Le contexte
Par rapport au reste du pays, le sud de Madagascar connaît des sécheresses cycliques qui menacent la sécurité alimentaire des populations. De manière générale, les performances de l'agriculture malgache sont restées faibles en raison, principalement, des faibles rendements, du mauvais état des infrastructures de base et d'une insuffisance de crédit rural. Pour lever ces contraintes, le gouvernement a mis au point des politiques et stratégies sectorielles qui prévoient notamment la réhabilitation des périmètres irrigués tels que celui de Bas Mangoky.
Le projet
Le périmètre du Bas Mangoky se trouve dans le District de Morombe, dans la Région Sud-Ouest de Madagascar à 220 km au nord de la ville de Tuléar. Le périmètre est alimenté en eau par le fleuve Mangoky qui est le plus grand fleuve de Madagascar à travers une prise d'eau située à 20 km en amont de celui-ci. L'aménagement du périmètre a commencé dans les années soixante. Avant la réhabilitation, le périmètre du Bas Mangoky était géré par la société d'Etat Samangoky. Le périmètre du Bas Mangoky est actuellement le seul à Madagascar qui est équipé de canaux d'irrigation bétonnés et autoportés jusqu'au niveau des parcelles.
Le projet est financé par la Banque africaine de développement (BAD), à travers des prêts initiaux FAD de 10 millions d'UC et OPEP de 8,8 millions USD, clôturés en décembre 2008, et un prêt supplémentaire FAD d'un montant de 15 millions d'UC, qui se clôturera en décembre 2015. Le prêt supplémentaire permettra de financer la construction d'une nouvelle prise d'eau, en remplacement de la prise existante qui menace de rompre. Cette reconstruction offrira la possibilité, d'une part, de sécuriser la production rizicole et d'autre part, de réaliser ultérieurement une extension importante du périmètre de Bas Mangoky estimée à 15 000 ha. Une avance sur prêt de 500 000 UC a ainsi été accordée par la Banque, en 2012, pour l'étude de cette extension. De plus, suite au passage du cyclone Fanele, la Banque a accordé, en 2009, un don d'urgence d'un million USD afin de réparer les dégâts sur la digue de protection du périmètre.
L'objectif du Projet initial était l'augmentation de la production en riz par la mise en valeur intensive, et en double culture annuelle de 5 850 ha. Les activités techniques du Projet sont groupées en quatre composantes, à savoir : la composante A, « Réhabilitation du périmètre » ; la composante B, « Appui à la mise en valeur du périmètre » ; la composante C, « Désenclavement routier du périmètre » ; et la composante D, « Appui à la gestion du Projet ».
Principaux résultats
Les principaux travaux de réhabilitation entrepris dans le cadre du projet ont concerné :
une prise d'eau dimensionnée pour 14 m3/s ; un avant-canal de 4,1 km équipé d'un dessableur et d'engins de dessablage et un canal d'amenée de 14,5 km qui a une capacité de 10 m3/s ;
un réseau d'irrigation constitué de 30 km de canal principal, 74,5 km de canaux secondaires ; 59 km de tertiaires et 459 km de quaternaires ;
479 équipements hydromécaniques de régulation de débit de façon automatique ou à commande manuelle ;
727 km de réseau de drainage ;
39 km de digue de protection du périmètre.
Pour assurer la gestion de l'eau et l'entretien des équipements du périmètre au niveau des secteurs, les 6500 riziculteurs du Bas Mangoky se sont organisés en 22 Associations des usagers de l'eau (AUE). La gestion de l'eau et l'entretien au niveau des grands ouvrages communs sont gérés par la fédération de ces AUE. Dans le cadre des appuis fournis par le Projet, 800 responsables des AUE et de leur fédération ont bénéficié de renforcement de capacités technique et organisationnelle.
A travers des groupes de contact non formels constitués au niveau des villages, le projet a diffusé au moyen de parcelles de démonstration de nouvelles techniques culturales en fonction des variétés cultivées et de la fertilité du sol. La mise en place d'une antenne de financement rural dans le périmètre a permis de faciliter par des prêts l'acquisition par les agriculteurs de matériels agricoles (mini-tracteurs, charrues et sarcleuses), d'intrants (semences certifiées et engrais) ainsi que de pesticides. Plus de 64 coopératives regroupées dans cinq unions et une fédération ont été constituées dans diverses spéculations (production de semences de qualité, utilisation de greniers communautaires villageois, production de pois de cap, ...).
Impacts
Avant la réhabilitation, la surface cultivée par saison était d'environ 1 200 ha par an. Après la réhabilitation, l'obtention du débit nécessaire de 10 m3/s en tête du périmètre est devenue possible lorsque les canaux sont dessablés. La surface totale obtenue après la réhabilitation est de 5 000 ha.
Le rendement moyen en riz du périmètre qui était de 2,5 t/ha a atteint 6 t/ha en fin de Projet. Plusieurs années de suite, des paysans du Bas Mangoky ont été primés lors du concours agricole organisé par la Présidence de la République et le Ministère de l'Agriculture, avec un rendement moyen de parcelle de 12,5 t/ha. Plus de 245 agriculteurs ont évolué en petits entrepreneurs ruraux spécialisés en riziculture avec l'atteinte d'un rendement minimum de 8 t/ha. La production additionnelle atteinte en fin du projet initial est de 38 000 tonnes, ce qui dépasse les prévisions initiales qui étaient de 35 580 tonnes.
Pendant le projet initial, la propriété foncière a été sécurisée à travers le bornage de 5 700 ha de terres et l'établissement de plus de 5 000 titres fonciers individuels au nom des paysans qui les mettent en valeur. Ce qui motive les nouveaux propriétaires fonciers à la préservation des terres acquises ainsi qu'à leur mise en valeur plus rationnelle.
Pour assurer la pérennisation des acquis du Projet, une association faîtière regroupant les AUE et leur fédération, les coopératives et leurs unions et fédération, les opérateurs économiques et les organismes de développement et ONG opérant dans la zone du périmètre appelée Association du Périmètre du Bas Mangoky (APBM) a été mise en place. Elle a pour mission de coordonner et de piloter les activités de mise en valeur et de développement en général du périmètre du Bas Mangoky.
Conclusion
Avec la construction de la nouvelle prise d'eau, le périmètre qui enregistre des résultats très satisfaisants avec des rendements moyens de l'ordre de 6 t/ha sera consolidé en tant que grand centre de production rizicole et jouera un rôle de plus en plus important dans la sécurité alimentaire du pays.