Projet d'appui au développement local au Burkina Faso

20 Juillet 2010
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Avec des investissements peu élevés, quelque 30 000 ménages vivant de l'agriculture sortent de leurs conditions modestes pour se constituer de petits pécules, faire des économies, améliorer leur vie quotidienne, préparer l'avenir, et scolariser leurs enfants.

Ces petits miracles de la vie se réalisent grâce à la BAD, au Burkina Faso, dans le sud-ouest, une région agricole fertile, car bien arrosée, considérée comme un des greniers du pays.

« Les moyens de faire décoller l'agriculture en Afrique sont la formation, les moyens techniques et commerciaux adéquats et la confiance à donner aux paysans », souligne Dominique Dyemkouma, coordonnateur du Projet d'appui au développement local des provinces de la Comoe, de la Léraba et du Kénédougou (PADL/CLK).

Un simple coup de pouce, mais suffisant pour permettre aux agriculteurs de passer d'une culture pluviale à trois cultures annuelles. Les bienfaits : une augmentation notable des quantités de production et une auto-suffisance accrue.

Ces projets misent sur une meilleure productivité agricole pour augmenter d'au moins 40% la production agricole locale, mais aussi favoriser l'écoulement des surplus dégagés, la professionnalisation des agriculteurs par le renforcement des capacités, en technique, en commerce, sans oublier l'alphabétisation. Ils concernent une superficie agricole de plus de 100 000 hectares, avec des productions variées comme le sorgho rouge, le maïs, le mil, le riz, le manioc, les arachides, les mangues, les bananes, les noix de palme, les anacardes, les citrons, les oranges.

Des projets, signale Dominique Dyekouma, choisis et gérés par les communautés elles-mêmes, regroupées dans environ 500 comités villageois ou organisations paysannes. Pour être bénéficiaires en effet, celles-ci ont dû y mettre du leur, en général en assumant environ 10 à 20 % du coût total de l'initiative retenue. Une façon de les impliquer, de les responsabiliser, afin que les communautés s'approprient les projets, une des clés du développement.

Et dans cette recherche de la sécurité alimentaire : une approche respectueuse de l'environnement, qui valorise la productivité plus que l'accroissement des superficies cultivées. Le projet préconise l'utilisation de la fumure organique comme engrais, pour des raisons de coûts certes, mais aussi de durabilité des sols. On cherche ainsi à bien exploiter les sols déjà dédiés à l'exploitation agricole avant de défricher d'autres terres. Même les clôtures pour empêcher le passage d'animaux sont teintées d'écologisme : on utilise plutôt des plantes épineuses, qui font ce travail au naturel.

Voici un court portrait de ces valeureuses initiatives qui permettent aux Burkinabé de faire de grandes avancées dans la lutte contre la pauvreté.

Projet d'appui au développement local des provinces de la Comoe, de la Léraba et du Kénédougou (PADL/CLK)

Financement : 16,8 milliards de FCFA (juillet 2002)

Contribution BAD : 82 %

Contribution gouvernement burkinabé : 14,5 %

Contribution communautés bénéficiaires : 3,5 %

Passer à travers la crise

Deuxième trimestre 2008. Dans le monde, on assiste à la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires. En Afrique, la crise sévit partout. Le Burkina Faso ne fait pas exception. Le prix du sac de riz de 50 kg passe, en quelque temps, de 12 500 FCFA à 19 000 FCFA. Résultat : la plupart des ménages ne peuvent plus s'en procurer, sinon ils doivent réduire considérablement les portions quotidiennes. La grogne est générale. Il faut faire quelque chose, rapidement.

Heureusement, la BAD réagit prestement. Appui budgétaire, réaffectation des ressources des projets en cours d'exécution dans le secteur agricole (en tout 8,5 millions d'UC décaissés entre août et septembre 2008). Parmi les mesures concrètes lancées pour faire face à l'augmentation des prix alimentaires, on compte sur une meilleure productivité des plantations dans les projets en cours d'exécution, dont le PADL/CLK.

Un exemple : Koutoura. Une communauté de 1 000 agriculteurs. En juin 2008, elle reçoit des centaines de sacs de semences et d'engrais, pouvant couvrir une superficie de 243 ha. Juste à temps pour la plantation de saison. L'opération dure une semaine. A voir la qualité et la beauté des champs ainsi cultivés, les effets semblent des plus positifs.

