Quel rôle pour les institutions de financement du développement des Etats fragiles ? C'est autour de cette question qu'a tourné le forum organisé le 28 mai à Marrakech, au Maroc, dans le cadre des débats organisés en marge des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD).
Le forum, intitulé « Rôle des IFI dans le redressement et le développement des Etats fragiles » avait pour intervenant principal Serge Michailof, chercheur associé à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS) à Paris, France.
En introduction, James Wahome, économiste à l'Unité des Etats fragiles de la BAD, a planté le décor en présentant certains défis de développement et caractéristiques des Etats fragiles du continent africain. Ce sont des Etats en conflit ou sortant de crise, des pays ravagés par la guerre et où les populations manquent souvent de services sociaux de base comme l'eau, l'électricité et les soins de santé. Ces régions se caractérisent principalement par la faillite de l'Etat.
Dans ce contexte, comment aider au développement ? Le chercheur français a d'abord présenté l'exemple de l'Afghanistan, en crise depuis des décennies, pour ensuite explorer les possibilités de s'inspirer de ses expériences réussies ou d'éviter ses erreurs. L'Afghanistan a eu une histoire tourmentée, a une sécurité fragmentée, et est marqué par une absence criante de gouvernance.
Ses caractéristiques géographiques et sa composition ethnique ont contribué largement à sa fragilisation.
Les interventions de la communauté internationale et notamment celles des armées étrangères n'ont pas toujours été judicieuses, selon Michailof. Des caractéristiques qui se retrouvent également dans les pays fragiles d'Afrique.
Pour Michailof et les intervenants, le financement du développement et les interventions diverses ne seront susceptibles de porter des fruits dans les Etats fragiles d'Afrique, que dans un contexte de bonne gouvernance et de retour de l'Etat.
En la matière, le rétablissement de la sécurité fait partie des préoccupations majeures des populations, au-delà des services sociaux, estime le chercheur français, ancien responsable de l'Agence Française de Développement (AFD) et de la Banque mondiale.
A propos de la construction de l'Etat, Fatoumia Abdoulkarim Bazi de la Commission de l'Océan Indien estime « que la promotion de l'Etat doit primer sur les considérations ethniques ; même si l'on doit tenir compte des équilibres ethniques et régionaux qui sont des réalités dans les pays fragiles. »
Ce n'est donc que dans un contexte de gouvernance améliorée que des actions de relance de l'économie ou développement durable peuvent être engagées. Pour les participants, il faut que le pilotage de l'aide internationale soit stratégique et cordonné, avec des projets qui reflètent les préoccupations réelles des pays.
Selon Michailof la difficulté majeure en matière de développement est d'ordre politique. Il estime donc que les acteurs politiques doivent avoir de la vision pour leur pays et avoir des obligations de résultats.