En Centrafrique, l'émotion est toujours vive deux jours après le drame qui a coûté la vie à une trentaine d'élèves, blessant au moins 260 autres. Ce mercredi, alors qu'environ 5 300 candidats composaient le baccalauréat au lycée Barthélémy Boganda de Bangui, un transformateur de l'Enerca la société de l'énergie centrafricaine, a explosé, provoquant la panique. Dans la capitale, l'émotion est générale allant de l'homme de la rue au président de République.
Le président de la République Faustin-Archange Touadéra a annoncé la prise en charge par le gouvernement de toutes les victimes et décrété un deuil national de trois jours, après la catastrophe de mercredi. La plupart des corps des victimes seront inhumés la semaine prochaine.
Les familles qui ont perdu l'un des leurs sont inconsolables, comme c'est le cas de celle d'Arnaud. Assis sur des nattes, des chaises et des pagnes, ils racontent. « Nephtalie est ma cousine. Ce mercredi, avant de quitter la maison, elle a dit "au revoir" à son enfant et nous lui avons souhaité bonne chance pour la suite de son examen, explique Arnaud. Entre 13h et 14h, un proche nous a signalé qu'une explosion a fait plusieurs morts et des blessés... ». Danielle et les autres membres de la famille ont alors parcouru tous les hôpitaux avant de retrouver Nephtalie dans un hôpital communautaire. « À la morgue, c'était terrifiant de découvrir son corps sans vie. Elle s'est cassé le cou dans les bousculades et n'a pas été secourue à temps. Je suis traumatisée. Je n'arrête pas de penser à ce qu'elle a enduré... »
Rendre des comptes
Restez informé des derniers gros titres sur WhatsApp | LinkedIn
Pour Eunice Vengaï, le gouvernement doit agir au plus vite. « Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. Les auteurs de ce drame doivent être condamnés. Des mesures doivent être prises pour empêcher ce genre de drame à l'avenir. »
Socrate Taramboye est devant le lycée Boganda, le regard perdu dans le vague. « Ce transformateur qui a explosé n'est pas tombé du ciel. Dans un centre d'examen, la sécurité doit être une priorité absolue. Comment peut-on organiser le baccalauréat sous des câbles à haute tension ou avec du matériel défectueux ? Le baccalauréat n'est pas une simple formalité. C'est un rite de passage vers l'avenir. Au lieu de franchir ce passage dans la paix, nos enfants l'ont franchi dans la peur et le sang. Ce n'est pas normal. »
Acteur de la société civile, Quentin Ngouando demande au gouvernement de prendre des mesures adéquates. « L'Enerca doit dégager ce transformateur vétuste du centre d'examen du lycée Barthélémy Boganda et le faire également pour tous les autres lycées qui ont des transformateurs de ce genre parce que l'avenir de nos enfants est en danger. Il faut également arrêter les examens dans tous les centres de Bangui parce que les élèves sont affectés. Ils sont affaiblis. Ils ont perdu tout ce qu'ils ont appris. Il faut prendre le temps de panser toutes les plaies, d'adoucir ces jeunes et de les préparer un mois après avec de nouveaux tests pour leur baccalauréat. »
Il faut aussi mettre l'accent sur la prévention, selon Elysée Nguémalé coordonnateur de l'Observatoire pour la gouvernance démocratique en Centrafrique (OGDC). « Ça peut arriver, les pannes techniques. Mais ce drame montre à quel point le peuple centrafricain est devenu très fragile. Nous avons connu des crises répétitives, sous des détonations d'armes et une explosion est toujours perçue comme une attaque. Cela a traumatisé tout le monde. La politique nationale doit s'activer pour rendre ce peuple fort et courageux pour que des (événements pareils) ne puissent causer des drames à la nation centrafricaine. »
