Le président du Congo-Brazaville Denis Sassou-Nguesso a effectué cette semaine une visite de trois jours en Libye. Il s'agit de son premier déplacement dans ce pays depuis 2011. Arrivé à Tripoli lundi 9 décembre, et en sa qualité de président du Comité de haut niveau de l'Union africaine pour la Libye, il a mené des entretiens avec les principaux responsables libyens à Tripoli et à Benghazi. Depuis quatre ans, suite à la conférence de Berlin consacrée à la Libye, ce Comité ne ménage pas ses efforts afin de stabiliser Tripoli.
Denis Sassou-Nguesso a d'abord rencontré les autorités de l'ouest libyen, puis mardi, celles de Benghazi. L'objectif est d'emmener toutes les parties à dépasser leurs divisons en lançant un processus de réconciliation nationale qui pourrait mener à des élections.
A Tripoli, le président congolais affiche son optimisme. « L'espoir est permis », déclare-t-il suite à sa rencontre lundi avec son homologue libyen Mohammed el-Menfi.
Faute de pouvoir organiser la conférence de réconciliation nationale dans l'immédiat, il vient avec une autre idée : « une nouvelle contribution » selon l'expression de Jean-Claude Gakosso, son ministre des Affaires étrangères, qui est de la visite.
En effet, le comité de haut niveau de l'Union africaine pour la Libye espère obtenir, en février prochain, lors du sommet des chefs d'États africains à Addis Abeba, la signature d'une charte de réconciliation libyenne, faute d'une conférence.
L'idée première était d'emmener les chefs des dix États membres du Comité de haut niveau en Libye pour la signature mais, explique le ministre congolais, cela s'est heurté à des difficultés logistiques, comme les assurances pour les compagnies aériennes. Il n'y a pas de vols directs des compagnies internationales pour la Libye depuis 2011.
Pour le président congolais, il revient aux Libyens d'élaborer cette charte « en fonction de leur histoire, leur culture et leurs aspirations », avec une contribution africaine pour que cette charte acquiert l'adhésion de tous. Selon nos informations, des ébauches du texte existent. L'université de Benghazi a élaboré un brouillon, tout comme le Conseil présidentiel à Tripoli : « Il faut en faire une mouture consensuelle » indique Gakosso, toujours persuadé de la nécessité de réconciliation pour avancer sur le dossier libyen.
La mission reste cependant complexe, même si elle a le mérite d'être sincère, car elle refuse au même temps les ingérences étrangères qui handicapent la Libye. Par ailleurs, le comité de haut niveau ne possède pas en Libye les moyens de pression que peuvent posséder la communauté internationale ou les grandes puissances.
Minée par des divisions profondes, politiques et dans les institutions, chaque partie libyenne demeure réticente à ce que la partie opposée propose pour aboutir à la réconciliation. Le Premier ministre de Tripoli, Abdel Hamid Dbeibah, semble plus réticent à cette initiative africaine. Quant aux autorités de l'est libyen, elles considèrent qu'Abdallah al Lafi, le vice-président chargé du dossier de la réconciliation nationale est partie prenante du conflit et donc, ne pourrait pas être un bon médiateur.
En revanche, les récents développements au niveau mondial et au Moyen-Orient en particulier accordent à l'Union africaine une petite chance pour relancer le processus de réconciliation et favoriser ainsi la cohésion sociale et politique. Les Libyens de deux côtés sont désabusés. Ils ont l'impression que la communauté internationale les a oubliés et que les efforts de l'ONU ont été à maintes reprises, voués à l'échec. A l'est, on approuve en conséquence un rôle africain plus central dans le processus de réconciliation libyen.
Cela a été prononcé clairement dans les différents discours et déclarations des responsables de Benghazi qui boudent en ce moment les initiatives de l'ONU.