Il ne peut y avoir de développement durable qui prenne en compte une large proportion de la population, pour ne pas dire la majorité, si la question de la formation ou du renforcement des capacités ne trouve pas une solution adéquate. C'est ce qui ressort d'un forum de discussions organisé le 27 mai à Marrakech, au Maroc à l'occasion des 48 èmes Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD).
Intitulé « Un milliard d'opportunités : Transformer le paysage du capital humain pour la croissance économique inclusive en Afrique », le panel a réuni des experts de la BAD et des autorités gouvernementales pour poser des diagnostiques, proposer des solutions ou échanger des expériences.
Au nombre de ceux-ci, le Chef-économiste de la BAD, Mthuli Ncube, la directrice du Département du Développement Humain de la BAD, Anges Soucat, le Secrétaire financier du ministère des Finances de Maurice , Ali Mansoor, et le Secrétaire général du Département de la formation professionnelle au ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle du Maroc, Jamal El Aloua. La modération était assurée par le Vice-président de la BAD, en charge des Opérations, Ali Abou-Saaba.
Les discussions se sont focalisées sur l'importance de la formation pour toutes les composantes de la population et notamment les jeunes. Il n'y a, a-t-on dit, qu'à travers une formation de qualité et appropriée à l'environnement, et notamment aux marchés, que les hommes et les femmes peuvent transformer leurs vies, leur environnement et partant leurs pays.
Pour Abou-Saaba, « Les pays doivent fournir tous les efforts nécessaires pour assurer une bonne formation aux populations.» Et d'ajouter que les nouvelles technologies de l'information et de la communication peuvent jouer un rôle majeur dans cette transformation des économies africaines. Les participants ont noté un déphasage entre les systèmes de formation hérités de la colonisation et les réalités du moment dans bien des pays.
Intervenant sur l'importance du capital humain, à travers la présentation de l'ouvrage à paraitre 'One Billion People, One Billion Opportunitees : Building Human Capital in Africa', Soucat a énuméré des pistes, qui si prises en compte, peuvent participer à une transformation durable. A savoir renforcer la redevabilité, assurer des filets sociaux et l'autonomisation et repenser le système éducatif.
Le Chef- économiste de la BAD a, pour sa part, établi un lien étroit entre la qualité du capital humain et la qualité des prestations de services dans les pays. Ncube estime qu'il faut maximiser le dividende démographique pour avoir un impact durable en matière de transformation des sociétés.
Les défis demeurent nombreux sur le continent, mais des exemples de succès existent et peuvent être partagés à travers la coopération sud-sud. C'est le cas de la formation technique au Maroc.
Le représentant marocain a évoqué le cas de son pays, où en matière de formation par apprentissage, 80 % de la formation se déroule au sein des milieux professionnels. Ce qui contribue à faire en sorte que les apprenants soient opérationnels dès leur arrivée sur le marché de l'emploi.
En outre, a-t-il dit, le Maroc a opté pour une véritable délégation de la gestion de la formation aux fédérations professionnelles et aux ONG. Ces approches ont fortement contribué à l'insertion des jeunes dans le tissu social. Quant au représentant mauricien, il a mis l'accent sur la nécessité du partage d'expériences à travers la coopération sud-sud et la mise en place de partenariats de formation avec des institutions comme la BAD.
La session des questions-réponses a essentiellement porté sur les thèmes de coopération internationale, d'intégration régionale et du rôle du secteur privé. Pour Dinehsh Sanghvi, chef du Groupe des institutions financières à la Standard Bank à Dubai, les banques privées doivent mettre en place des programmes sociaux, comme des bourses d'études et la fourniture de matériels informatiques dans les écoles afin d'apporter un plus à la formation des jeunes.