« L'Afrique peut jouir d'un avenir radieux et a le potentiel de devenir le prochain marché émergent d'ici la fin de cette décennie... De plus, les perspectives de croissance à long terme du continent sont bonnes, propulsées à la fois par les tendances externes de l'économie mondiale et par les changements internes dans les sociétés et les économies du continent. »
C'était le message partagé par la Banque africaine de développement, le vendredi 2 novembre, jour de clôture de la septième Conférence économique africaine qui se déroulait à Kigali, au Rwanda.
Au nom de la Banque, un des organisateurs de la conférence, Mthuli Ncube, vice-président et économiste en chef de la BAD, s'est appesanti sur plusieurs questions, apportant une vue d'ensemble des présentations clés de cette conférence. Selon lui, l'Afrique possède des réserves de ressources naturelles parmi les plus abondantes au monde et dont beaucoup n'ont pas encore été exploitées. Il ne s'agit pas seulement de minerais et de pétrole, mais également des nombreuses possibilités en termes d'énergie propre. M. Ncube a fait remarqué que l'Afrique est le plus jeune continent de la planète et que si elle investit dans l'éducation et la formation en vue de développer le potentiel de sa jeunesse, elle pourrait devenir une des économies les plus dynamiques et productives.
Relier la croissance inclusive et le développement durable à la démocratie
Interrogé sur la manière dont le continent pouvait atteindre les objectifs de développement durable inclusif en l'absence de démocratie dans certains pays, le professeur Ncube a mentionné les événements politiques qui ont mené à des révolutions et des vagues de mécontentement dans un certain nombre de pays. « L'Afrique ne peut pas se développer sans la démocratie, qui constitue une condition préalable pour améliorer la gouvernance et gérer les tensions ethniques qui entravent et frustrent les efforts de développement africains. Il a fait remarquer que la démocratie électorale s'institutionnalise dans plusieurs pays africains, agissant comme une force puissante en faveur du développement et de la croissance économique, ajoutant qu'il existe une interaction entre la démocratie et le développement.
L'économiste en chef a fait référence au Botswana et à l'Île Maurice comme étant les deux « seuls » pays africains à vivre en démocratie et en paix depuis leur indépendance et à enregistrer une performance de développement relativement bonne depuis ces trois dernières décennies. « Les pays africains qui se sont démocratisés au cours des années 90 ont vu leur développement progresser, alors que les pays persistant dans un modèle semi-démocratique ou autocratique ont réalisé collectivement une performance beaucoup plus médiocre et ont continué de reculer » affirme-t-il.
L'Afrique émergeant comme une force dans l'économie mondiale
La paix durable, la démocratie, la stabilité politique, la promesse de réformes et les politiques de libéralisation du commerce et des marchés peuvent amplifier l'impact des forces déjà à l'oeuvre pour modeler le terrain économique, politique et social du continent. Si ces tendances se poursuivent, l'Afrique émergera dans les années à venir comme une force majeure dans l'économie mondiale - une place où la participation ne dépend plus principalement de l'aide et des sentiments humanitaires, mais plutôt où les opportunités économiques et le potentiel d'avantage mutuel forment la base non seulement d'un nouveau contrat social entre les gouvernements africains, les entreprises et la société civile, mais aussi de véritables partenariats entre l'Afrique et ses partenaires internationaux.
Les débats ont également porté sur la croissance et l'emploi des jeunes. Selon le Pr Ncube, les jeunes Africains se retrouvent exclus du marché du travail et de l'économie formelle et sont confrontés à un chômage croissant. Ceux qui travaillent sont fréquemment marginalisés ou forcés de travailler dans le secteur informel où ils subissent de mauvaises conditions de travail. Par conséquent, à moins de trouver une façon de promouvoir la croissance inclusive, la croissance peut devenir une source d'instabilité.
L'économiste en chef de la BAD a également affirmé que le continent a besoin de politiques qui maximisent son avantage comparatif et entraînent les changements structurels nécessaires dans ses économies, tout en investissant beaucoup plus dans sa jeunesse et dans l'infrastructure matérielle et immatérielle nécessaire à la croissance. « Le continent a besoin d'institutions qui soient capables et réactives et de leaders politiques, de chefs d'entreprise et représentants de la société civile qui soient prêts à se comporter de manière démocratique et responsable. »
Quelle est la prochaine étape ?
Clôturant les débats, l'économiste en chef de la BAD a souligné que le principal défi de la CEA 2012 concerne la manière de promouvoir une croissance qui permette à tous de participer à son amélioration et d'en tirer avantage. En d'autres termes, bien que la croissance soit une condition nécessaire à la réduction de la pauvreté, elle ne suffit pas. "Une croissance économique qui n'est pas équitable, généralisée et qui ne génère pas d'emplois et d'opportunités pour les femmes et les jeunes ne peut se maintenir," conclut le Professeur Ncube.