La zone euro demeure le principal partenaire commercial des pays de la zone franc, se taillant une très large part (plus de 70 % des échanges) dans la moitié des 14 pays que compte celle-ci. L'appartenance à cette zone franc a pour avantage de contenir l'inflation sur le long terme.
La monnaie commune a également servi de socle à une intégration régionale dotée d'institutions solides. Cependant, au vu des autres pays africains, les pays de la zone franc sont moins compétitifs sur les marchés internationaux, et semblent moins bien armés pour contrebalancer certains chocs exogènes, ce qui explique en partie leur faible taux de croissance.
Depuis 2003, du fait de l'appréciation de l'euro par rapport au dollar, le FCFA (franc CFA) s'est progressivement apprécié par rapport au dollar. La courbe de mésalignement du FCFA semble étroitement liée à celle du taux de change euro/dollar, excepté en cas d'augmentation des prix des principaux produits de base exportés par chacun des pays.
Cet article a pour objectif majeur de vérifier en quoi sont fondées les rumeurs de dévaluation du FCFA, qui ont commencé à courir à la fin de l'année 2011. Nous utilisons le cadre d'analyse de Combes et Plane (2007) et Couharde et al. (2011), pour calculer le taux de change effectif réel d'équilibre et le pourcentage de mésalignement du FCFA par rapport à cette valeur d'équilibre. Sur la période 2001-2011, nous confirmons une tendance à la surévaluation du FCFA, qui a alimenté les rumeurs.
En 2011, la moitié des pays de la zone franc (Bénin, Burkina Faso, Congo, Guinée Bissau, Guinée équatoriale, Mali et Niger) était en situation de surévaluation réelle. En revanche, nous concluons qu'il n'y a pas lieu de procéder à une dévaluation immédiate du FCFA, le mésalignement n'étant pas très important, tandis qu'un tel choc aurait des effets néfastes sur les économies, comme cela fut le cas lors de la dévaluation de 1994.
Par ailleurs, la tendance à la surévaluation risque de perdurer, en raison des mauvaises performances économiques en Europe. Elle devrait conduire les autorités monétaires de la zone franc à s'interroger sur l'avenir de leur régime de changes fixes, assujettit à l'avenir incertain de la zone euro. Cet article recommande l'adoption d'un régime de changes fixes mais ajustables, doté de règles précises, transparentes et connues d'avance.