Le marché des obligations moins coûteux pour les finances publiques

26 Mai 2010
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

La Banque africaine de développement (BAD) a procédé, le 24 mai 2010, au lancement de sa deuxième édition du «Guide des marchés obligataires africains et des produits dérivés». Il a été présenté brièvement au terme de l'atelier sur «les marchés financiers africains : émission de dette souveraine : choisir l'option nationale ou internationale ?», par Marie Laure Akin Olugbadé, chef de division à la BAD.

Ce guide vise, a-t-elle indiqué, à accroître la visibilité des marchés des capitaux africains, donner aux lecteurs un aperçu de chaque marché obligataire africain. Il a été élaboré en collaboration avec les Banques centrales, les spécialistes des questions financières, les bourses de valeur, les banques d'investissement, le secteur privé, etc. Il est bâti sur un certain nombre de piliers tels que le cadre macro-économique, l'efficacité de la politique monétaire, l'émission et emprunts obligataires d'Etat, la diversité des investissements, l'industrie de la gestion d'actifs, etc. et toutes les réglementations y afférents.

Pour Marie Laure Akin Olugbadé, il faut croire au développement des marchés financiers africains. Et un tel guide permettant d'orienter les investisseurs devrait y contribuer. Rejoignant ainsi les quatre orateurs de l'atelier que sont Mme Yvonne Quansah, directrice de la Division secteur financier au ministère des Finances au Ghana ; Dan Berman de JP Morgan, Serge Ename Nsolet, DG de la comptabilité publique du Gabon, et Robert Fernandez, directeur de la dette des marchés des capitaux Afrique de Standard Bank.

Il ressort des exposés que les marchés des capitaux se développe de plus en plus en Afrique, et le recours aux émissions d'emprunts obligataires sur les marchés internationaux ou nationaux est en train d'entrer dans les systèmes de gestion des finances publiques.

Ce recours est favorisé par la volonté des gouvernements de s'inscrire dans un processus de soutenabilité de la dette publique. Ainsi, au Ghana, les émissions d'emprunts obligataires sont maintenant privilégiées à l'endettement classique. Au dire de Mme Yvonne Quansah, son pays recourt à l'appel à l'épargne publique via les émissions d'emprunts obligataires sur les marchés national et international pour mobiliser des ressources nécessaires au financement des infrastructures économiques, notamment en eau et en électricité.

Mais le succès d'une telle option repose sur la viabilité de l'économie nationale, la qualité des indicateurs de performance et le succès des réformes en amont. Car, note-t-elle, «un bon environnement politico-économique et une discipline budgétaire sont des facteurs d'attrait des capitaux, des investisseurs».

Cet environnement sain et attractif a permis au Ghana de mobiliser facilement 750 millions de dollars sur le marché des capitaux international. Il y a même eu 3,3 milliards de dollars de souscription, mais ne recherchant que 750 millions de dollars, l'Etat s'est limité à ce montant, a dit Mme Quansah.

Pour elle, peu importe le marché sur lequel les ressources sont mobilisées. Le plus important, c'est la juste appréciation des risques pour éviter, alors qu'on cherchait à sortir des emprunts concessionnels ou classiques qui sont à la base des dettes insurmontables pour bien des pays, de retomber encore dans un tel traquenard.

Pour réussir sur n'importe lequel des deux marchés des capitaux (national ou international) Serge Ename Nsolet, directeur général de la Comptabilité publique du Gabon, souligne que «l'appel aux marchés des capitaux doit s'accompagner d'une bonne communication sur les efforts de réformes structurelles et sur le mobile pour plus de visibilité des souscripteurs».

Il a surtout fait savoir que cette approche a permis au Gabon de mobiliser sur le marché de la Cemac 85,5 milliards de Fcfa sur 100 milliards recherchés, et connu un succès relatif sur les marchés des obligations internationaux. Qui ont leurs exigences. Selon Dan Berman de JP Morgan, les investisseurs recherchent les relations entre les monnaies locales et la (ou les) monnaie (s) de référence internationales (dollar ou euro). Et par rapport à cet indicateur, les pays émergents dont les monnaies sont soutenues par leur poids économiques attirent davantage les capitaux sur les marchés financiers.

En Asie, par exemple, explique Berman, l'Indonésie et la Philippine mobilisent chacune entre 3 et 4 milliards de dollars par le biais d'émissions d'obligations (soit entre 1500 et 2000 milliards de Fcfa). La Pologne et la Turquie s'offrent par l'émission de titres obligataires entre 4 et 5 milliards de dollars (entre 2000 et 2500 milliards de Fcfa). L'Afrique noire est à la traîne dans ce domaine.

Seule l'Afrique du Sud tire son épingle du jeu, puisqu'elle va mobiliser en 2010 près de 5,2 milliards de dollars (2600 milliards de Fcfa) grâce aux émissions d'emprunts obligataires. Pour les panélistes d'hier après-midi, les gouvernements africains devraient s'approprier cette nouvelle forme de mobilisation de ressources financières afin de sortir du cercle vicieux d'endettement qui a toujours prévalu et qui confine les pays dans des processus de restructuration de la dette publique (rééchelonnements, arriérés de paiement, etc.). «L'émission des obligations sur les marchés des capitaux est moins coûteuse pour les pays», ont souligné avec forces convictions ce mardi 25 mai 2010 les orateurs de l'atelier.

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