Participant aux Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Marrakech, au Maroc, le président rwandais, Paul Kagamé, a donné sa perspective de la transformation structurelle de l'Afrique. C'était au cours de la Session plénière des Séminaires.
Selon lui, il faut surtout mettre l'accent sur le développement du secteur agricole. « L'agriculture demeure la clé de voûte pour transformer les économies en Afrique, et elle doit être considérée comme une entreprise, car c'est un énorme marché qui permettra de créer des emplois et de rehausser le niveau des revenus en Afrique."
Comme pistes de solution, a-t-il dit, "il faut transformer le secteur agricole, le moderniser et développer des infrastructures. Il faut également mettre en œuvre des stratégies de développement sur le long terme. » En investissant dans l'agriculture, « nous améliorons la vie de milliers de personnes, assure le président rwandais. Je prends l'exemple de mon pays, le Rwanda. Entre 2011 et 2013 nous avons sorti 1 million de personnes de la pauvreté, » a-t-il poursuivi.
Le secteur agricole doit d'autant plus être pris en considération que dans 20 ans, « la main d'œuvre en Afrique sera la plus importante au monde. Les jeunes doivent donc être dotés de compétences. Si nous voulons que la population africaine soit notre première ressource, nous devons investir dans ce capital. »
Concernant la transformation du continent, Kagamé estime que cela « exige une mobilisation de capitaux très importants. C'est là que la Banque africaine de développement a un rôle à jouer, en finançant des projets et en nous apportant des conseils techniques. » Il estime également que la transformation de l'Afrique ne sera pas possible sans que « le système de gouvernance ne soit amélioré. Les dirigeants africains ont une responsabilité vis-à-vis de leurs populations auxquelles ils doivent rendre compte".
Parlant de la question du genre, il a indiqué que les femmes ne doivent pas être laissées de côté. » Cela n'a aucun sens que 53% de la population soit marginalisée. Cela est non seulement une question de logique, mais aussi de droits. Investir dans des projets portés par des femmes est toujours une très bonne chose."
Pour le dirigeant rwandais, il ne fait aucun doute que les Africains sont prêts pour le changement. Mais, ajoute-t-il, ils doivent élaborer leurs propres politiques et s'affranchir des puissances étrangères. "Pourquoi l'Afrique doit-elle- être constamment considérée comme le terrain de jeu des ex-colons ? Je voudrais dire à ceux-là ceci : nous voulons être considérés comme des partenaires et nous asseoir à la même table que vous". Kagamé a encouragé les Africains à faire leurs propres choix de développement. Il leur demande aussi de s'affranchir de la mentalité de victimes et d'être solidaires.