La Banque africaine de développement (BAD), la Banque européenne d'investissement, la Société financière internationale (SFI), le Fonds d'investissement et de développement de l'OPEP (OFID), et le Fonds de développement d'Abu Dhabi (ADFD), ont procédé au lancement d'un Fonds africain de capitalisation (FAC), le 25 mai 2010 à Abidjan.
Doté d'une enveloppe globale de 600 millions USD (compris les ressources en co-investissements), ce nouvel instrument est destiné au financement du système bancaire continental. Initiative amenée par la SFI, ce fonds sera géré par la branche gestion d'actifs de la filiale de la Banque mondiale chargée des opérations avec le secteur privé. Il interviendra par la prise de participation, principalement en faisant du portage, dans des banques identifiées comme déterminantes dans un pays ou dans une région pour l'intégration régionale et la facilitation du commerce.
Pour Timothy Turner, directeur du Département Secteur privé et microfinance de la BAD, le Fonds africain de capitalisation, «est une des réponses multiformes que la BAD en particulier, mais plus généralement les institutions de financement du développement (IFD), mettent en place pour contrer les effets de la crise financière internationale sur les économies africaines».
En effet, prenant la juste mesure du péril réel que font peser sur la reprise projetée des économies africaines, la raréfaction du crédit consécutive au retrait des banques commerciales internationales du marché et le durcissement en cours de la réglementation bancaire, ces institutions entendant avec ce nouvel outil, contrer la pénurie de financement qui pointe du nez. Car a expliqué au cours de la conférence de lancement du FAC, Philippe Prosper, directeur Afrique de l'Est et du Australe à la SFI, «la réduction sinon la fermeture du robinet du crédit se traduirait par un recul dangereux du financement des économies et donc une contraction fâcheuse de l'activité du secteur privé».
Ainsi donc, le Fonds africain de capitalisation vise principalement à «renforcer le secteur bancaire des pays africains en lui fournissant les ressources dont il a besoin pour continuer à financer le secteur privé».
Le fonds se voulant pan africain, P. Walsh de la BEI assure «qu'il essaiera autant que possible de couvrir dans ses interventions le continent le plus largement qu'il puisse». Précisant que «les pays seront considérés de la même manière et que le portefeuille de participations devra être des plus diversifiés et en droite ligne avec le principe d'investissement qui est de renforcer les banques systémiquement importantes sur le continent, quelle que puisse être leur taille».
Si le caractère opportun de ce nouvel instrument de financement, qui aux dires d'un gestionnaire d'un fonds de leasing mauritanien était «le chaînon manquant du dispositif de financement du développement en Afrique», ne fait l'ombre d'aucun doute. Les conditions de son intervention restent une préoccupation. Il est craint que si celles-ci venaient à être trop élevées, bien des banques du continent ne puissent en bénéficier. A priori, ces conditions devraient être celles du marché selon une indiscrétion d'un proche du projet.
Outre de venir compenser un manque, le FAC qui bénéficie d'un apport de 50 millions USD de la BAD tient sa principal valeur ajoutée de la fédération des expertises des différentes IFD dont elle est le fruit du partenariat.