Guinée: Appel à manifester de l'opposition guinéenne - Que nous réserve ce premier lundi de l'année ?

Un policier dans une rue de Conakry (Illustration)

Elle l'avait promis, elle veut passer aux actes ! La coalition de l'opposition guinéenne baptisée les Forces vives de Guinée (FVG) a non seulement réaffirmé ne plus reconnaître les autorités gouvernementales en place, mais aussi elle appelle à une manifestation pacifique dans les rues de Conakry ce 6 janvier.

Sans présager de la réponse des populations guinéennes à cet appel de bravade du pouvoir en place, il est fort à craindre que 2025 soit un saut dans l'inconnu pour ce pays dont l'histoire politique, depuis l'indépendance, n'est pas un exemple de stabilité.

Cette démarcation sans ambages des partis politiques les plus représentatifs de l'échiquier politique national du pouvoir de Mamadi Doumbouya et de son Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) pourrait être le tocsin d'un retour des vieux démons. En effet, on est malheureusement coutumier, depuis belle lurette, des manifestations dites pacifiques qui, dans ce pays, se terminent par des drames. Et ce n'est pas le ton de la déclaration des FDG du 25 décembre 2024, reprise en boucle dans des vidéos d'appel à la mobilisation, qui va rassurer ceux qui craignent des affrontements, du vandalisme, si ce n'est des pertes en vie humaine. Du reste, la conclusion "seule la lutte libère" de la fameuse déclaration donne le ton de la détermination des politiques guinéens à se faire entendre par le président Doumbouya.

Accusé d'avoir violé et son serment et la Charte de la Transition, le président du CNRD a de la peine à faire entendre sa promesse d'élections de sortie de la transition en cette année 2025. Ce n'est pas faute de l'avoir répétée dans son discours au peuple guinéen à l'orée de ce Nouvel An.

Le hic, c'est qu'il avait ressassé la même promesse en fin 2023, promettant des élections de sortie de la transition en 2024. En rappel, sous la médiation, peu ou prou acceptée de la CEDEAO, des élections devaient être organisées au dernier trimestre de 2024. Il n'en a rien été et rien ne prouve qu'elles le seront en 2025.

Peut-être bien que le gouvernement Doumbouya compte tenir sa promesse d'élections libres et transparentes dans 12 mois, mais il faut plus qu'un discours de la Saint-Sylvestre pour convaincre des opposants endurcis comme Cellou Dalein Diallo ou Sydia Touré, qui depuis leur exil n'y voient que verbiage d'un usurpateur frappé de parjure politique.

C'est pourquoi la coalition de l'opposition, des partis politiques et des associations de la société civile appelle les populations guinéennes à une grande mobilisation, aujourd'hui à Conakry et dans les capitales régionales les jours à venir pour la mise en place d'une "transition civile", celle jugée "militaire et dictatoriale" du CNRD ayant échoué à redresser la situation de la Guinée, aussi bien politiquement, économiquement que sur le plan de la bonne gouvernance.

Jusqu'où ira la détermination qu'affichent les Forces vives de Guinée pour contraindre le pouvoir du général Mamadi Doumbouya à desserrer l'étau sur les libertés individuelles et collectives dans le pays ? Si cette épreuve de la rue se durcissait entre le CNRD et les FVG, il faudrait craindre que ce soient les projets de réformes institutionnelles envisagés par l'actuel Premier ministre, Amadou Oury Ba, qui en pâtissent. On se souvient en effet que le 28 novembre 2024, le ministre porte-parole du gouvernement avait déclaré que la transition en Guinée entamerait une nouvelle phase en 2025, celle de la refondation de l'Etat.

L'opposition ne l'entend pas de cette oreille, qui crie son ras-le- bol. Son appel à manifester ce 6 janvier est un test de sa capacité de mobilisation. Si la mayonnaise prend, les vieux démons des rues, places publiques ou stades enflammés referont surface à Conakry. Et au-delà de ce premier lundi, bien malin qui saura prédire ce que nous réserve politiquement l'année 2025 en Guinée.

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