Les pays africains commercent très peu entre eux, en comparaison avec les pays asiatiques et européens. L'une des raisons de ce constat est en partie due à la faiblesse de l'intégration régionale.
Alors, comment promouvoir les investissements intra-africains pour améliorer la compétitivité du continent? Quels sont les défis de l'intégration régionale?
C'est sur ces questions que des experts ont planché le 29 mai lors des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Marrakech au Maroc. Le thème de ce Forum était : "Promotion des investissements intra-régionaux en Afrique".
L'intégration régionale est la clé de l'avenir de la compétitivité du continent. Par conséquent, l'Afrique doit développer les investissements inter-africains, selon les panélistes qui ont étudié la question.
Or le commerce inter-africain n'est que de 15% sur tout le continent. Ce qui constitue un taux très faible comparé aux autres pays du monde. Pourquoi est-ce que le taux d'échange inter-régional est si bas en Afrique ?
Les raisons sont multiples, selon le Dr. Abbi Mamo Kedir, consultant en économie au sein de l'organisation School of management university of Lelcester. « Les pays africains sont confrontés au manque de capitaux, d'infrastructures et à la mauvaise gouvernance. Sans compter les taxes douanières qui coûtent très chers », a-t-il affirmé.
Ces problèmes de logistiques empêchent le commerce inter-africain de se développer. Le manque de compétence en ressources humaines est aussi un sérieux frein à la fluidité des échanges, a-t-il noté. Selon lui, « Le monde de l'entreprise a besoin d'une main-d'œuvre qualifiée. »
Pourtant des politiques de soutien existent dans le continent pour promouvoir les investissements intra-régionaux. Mais elles ne sont pas concrétisées, ont souligné les intervenants. Alors, quelles solutions ? Selon les panélistes, il faut avant tout réformer les politiques d'investissement pour promouvoir les échanges.
Le Maroc, qui est devenu un carrefour d'investissement dans la région en quelques années, a fourni des efforts dans ce sens, selon Youssef Rouissi, directeur général adjoint de la banque Attijariwafa. Selon lui, le Maroc s'intéresse de près au marché africain.
« Nous disposons de cinq banques dans plusieurs pays d'Afrique. De plus, les millions de consommateurs africains nous ont fait comprendre qu'on pouvait récupérer le marché de distribution de l'industrie agroalimentaire », a-t-il expliqué.
Toutefois, même si le Maroc effectue des investissements dans les pays du continent, 60% de son économie dépend encore de l'Europe, notamment de la France et de l'Espagne.
Face à ce constat, il est primordial que l'Afrique s'unisse si elle veut améliorer sa compétitivité sur le marché mondial, estime pour sa part le ministre ougandais de la Justice, Kahinda Otafiire.
« Jusqu'à présent, l'Afrique a toujours exporté des matières premières. Il faut qu'elle diversifie son marché et qu'elle construise par exemple ses propres voitures », a-t-il défendu.
A ses dires, l'Afrique du Sud qui a connu un essor économique très important ces dernières années peut atteindre un meilleur niveau de développement.
Mais, elle ne s'est pas suffisamment imposée sur le marché africain alors qu'elle a le potentiel pour le faire. « C'est la preuve qu'on ne pourra pas parler de croissance en Afrique tant qu'on aura pas développé l'intégration régionale », a assuré le ministre.