« La situation était fort difficile il y a quelque temps, dit Edouard Soulama, un agriculteur. On manquait de semences, d'engrais, et les récoltes n'auraient pu être au rendez-vous pour nourrir tout le monde. Grâce à cet appui inattendu, nous allons faire face à la situation et passer au travers. Un gros merci à ces appuis. »

Petit cultivateur devenu entrepreneur

Tiakoumbié Sirima, 33 ans, de Nafona, débute sa vie active comme la plupart des membres de sa famille : agriculteur. Pauvre, sans moyens adéquats pour entretenir des plantations bananières vigoureuses, fertiles l'année durant. Une grosse embûche se dresse sur son chemin, comme pour tous les agriculteurs du pays : une irrigation irrégulière, abondante durant six mois (avril à novembre) et inexistante les autres mois. Or, les plantations ont besoin d'un apport régulier d'eau pour avoir un rendement adéquat. Il utilise certes des arrosoirs, mais ceux-ci-ci sont peu efficaces et leur utilisation est exténuante.

La solution est bien simple, mais encore faut-il avoir les ressources pour l'implanter : une moto-pompe, qui permettrait, grâce à des conduits enterrés dans le sol, d'irriguer les surfaces cultivées. Ce système « semi-californien », le projet PADL/CLK est en mesure de l'installer.

Les résultats sont à l'avenant. D'une surface cultivée de moins d'un demi hectare en 2002, Tiakoumbié cultive maintenant 5 ha, avec diverses cultures : banane, manioc, maïs (sa productivité de maïs passe de 1,5 à 5 tonnes/ha, celle du manioc, de 9 à 40 tonnes/ha et celle de la banane atteint 45 tonnes/ha).

Spectaculaire, le succès du jeune homme l'incite poursuivre sur cet élan. En 2006, par ses propres moyens, il se procure, une autre moto-pompe, qui lui permet d'augmenter sa productivité, d'embaucher des travailleurs. Six employés sont maintenant à sa charge, dont il prend en sus du salaire les frais de logement et de santé. Cette nouvelle situation (ce père de trois enfants a maintenant deux comptes bancaires, un cellulaire, un vélo, une moto) lui permet d'envisager l'avenir avec optimisme. Il s'est construit une maison, et ne compte pas en rester là. Il entend diversifier sa production. En somme, le projet a fait vibrer les fibres d'un jeune entrepreneur, qui contribue à hausser les conditions de vie environnantes et donne le goût à d'autres de se lancer aussi à l'assaut de cette agriculture de rente.

Une production croissante

L'apport concret des moto-pompes profite aussi aux exploitants de Tengréla. Ici, la culture de la banane, du maïs et du cacao se fait maintenant par irrigation toute l'année. Les exploitations initiales de 20 hectares se sont agrandies jusqu'à 210 hectares. Si bien que le groupement responsable de ces exploitations s'est ouvert un compte conjoint à la caisse populaire et profite de ses deniers si bienvenus pour s'acheter de meilleurs outils, exploiter davantage, vendre ses surplus. Les habitants se réjouissent de cette vie plus digne : meilleures habitations, acquisition de moyens modernes de déplacement.

L'eau, devenue accessible

De longs kilomètres parcourus tous les jours, de longues heures épuisantes, le temps pèse sur ces habitants, qui peinent pourtant très fort pour se faire une vie décente et nourrir correctement leurs enfants.

Nul doute, disposer d'eau aux abords du village de Panga serait une avancée précieuse pour cette communauté rurale. Depuis mars 2008, cet espoir si longtemps entretenu se matérialise : un forage est mis en opération et permet, aux femmes surtout, d'aller chercher de l'eau potable à proximité, épargnant les longues heures et la fatigue d'autrefois.

« Notre vie est tellement plus facile, nous dit une résidente, c'est incomparable. Un merci de tout cÅ"ur au projet pour cette nouveauté, que nous chérissons chaque jour. »

Même changement de vie à Yendéré, où quelque 50 agriculteurs profitent depuis 2008 de deux puits maraîchers. Un bénéficiaire, Lambert Sirima, explique : « On souffrait beaucoup auparavant. On devait creuser à même le sol, parfois sans succès, souvent loin dans la brousse. Maintenant, la vie est vraiment meilleure. L'accès à l'eau nous permet d'accroître notre production, de nous spécialiser par type de culture. On gagne ainsi plus d'argent en vendant nos excédents. Bref, on s'épuise moins, tout en gagnant plus. On s'est élevé d'un cran. »

Un moulin qui facilite le travail

Des efforts surhumains, journaliers, épuisants, voilà ce que devaient fournir les femmes du village de Mondon pour moudre les céréales afin de faire vivre leurs familles. Quand les responsables du projet échangent avec elles pour déterminer quelle technologie leur permettrait d'améliorer leurs conditions de vie, le choix n'est pas difficile à identifier : un moulin pour transformer les céréales en farine.

