Muhammad Yunus, fondateur de la Grameen bank et prix Nobel de la paix en 2006, a délivré un message d'espoir aux Tunisiens, lors de la conférence nationale qui s'est tenue à l'IHEC à Carthage, le 13 mars 2013. Cette conférence a été organisée par le Département du développement humain de la BAD et Yunus Social Business, en partenariat avec le réseau Global Shapers et l'opérateur Orange.
« Face à la force de la créativité humaine, aucun problème ne peut rester irrésolu », a déclaré le professeur Yunus, évoquant le taux de chômage élevé en Tunisie, et mettant l'accent sur le potentiel du capital humain en Afrique.
« On peut créer un monde sans pauvreté, sans chômage, un monde tel qu'on le souhaite ! », a-t-il insisté, en soulignant la nécessité, pour les jeunes, de développer leur créativité et des compétences entrepreneuriales.
Plus de 500 participants d'horizons divers (membres du gouvernement, d'agences de développement, d'ONG, des représentants d'entreprises tunisiennes et internationales, et de la société civile) ont échangé toute la journée, et ainsi pu réfléchir à des idées concrètes de social business en Tunisie. Plusieurs projets impulsés grâce au financement de l'initiative "Souk Attanmia" ("marché pour le développement " en arabe) ont été présentés. Diffusée en temps réel sur Internet, la conférence a pu également être suivie par quelques centaines de personnes dispersées à travers le monde.
La BAD et le Yunus Social Business ont lancé à cette occasion un programme intitulé "Mouvement global du social business en Afrique" (dit "HSBM" en anglais), qui compte des projets pilotes au Togo, en Tunisie et en Ouganda.Ce programme sera mis en oeuvre en deux phases. La première oeuvrera à sensibiliser et renforcer les capacités des acteurs clés du social business. La deuxième phase se chargera d'implanter et de mettre en oeuvre le Fonds d'incubation du social business en Tunisie et au Togo.
Ce programme s'inscrit dans le cadre de l'initiative conjointe sur l'emploi des jeunes en Afrique, impulsée par la BAD, la Commission de l'Union africaine, la Commission économique pour l'Afrique et l'Organisation internationale du Travail. Cofinancé par le gouvernement du Japon et la BAD, HSBM s'étend sur deux ans.
Cet engagement des parties prenantes tunisiennes est une base solide, sur laquelle la Banque africaine de développement et ses partenaires - le Yunus Social Business notamment - comptent bâtir le programme HSBM en Tunisie, à un moment où le pays a besoin d'une croissance pour tous, véritablement inclusive.
« Le développement inclusif est au coeur des priorités de la Banque africaine de développement. Le continent africain se prête parfaitement au développement de l'économie sociale », a déclaré Donald Kaberuka, président de la BAD.
Lors de la conférence, le professeur Yunus a rencontré les PDG d'importantes sociétés tunisiennes, telles que CONECT, Amen Bank, BIAT, Ben Jemaa Motors, Swicorp, Tuninvest et FENATEX.
Il a également échangé avec des étudiants et enseignants de l'IHEC, lors d'une séance spéciale, après son discours officiel, prononcé dans un amphithéâtre bondé - plus de 200 personnes étaient présentes. Muhammad Yunus a terminé sa visite à Tunis par une audience privée avec le Président Marzouki, qui a exprimé son intérêt et son appui à l'initiative.
Slim Khalbous, directeur de l'IHEC, et Didier Charvet, directeur général d'Orange Tunisie, ont saisi l'occasion pour lancer une chaire intitulée "Responsabilité sociale de l'entreprise" (RSE), destinée à faire progresser l'enseignement et la recherche en Tunisie.
Dans la foulée de cette conférence nationale en Tunisie, la Banque et ses partenaires organiseront deux autres conférences nationales cette année, le 16 mai 2013 au Togo puis le 20 Juin en Ouganda.
Ces trois pays ont été sélectionnés sur la base d'une évaluation de leur taux de chômage des jeunes. Si ces programmes pilotes sont efficaces, la BAD prévoit d'étendre le HSBM à d'autres pays africains. Les premiers investissements en Tunisie et au Togo sont prévus entre la fin 2013 et le début 2014.