«La maison BAD est bien gouvernée... Sans intégration de l'espace économique africain, il n'y aura pas d'accroissement significatif des échanges intra-régionaux»
Comment qualifiez-vous les relations entre votre pays et le Groupe de la BAD ?
La circonscription que nous formons et à la tête de laquelle je me trouve en tant qu'administrateur, a de bonnes raisons d'entretenir de solides relations avec le Groupe de la BAD. Neuf pays y ont placé leur confiance et sont ainsi représentés au sein du Conseil d'administration de la Banque.
Les relations sont excellentes si on en juge par la confiance des gouverneurs, dans les reformes entreprises depuis 2006 par le président Kaberuka et qui ont rehaussé le rôle et la place du Groupe de la BAD tant au niveau africain qu'international, et l'ont hissé au niveau des autres banques multilatérales en termes d'efficacité et de résultats.
Je voudrais également indiquer le soutien des Gouverneurs à l'action du président Kaberuka, notamment pour l'augmentation du capital de la Banque de 200%, l'augmentation substantielle du FAD XI et des bonnes dispositions des plénipotentiaires pour le FAD XII, pour ne citer que ces exemples. Ces mesures donneront à l'institution les moyens de continuer à satisfaire les besoins du continent, notamment en infrastructures.
Quelles sont les attentes de vos pays mandants vis-à-vis du Groupe de la BAD ?
Nous souhaitons que la BAD continue de jouer son rôle de chef de file, en matière de développement économique. Comme vous le savez, une bonne frange des populations africaines n'ont pas accès aux infrastructures de base, notamment, l'eau potable et l'électricité. L'institution doit poursuivre son combat contre l'analphabétisme, la faim et la pauvreté dans le continent. Que la BAD joue le rôle de porte voix de l'Afrique pour des questions économiques internationales. Que la BAD catalyse l'intégration africaine qui s'impose non seulement comme une réponse a la mondialisation, mais aussi et surtout comme la nécessaire équation posée et à résoudre pour le développement du continent.
Je voudrais ici souligner le rôle prépondérant que joue la Banque en matière d'intégration régionale, en finançant à l'échelle de tout le continent, de grands projets d'infrastructures. Grâce à une volonté politique réelle de nos Etats, la levée des barrières tarifaires et non-tarifaires contribuera au renforcement des échanges communautaires, qui, nous en sommes convaincus, ouvrira la voie à une intégration réelle de l'espace économique africain et à une croissance économique plus forte que ce pourrait réaliser chaque pays pris individuellement.
Dans quelle mesure estimez-vous que votre pays contribue au développement du continent africain ?
Vous savez, je ne suis en quelque sorte pas uniquement le représentant du Burkina Faso. Mais si telle est votre question, je dis que la position géographique du Burkina Faso, entouré par 6 pays frontaliers, lui confère un rôle naturel de relais, de carrefour d'échanges commerciaux et d'idées dans la sous-région ouest africaine.
Le Burkina Faso participe à une réflexion stratégique dans le cadre de la Banque africaine de développement sur la manière dont le développement économique du continent doit être mené, et à l'aune de sa propre expérience, des contraintes internes et externes qui sont les siennes. Mais il reçoit aussi le formidable témoignage de ses pays frères face à des situations similaires. C'est le mérite extraordinaire de cette institution.
Enfin, le rôle de médiation du Président Compaoré auprès de nombreux pays frères et amis, notamment le Togo, la Cote d'Ivoire, ou encore la Guinée, donne au Burkina Faso une place particulière dans la région.
Quelles sont vos appréciations de la gouvernance à la BAD sous la direction de M. Kaberuka ?
En tant qu'administrateur d'un Conseil dont il est le Président, j'ai nécessairement une position de juge et partie ! C'est vous les medias qui êtes bien placés, avec une vue depuis l'extérieur, pour nous juger et juger de la direction du président Kaberuka. J'avoue que les échos des divers medias qui nous parviennent sont plus que favorables et je souscris à ces analyses. Je ne prendrais pour exemple que l'article récent de votre confrère Yves Ekoué Amaïzo, économiste, consultant et directeur du groupe de réflexion, d'action et d'influence Afrology, paru dans le Monde diplomatique de mai 2010, un article très fouillé et qui donne une liste de plus de 20 références consultées.
La Banque est fermement résolue à approfondir ses engagements opérationnels en faveur du renforcement de la gouvernance dans plusieurs domaines clés ayant des liens directs avec ses priorités opérationnelles. La Banque concentrera ses efforts sur le renforcement de la transparence et de la responsabilité dans la gestion des ressources publiques aux niveaux national, sectoriel et régional, en accordant une attention spéciale aux États fragiles et à la gestion des ressources naturelles. Le choix et la combinaison des instruments seront adaptés au contexte des pays, en alliant opérations d'appui budgétaire, projets de renforcement des capacités institutionnelles, opérations autres que les prêts, les analyses et les services de conseil.
Concernant l'institution elle-même, toutes les réformes en cours contribuent à renforcer la bonne gouvernance de l'institution, à travers les structures dédiées au contrôle et au suivi des actions de la haute direction. Soyez donc assurés, la maison BAD est bien gouvernée !
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Aristide Ahouassou