Il faut doper la concurrence dans le secteur financier africain. Tel est l'impératif au cœur de l'ouvrage « La Finance en Afrique : au-delà de la crise », publication conjointe de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale, qui a été présentée le 29 mai 2013 à Marrakech, à l'occasion d'une réunion consacré au "Dialogue sur le secteur financier au Maghreb", organisée en marge des Assemblées annuelles de la BAD.
L'ouvrage se fonde sur les plus récentes données disponibles pour exposer les nouvelles tendances du secteur financier en Afrique, il documente les évolutions marquantes, et illustre tant les échecs que les succès qu'a connus ce secteur dans le but d'« améliorer nos connaissances et de les mettre à jour », a expliqué Issa Faye, chef de division à la BAD et co-auteur de l'ouvrage.
Le secteur financier est confronté à de nombreux défis en Afrique, selon Issa Faye qui a évoqué le faible taux de bancarisation surtout en milieu rural, ou encore la forte variabilité des capitaux entre les différents pays africains.
M. Faye a préconisé que l'on place le consommateur de services bancaires au cœur des stratégies de développement du secteur, et que la concurrence entre les diverses banques puisse jouer afin d'améliorer l'offre en faveur des utilisateurs. Ce renforcement de la concurrence passe par la mise en place d'une législation idoine qui est rarement actualisée dans la plupart des pays africains, notamment en ce qui concerne par exemple la sécurisation de l'épargne des particuliers.
Un bon exemple du volontarisme politique qui peut permettre un développement sain du secteur bancaire se trouve au Maroc qui « depuis 1991 connait un processus de réformes ininterrompu », a affirmé Lahbib El Idrissi Lalami, adjoint du directeur du Trésor et des Finances extérieures du Maroc.
Ces réformes sont basées notamment sur l'accès au financement des particuliers, a-t-il expliqué en substance, décrivant par exemple l'évolution du micro crédit au Maroc qui, en dix ans, a élargi sa clientèle - proche du million - et atteint un capital de 4 milliards de dirhams (467,051,483 USD).
Toutefois, le secteur financier au Maroc a connu quelques disfonctionnements ces dernières années. Afin d'y remédier, un nouveau projet de loi bancaire a été proposé pour remplacer celui de 2006, qui encadre les banques participatives.
Al Barid Bank (la Banque postale) a également été créée en 2007, afin d'élever le taux de bancarisation au Maroc, alors inférieur à 30 %.
Selon Mohamed El Moussaoui, membre du directoire d'Al Barid Bank, « la banque cible la population à revenus modestes, s'inscrivant dans une politique qui exprime la volonté nationale de développer la bancarisation. Résultat : « le taux de bancarisation au Maroc a atteint 55% en 2010 », a-t-il précisé.
Le Maroc souhaite par ailleurs développer son réseau bancaire en Afrique sub-saharienne et a déjà entamer son expansion commerciale dans cette région, notamment sur la base de partenariats avec d'autres pays africains, a expliqué Lamia Marzouki, directrice de la stratégie de partenariat de la nouvelle plateforme financière lancé par le Royaume chérifien : Casablanca Finance City.
«Nos économies africaines sont de taille réduite. Nous avons besoin de nous harmoniser et de travailler ensemble pour atteindre une masse critique qui puisse nous permettre de biper sur le radar du marché international et pouvoir présenter une zone homogène », a souligné Mme Marzouki.