la lutte pour la sécurité alimentaire.
M. Adesina s'est remémoré les paroles prononcées par Norman E. Borlaug à son endroit peu avant sa mort en 2009, à l'âge de 95 ans. « Il m'a dit de continuer à marquer des points pour l'Afrique. Si vous n'investissez pas en Afrique, que faites-vous ? »
Pour en savoir plus sur la priorité High 5 « Nourrir l'Afrique » de la Banque africaine de développement, cliquez sur ce lien.