Maintenant, à Orodara, la communauté des femmes peut disposer de manioc broyé en deux minutes, une tâche occupant aisément trois bonnes heures auparavant, et ce, sans efforts, libérant du temps pour d'autres travaux. Mieux : une production accrue, permettant la vente aux communautés avoisinantes, et des ressources cumulées pour mieux se nourrir et garder les enfants à l'école.

De plus, le projet, en facilitant le travail ménager, permet aux femmes de suivre des cours d'alphabétisation. Durant deux mois, la communauté a en effet rejoint les bancs d'école pour apprendre à lire, à compter, pour mieux s'autogérer. « On a dépassé l'auto-suffisante, et on peut dégager des ventes auprès des marchés. C'est un avantage indéniable. On tient à poursuivre dans cette voie, dit Mme K. Sombié, présidente du groupement de quelque 100 femmes. De plus, avec cet appui, nous pourrons aider nos membres en cas de besoin. »

Natures, c'est bien, séchées, c'est encore mieux

Qui ne raffole pas des mangues, ce fruit si juteux, si savoureux ? Or, comme ce fruit se décompose rapidement, peu de consommateurs peuvent en profiter, sinon les riverains chanceux habitant près des plantations. La façon de d'allonger la durée de vie des vertus de la mangue et d'en faire profiter d'autres heureux : le séchage.

Un projet dont est fier Ousmane Sawadogo, directeur provincial de l'Agriculture et de l'hydraulique du Kénédougou et Paul Ouédraogo, coordonnateur de la COOPAKE (une coopérative provinciale).

La coopérative s'approvisionne auprès des quelque 150 agriculteurs membres, puis transforme le produit, en le chauffant pour le dégorger. Ensuite, il est mis en sachets, selon des formes dictées par le marché : en galettes, en chips, en bâtonnets. Le tout sans additifs chimiques. Résultat : une activité économique qui dépasse celle du coton dans la région.

Pour le séchage, la COOPAKE s'est procuré initialement quatre instruments simples, mais efficaces, pour produire, de façon entièrement naturelle, des mangues séchées. Production bio, commerce équitable. Qui dit mieux ?

Un régal apprécié, si bien que la Coop a dû se munir de neuf autres séchoirs pour répondre à la demande, qui s'étend à toute l'Afrique et l'Europe, voire à l'Asie. Production actuelle : presque 30 tonnes. Elle avoisinait à peine 7 tonnes, il y a deux ans. A la clé, des emplois, pour plus de cinquante personnes, pour 6 mois.

Fière de ce succès, la Coop envisage ouvrir une autre ligne de production, la noix d'acajou. Un projet est à l'étude.

L'ingéniosité ne s'arrête pas là. Les déchets utilisés ont été testés, lors d'une expérience pilote et s'avèrent très fertiles pour la culture du maïs. L'acquisition d'un terrain adjacent est envisagée pour mieux exploiter ce nouveau créneau prometteur.

Cette belle aventure, des femmes en font aussi l'expérience, à travers l'association Wili Ka Tama « Lève-Toi et Marche », à Orodora, créée en 2005. Le projet leur a octroyé quatre séchoirs, avec lesquels elles produisent trois tonnes de mangues par campagne. Inventives, les femmes ont même diversifié la production. Mme Pélagie Coulibaly, Coordonnatrice, mentionne que les femmes se sont fixé comme objectif de travailler toute l'année en produisant d'autres aliments, notamment le bissap, l'attiéké et le soumbala.

Pépiniéristes exportateurs

Quelques instruments de travail, il n'en fallait pas plus à environ 60 pépiniéristes à Orodora pour faire leur marque et voir leur beau travail apprécié y compris dans d'autres pays. Auparavant cultivateurs durant les mois d'hivernage, ces hommes ont maintenant une occupation toute l'année, ce qui met fin à leur exode traditionnel vers d'autres contrées. Ils ne produisent pas moins de un million de plants, de manguiers, agrumes, palmiers et anacardiers. Grâce à des outils simples, mais très utiles (tronçonneuses, brouettes, charrettes, outils de base), ces artistes du sol peuvent cultiver leurs terres sur de plus longues périodes.

De plus, avec la technique du sur-greffage (le fait de greffer une autre variété à un plant de même famille), ils peuvent se permettre de produire selon les besoins du marché, et ce, sans épuiser le sol. Et l'aventure continue ! Tant et si bien que cette occupation, encore secondaire dans leur emploi du temps, tend de plus en plus à devenir leur principale activité, une voie d'avenir dans leurs efforts soutenus vers le développement.

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