Paul Martin est un nom bien connu sur le continent africain. Cet afro-optimiste ne ménage pas ses efforts pour améliorer le cadre de vie des populations africaines, une cause qui lui est chère depuis des décennies. Après avoir co-présidé la publication du rapport du Panel de haut niveau portant sur l'avenir de la BAD, cet ex Premier ministre du Canada est tout aussi engagé sur un autre front : la déforestation du bassin du Congo avec ses conséquences dramatiques notamment les changements climatiques.
Présent en février à Tunis lors de la Conférence internationale sur les mécanismes de financement de la gestion durable des écosystèmes forestiers du bassin du Congo, M. Martin est à Londres les 16 et 17 juin 2008 pour le lancement du Fonds pour le Bassin du Congo Basin dont il co-préside le Conseil d'administration, avec Wangari Maathai, Prix Nobel.
On a l'impression que le bassin du Congo souffre d'un déficit d'attention de la part de la communauté internationale. Le dossier ne semple pas encore avoir atteint la conscience internationale, comme c'est le cas avec l'Amazonie. Qu'en pensez-vous ?
Vous avez entièrement raison et c'est assurément un des enjeux avec lesquels devra composer les responsables du fonds. On parle ici du deuxième poumon de la planète. C'est un enjeu de grande importance, qu'il faut faire connaître, pas seulement en Afrique, mais partout ailleurs. Il faut mieux fouiller le phénomène, pour y apporter les solutions les plus appropriées, mais il importe aussi de le faire porter à la connaissance du grand public, notamment dans les pays industrialisés.
Je constate toutefois une conscientisation et une sensibilisation accrues chez nombre d'habitants en Afrique. Il y a une reconnaissance croissante du fait que la santé du bassin du Congo touche au cÅ"ur du devenir des habitants de la sous-région et du continent dans son ensemble. Bref, l'enjeu n'est plus seulement régional, africain, mais international. Il faut s'en occuper.
Peut-on avancer que si les principaux acteurs économiques sur le terrain consultaient davantage les populations et s'assuraient qu'elles obtiennent plus de bénéfices de leurs activités, il y aurait moins d'urgence à intervenir rapidement ?
Comme partout ailleurs, il faut veiller à assurer une meilleure gouvernance dans l'utilisation des ressources, mais il y a aussi une question de manque de moyens dans les pays concernés. Les gouvernements ne disposent pas encore des ressources nécessaires pour entreprendre les transformations requises au développement durable du bassin. Ils ont besoin de l'aide de l'extérieur et c'est ce que ce Fonds vient faire, avec des projets concrets visant à avoir un impact positif et durable la vie des habitants et l'avenir de leurs enfants.
Qu'est-ce qui explique votre engagement pour l'Afrique ?
C'est simple, j'aime l'Afrique, j'aime les Africains. C'est une relation qui remonte à des décennies, cela ne date pas d'hier ! Je suis convaincu du potentiel incroyable de l'Afrique. On parle beaucoup de la Chine, de l'Inde, mais ce même réservoir de possibilités, de dépassement, de développement existe sur le continent. Je suis heureux d'apporter une contribution à la mise en valeur de ce grand et si vaste potentiel.