Le Nigeria a entamé mardi le processus de transformation significative de son secteur alimentaire et agricole en lançant la construction des Zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ), d'un montant de 510 millions de dollars, financées par la Banque africaine de développement et des partenaires au développement.
Des milliers d'habitants de l'État de Kaduna, dans le nord du Nigeria, ont bravé un soleil de plomb et une averse en fin d'après-midi, la première pluie en plus de six mois, pour assister à l'inauguration des travaux du premier des huit projets SAPZ par le vice-président du pays, Kashim Shettima, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, et le gouverneur de la région, Uba Sani.
Les sept autres États qui font partie du programme de la phase 1 sont Cross River, où l'inauguration des travaux aura lieu le jeudi 10 avril, Kano, Kwara, Imo, Ogun, Oyo et le territoire de la capitale fédérale. Les préparatifs sont en cours pour la deuxième phase du programme, qui couvrira les 28 États restants.
Les Zones spéciales de transformation agro-industrielle devraient transformer les zones rurales du Nigeria en économies florissantes qui mettront fin à des années d'importation de denrées alimentaires pouvant être produites localement, stimuleront la sécurité alimentaire nationale, produiront pour le marché d'exportation et créeront des emplois pour des millions de jeunes Nigérians.
Le vice-président Shettima a déclaré que le programme SAPZ représente un impératif national sous la présidence de Bola Ahmed Tinubu : « Nous ne nous contentons pas d'innover. Nous construisons les infrastructures nécessaires pour nourrir notre population, autonomiser nos jeunes et remplir les promesses infinies de notre nation. La résilience de nos agriculteurs, le génie de nos entrepreneurs et notre détermination à façonner un avenir prospère, guidés par la Banque africaine de développement, c'est de cela qu'il s'agit. Le monde est en pleine course à l'innovation. Le Nigeria sera à l'avant-garde, et non à la traîne, avec cette zone comme fondement. »
« M. Adesina poursuit ce rêve depuis quinze ans, et les rêves, lorsqu'ils sont persistants, peuvent se transformer en réalités. Il est tout simplement l'un de nos meilleurs talents, plein d'idées, et c'est quelqu'un avec qui c'est un plaisir de passer du temps », a déclaré M. Shettima.
M. Adesina, qui a été ministre de l'Agriculture du Nigeria, a déclaré que cette inauguration marquait la réalisation d'un rêve de longue date : « Je n'ai jamais cessé de rêver que viendrait le jour où le Nigeria disposerait de zones de transformation des cultures vivrières pour améliorer le sort des agriculteurs, redynamiser les zones rurales et faire du Nigeria une puissance dans le domaine de la transformation agricole », a-t-il ajouté.
« Aujourd'hui, 10 ans plus tard, le rêve des Zones de transformation des cultures vivrières est enfin devenu réalité au Nigeria, sous la forme de Zones spéciales de transformation agro-industrielle. Quel grand jour pour le Nigéria ! Vous comprenez donc mon enthousiasme et mon exaltation aujourd'hui », a déclaré M. Adesina, accompagné de son épouse Grace Yemisi Adesina.
Afin d'accroître les ressources pour le financement de ces zones dans les pays africains, la Banque africaine de développement a engagé plus de 934 millions de dollars pour le développement des Zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ) et mobilisé un cofinancement de plus de 938 millions de dollars auprès de partenaires, dont la Banque islamique de développement et le Fonds international de développement agricole (FIDA).
Pour que les SAPZ réussissent sur l'ensemble du territoire nigérian, M. Adesina a énoncé cinq facteurs essentiels, notamment la nécessité d'une volonté et d'un engagement politiques forts et constants au plus haut niveau, d'une coopération et d'une collaboration interministérielles, et de la continuité des politiques gouvernementales. À cela s'ajoutent l'inscription dans la législation du programme SAPZ et la création d'une autorité SAPZ, tous deux soutenus par une loi du Parlement, a déclaré M. Adesina.
Le gouverneur de l'État de Kaduna, le sénateur Uba Sani, a déclaré que son gouvernement avait fait de l'agriculture la pierre angulaire de son programme de développement. « Au cours des deux dernières années, nous avons soutenu notre engagement par des investissements sans précédent », a-t-il déclaré. « Dans le budget 2023 dont nous avons hérité, l'agriculture n'a reçu que 1,4 milliard de nairas (885 000 dollars), soit à peine 0,4 % du budget de l'État. Cependant, en 2024, nous avons porté ce montant à 23,4 milliards de nairas (14,8 millions de dollars). En 2025, nous sommes allés encore plus loin en approuvant 74,2 milliards de nairas (47 millions de dollars) pour l'agriculture, soit plus de 10 % du budget de l'État. »
Kaduna est le premier producteur de gingembre, de maïs et de tomates du pays. C'est le deuxième producteur de blé et il possède de vastes troupeaux de bétail.
La Banque africaine de développement investit 200 millions de dollars dans la première phase des SAPZ. La Banque islamique de développement y contribue à hauteur de 150 millions de dollars, le Fonds international de développement agricole à hauteur de 100 millions de dollars et le Fonds vert pour le climat à hauteur de 60 millions de dollars.
Le ministre nigérian de l'Agriculture et de la Sécurité alimentaire, le sénateur Abubakar Kyari, a qualifié ce projet de « bond en avant décisif, qui mobilise des capitaux privés pour enrichir la vie rurale », tandis que l'émir de Zazzau, l'ambassadeur Ahmed Nuhu Bamalli, a exprimé sa gratitude : « Ce projet mené par la Banque honore notre peuple. »
« Nous sommes heureux aujourd'hui, car la SAPZ a promis de fournir des plants de qualité et d'autres intrants. Ils achèteront également chez nous, les agriculteurs », a déclaré Hannafu Emmanuel, un agriculteur.
Les Zones spéciales de transformation agro-industrielle sont en cours de mise en oeuvre sur 27 sites dans 11 pays, dont la Côte d'Ivoire, le Sénégal, la Guinée, le Liberia, Madagascar, le Togo, l'Éthiopie, la République démocratique du Congo, le Mozambique et le Mali.
Parmi les autres dignitaires présents à l'événement figuraient l'ancien vice-président Namadi Sambo et le vice-gouverneur Hadiza Sabuwa Balarabe.
Le président du Groupe de la Banque, M. Adesina, était accompagné de la vice-présidente chargée de l'Agriculture et du Développement humain et social, Beth Dunford, de l'administrateur de la Banque pour le Nigeria, Oyebode Oyetunde, du directeur général pour le Nigeria, Abdul Kamara, du professeur Oyebanji Oyelaran-Oyeyinka, conseiller spécial principal pour l'industrialisation, et de Richard Ofori-Mante, directeur du Département du financement agricole et du développement rural.